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Est-ce plus sain de manger bio?

Nous consommons de plus en plus de produits bio. Un geste profitable pour notre planète. Mais est-ce aussi bénéfique pour notre santé? On fait le point avec une toxicologue et une diététicienne.

Aucun doute, consommer bio et local fait du bien à l’environnement: nous diminuons notre empreinte carbone et luttons contre la pollution. Mais ce choix est-il significativement meilleur pour la santé? La réponse est difficile à trouver puisque les études fiables manquent, aujourd’hui encore.

Mais selon Alexandra Gatel, diététicienne à Bruxelles, il semble malgré tout qu’une tendance en faveur de l’alimentation bio se profile. Une observation qu’il faut néanmoins confronter aux réalités socio-économiques des Belges: “On ne peut nier que manger sans pesticide ou autres produits chimiques est forcément meilleur pour notre santé. Mais c’est assez difficile à prouver, puisque ce sont les catégories socio-économiques les plus aisées qui ont tendance à consommer bio, et qu’elle adopte, d’une manière générale, un mode de vie globalement plus sain”, remarque Alexandra Gatel.

Des bienfaits très probables

Pour le Professeur Corinne Charlier, cheffe du Service de toxicologie au CHU de Liège, la corrélation entre bio et santé est difficile à établir scientifiquement, mais néanmoins probable: “Ce que l’on sait, c’est que lorsqu’on fait des dosages de résidus de pesticides dans le sang ou l’urine de la population, on en trouve beaucoup.

Une charge en résidus de pesticides qui se trouve terriblement réduite quand on soumet des familles à une alimentation exclusivement biologique pendant au moins un mois”, nous explique la toxicologue. D’autres études montrent que nombre de maladies – en particulier certains cancers et maladies neurologiques comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson – seraient en partie liées à la présence de résidus de pesticides dans l’organisme, nous précise-t-elle également. Sans oublier le fait que les pesticides jouent le rôle de perturbateurs endocriniens, en particulier lorsqu’ils sont combinés les uns aux autres: “En toxicologie, nous partons du principe que l’on doit faire tout ce qu’on peut pour réduire sa charge en pesticides… Et cela passe, en effet, par l’alimentation bio”, avance le Pr Charlier. “Mais aussi par nos choix environnementaux: éviter les prises antimoustiques par exemple, ou les anti-insectes en bombe”.

Moins de produits industriels

Pour Alexandra Gatel, il faut surtout faire attention à manger des produits qui ont été fabriqués de la manière la moins industrielle possible: “S’il est une chose démontrée, c’est que les aliments très transformés (biscuits, apéros salés, céréales petit-déjeuner, charcuteries, plats préparés…) ont un impact négatif sur la santé (obésité, diabète de type 2, certains cancers) dès que leur proportion excède 10% de ce que nous mangeons. Or, passer à une alimentation bio, cela signifie généralement se tourner vers des produits plus sains et plus simples. Même les aliments bio transformés tels que les biscuits le sont moins que les aliments industriels: seuls 48 additifs, d’origine naturelle, sont autorisés pour leur fabrication contre 300 dans la filière classique.

Les légumes bio, plus riches en antioxydants

Si les aliments bio contiennent moins de substances indésirables, ils contiennent aussi davantage de nutriments intéressants pour la santé, tels que les antioxydants, qui constituent un facteur de protection contre les maladies cardiovasculaires et les cancers. Pourquoi? Parce qu’un légume ou un fruit bio, au lieu d’être mis sous protection rapprochée notamment par l’utilisation d’engrais, doit se défendre seul face aux stress naturels rencontrés lors de sa croissance, ce qui l’amène à produire plus d’antioxydants. La viande et le lait bio peuvent quant à eux contenir davantage d’oméga 3.

Comment passer à l’alimentation biologique?

Si adopter une alimentation biologique est donc un choix qui sera bénéfique tant pour l’environnement que pour votre santé, il peut être difficile d’y passer du jour au lendemain. Raison pour laquelle la diététicienne nous conseille d’y aller petit à petit: “Je dirais qu’il faut commencer par tout ce qui est cru et non épluché: le raisin, les pommes, les fraises, les cerises, les nectarines… Ce sont des aliments qui ont un véritable potentiel nutritionnel, et dont il serait dommage de se priver. Idem pour les salades, poivrons, céleris, concombres. Par contre, en ce qui concerne les pommes de terre ou les autres légumes racines, c’est moins important car vous allez les éplucher et les cuire”.

Le deuxième type d’aliments à privilégier est, selon la spécialiste, les produits à base de céréales complètes. “Il est démontré que les céréales constituent l’aliment prioritaire pour augmenter l’espérance de vie en bonne santé. Or, comme les pesticides se trouvent surtout dans l’enveloppe des céréales, il est plus important d’opter pour la filière bio si on les consomme en version complète”, nous confie Alexandra Gatel, qui nous conseille de prendre également soin de les ranger dans des récipients hermétiquement fermés: “Les céréales bio sont plus fragiles, plus susceptibles de voir se développer certaines toxines ou des œufs d’insectes en cas de mauvaise conservation”.

Peut-on remarquer les effets rapidement?

Nous avons également demandé à la diététicienne si les effets du passage à une alimentation partiellement ou entièrement bio sont rapidement perceptibles en matière d’énergie et de santé. Selon elle, cela se voit surtout sur le long terme: “Le bio ne permet pas forcément de se sentir immédiatement en meilleure forme. En revanche, l’intérêt pour les produits bio s’accompagne en général d’un rééquilibrage alimentaire global: faire davantage la cuisine, acheter moins de produits industriels, consommer plus de fruits et de légumes.

En conséquence, le bien-être peut augmenter de manière rapide, avec moins de fatigue, moins de ballonnements, plus d’énergie, un meilleur transit et un meilleur sommeil, voire un meilleur équilibre psychologique. Des études suggèrent d’ailleurs un effet bénéfique de la suppression des aliments contenant des additifs sur les enfants hyperactifs. Passer à l’alimentation bio peut être vue comme une dynamique vertueuse, nous confie également Alexandra Gatel, à condition cependant d’y aller à son rythme et de ne pas perdre de vue le plaisir de manger.

Faut-il également choisir du vin bio?

“Si les analyses d’eau potable étaient faites sur les vins, 80% des vins non bio seraient considérés comme non potables”, rapporte Alexandra Gatel. Pour éviter les pesticides, opter pour les vins bio est donc une bonne idée… à condition de ne pas oublier que l’alcool est lui-même toxique. Pas plus d’un verre par jour pour les femmes et pas plus de deux pour les hommes, avec si possible deux jours d’abstinence par semaine. “D’un point de vue financier, si on cesse d’acheter en quantité les aliments industriels surreprésentés dans les supermarchés et qu’on va dans des boutiques bio où il y a du vrac, on finit aussi par s’y retrouver”, poursuit Alexandra Gatel.

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Texte: Lucie Colomb

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