Aujourd’hui, avoir un agenda bien chargé est valorisé socialement. © Getty Images/Maskot

Pourquoi on est si débordé(e)s?

Vous avez parfois l’impression que votre vie est une course contre la montre? S’il est vrai que nous sommes sursollicité(e)s, nous avons une part de responsabilité. Et donc la possibilité de ralentir.

Depuis les années 90, le monde ne cesse de s’accélérer. Les nouvelles technologies nous ont plongé(e)s dans une logique d’urgence, du “jamais tranquille” et d’absence de frontière entre vie privée et vie professionnelle. Mais quand est-ce que ça s’arrête?

Lire la suite du dossier: 7 conseils pour ralentir

Le stress monte en flèche

Travailler plus pour consommer plus, ne pas louper les séries dont tout le monde parle, faire du sport: pas évident de résister au culte de la performance actuel. Sans compter les voleurs de temps (embouteillages, réunions inutiles, réseaux sociaux, problèmes informatiques, paperasseries…) qui nous font perdre de précieuses minutes. Résultat: le stress est en constante augmentation. Au travail, dans la vie quotidienne et même pendant les périodes de temps libre! Selon une étude internationale de 2013, citée dans l’excellent Du calme! (voir ci-dessous), plus de 60% des personnes se disaient en effet stressées durant leurs loisirs également.

Dans le rush, donc importants?

On pourrait se croire victimes de cette société si rapide. Sauf que ce mode de vie, même si valorisé par la société, nous le choisissons au quotidien. “Aujourd’hui, expliquent Gaëtan Cousin et Konstantin Büchler dans leur livre Du calme!, la place du travail dans nos vies n’est pas seulement une question de nécessité économique, c’est aussi un choix sociétal. Nous peinons à élaborer de nouveaux modèles économiques, où le travail et le temps libre seraient distribués de manière plus équitable, par incapacité à nous détacher de l’idée bien ancrée de longues journées laborieuses”.

Il semble bien vu de faire des choses, d’avoir des journées chargées, de ne pas s’arrêter

En clair: il est actuellement de bon ton de travailler beaucoup. Et de s’agiter dans tous les sens: “Il semble bien vu, ajoutent les auteurs, de faire des choses, d’avoir des journées chargées, de ne pas s’arrêter. Certains psychologues et chercheurs en psychologie partagent l’idée que l’action, quelle qu’elle soit, est trop valorisée”.

Adeptes du busy bragging

À tel point que selon une étude réalisée en 2015 par l’agence de communication Havas, auprès de 10.000 personnes, 40% avouent faire semblant d’être beaucoup plus occupées qu’elles ne le sont. Un phénomène qui porte même un nom: le busy bragging. Pourquoi ce réflexe un poil absurde? Parce qu’une personne débordée est vue comme ayant une vie riche et intéressante, à l’inverse de quelqu’un qui aurait du temps libre, et donc pas de sollicitations, pas d’amis, pas de projets…

Mais il y a plus: avec l’affaiblissement du pouvoir de la religion, s’est ancrée la certitude que, puisqu’il n’y a pas d’au-delà à espérer, mieux vaut profiter au maximum des quelques décennies qui nous sont données. “Pour réussir leur vie, estiment Gaëtan Cousin et Konstantin Büchler, nos contemporains comprennent alors qu’il faut optimiser leur temps: apprendre le plus de choses possible, se divertir le plus possible, avoir une sexualité la plus épanouie possible, visiter le plus grand nombre de pays, avoir le plus grand nombre d’expériences insolites, et ainsi de suite. Cela pousse, bien sûr, au mouvement, à l’activité et à l’agitation”.

Nous fuyons tout ce qui peut sembler plat, terne ou lent

Et ce, d’autant plus qu’Instagram et compagnie relaient 1001 expériences plus excitantes les unes que les autres, créant l’angoisse de mener une vie moins importante et agréable que les autres (ça s’appelle le FOMO, on en parle ici). Nous voilà devenu(e)s accros à un nouvel idéal: l’ivresse d’une vie intense. “Nous fuyons tout ce qui peut sembler trop plat, trop terne ou trop lent. Nous avons peur de mener une vie inintéressante, fade”, précisent Gaëtan Cousin et Konstantin Büchler.

À l’encontre de nos besoins

Pour les auteurs, ce n’est pas la recherche occasionnelle d’intensité qui est dommageable, mais l’envie de vivre tout le temps de façon intense. “Plus nous faisons de choses dans un temps limité, moins nous avons le temps de les apprécier et d’en être pleinement conscients. Et plus le temps semble nous filer entre les doigts”.

Plus on en fait, plus le temps semble nous filer entre les doigts

Ils ajoutent que l’attention humaine n’est pas inépuisable: si elle est trop sollicitée, elle se fatigue. Et c’est bien là que le bât blesse, car cette course contre la montre moitié subie moitié choisie nous empêche de nous reposer, de contempler le monde, de nous mettre à l’écoute de nos émotions et d’être attentifs à nos proches. C’est paradoxal: à force de vouloir vivre intensément pour goûter au bonheur, nous obtenons l’effet inverse, nous éloignant de nous-mêmes et de nos besoins. Sans oublier qu’à l’heure du réchauffement climatique, cette agitation collective est bien peu compatible avec le bien-être de la planète. Alors, maintenant que nous sommes conscient(e)s des processus qui nous poussent à cette course contre la montre, si on décidait de se la jouer anti-conformiste et de lever le pied?

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