Syndrome de l'Intestin Irritable
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Syndrome de l’intestin irritable: 4 pistes à explorer

Douleurs, troubles du transit, inconfort digestif… le syndrome de l’intestin irritable touche de nombreuses femmes. Voici quatre pistes à explorer pour apprendre à vivre avec cette maladie chronique.

Diarrhée, constipation, crampes, douleurs, ballonnements, flatulences, borborygmes (bruits intestinaux), besoin urgent d’aller à la selle… Si le syndrome de l’intestin irritable (SII) n’a rien de glamour, il est pourtant auréolé de mystère: on n’en connait pas bien les causes. Mais il existe différents moyens pour atténuer les symptômes et espacer les crises.

Une maladie qui gâche le quotidien

Le syndrome de l’intestin irritable, aussi appelé syndrome du côlon irritable ou colopathie fonctionnelle, est au quotidien un véritable empêcheur de tourner en rond qui altère la qualité de vie: réduction des activités sociales, absentéisme, régime alimentaire spécifique, etc. Le SII se développe souvent de manière progressive chez les adolescents et les jeunes adultes. Il touche environ 15% de la population mais les femmes sont 2 à 3 fois plus touchées que les hommes, et leurs symptômes sont aussi plus prononcés pendant les règles. Attention toutefois à ne pas confondre le SII avec une endométriose, maladie gynécologique qui provoque également des douleurs au niveau abdominal et parfois des troubles du transit.

Une maladie mystérieuse

On ne connaît pas exactement la cause du SII: il pourrait être lié à un déséquilibre de la flore intestinale, à des antécédents d’infections gastro-intestinales ou encore à un taux anormal de sérotonine (neurotransmetteur jouant un rôle important sur l’humeur) dans le tube digestif. Au niveau fonctionnel, les différents symptômes sont provoqués par un passage trop lent ou au contraire trop rapide des aliments dans le côlon (aussi appelé gros intestin). Lorsque le côlon se contracte de manière rapide et excessive, il ne peut absorber l’eau contenue dans les aliments, provoquant des diarrhées. À l’inverse, lorsqu’il ne se contracte pas assez, il absorbe trop de fluides et provoque de la constipation. Cette altération du processus digestif cause douleurs et crampes importantes. Le SII est une maladie chronique: il existe donc des périodes de “crise” mais aussi d’importantes périodes de rémission, surtout avec une prise en charge adéquate, de préférence multi-disciplinaire: adaptation du régime alimentaire, médicaments, ostéopathie, kiné, psy ou hypnose, relaxation…

1. Réduire la consommation des FODMAP

“Il est possible de prescrire des médicaments pour soulager les symptômes, mais ceux-ci n’ont qu’une efficacité limitée”, explique le Pr Hubert Louis, chef du service de gastro-entérologie à l’hôpital Erasme. Antidiarrhéiques et laxatifs osmotiques (qui retiennent l’eau dans les intestins) sont utiles mais insuffisants sur le long terme. Il faut donc intervenir en premier lieu au niveau des habitudes alimentaires. “Il est conseillé d’éviter l’alcool, les épices, la caféine, les plats trop riches et trop gras, les fibres en quantité excessive”. Il faut aussi essayer de manger à heures fixes et en prenant son temps et en mâchant bien les aliments. De nombreuses études pointent aussi le rôle des fodmaps, ces aliments riches en dérivés sucrés comme le fructose, les oligosaccharides, les disaccharides, etc. Les fodmaps se retrouvent dans certains fruits (pomme, poire, pêche, melon…), légumes (asperge, poireau, betterave, choux, artichaut, céleri…) et céréales (seigle, avoine, blé, orge). Il n’est pas rare qu’une intolérance aux fodmaps soit associée à une intolérance au gluten et/ou au lactose. “On peut essayer pendant 4 à 6 semaines de réduire la consommation de ces aliments pour voir si les symptômes s’améliorent”, précise le Pr Hubert Louis. Ce régime “test” doit se faire en collaboration avec le médecin gastro-entérologue ou allergologue. Fuyez les tests “IgG “que pratiquent certains professionnels peu scrupuleux: ils n’ont aucune validité scientifique car seul le dosage des anticorps IgE donne des informations sur les allergies. Le dosage des anticorps IgG indique simplement que notre corps a déjà été en contact avec un aliment, mais pas qu’il est intolérant à cet aliment! “À force d’exclure progressivement des aliments, le risque est de se retrouver amaigri avec des carences importantes”, met en garde le professeur Hubert Louis.

2. L’ostéopathie pour rétablir une mobilité digestive

Des études de plus en plus nombreuses démontrent par ailleurs les bienfaits de l’ostéopathie dans le SII. “L’ostéopathie vise à restaurer les pertes de mobilité”, explique Laura Maroye, ostéopathe à l’hôpital Erasme. “On sait qu’il existe une dynamique viscérale liée à la respiration. Par une approche manuelle, on va donc travailler au niveau du diaphragme qui, lorsqu’il monte et descend, brasse les viscères”. L’ostéopathe travaille également au niveau du cadre osseux (sacrum, os iliaque, coccyx…) qui représente le “contenant” de notre système digestif. “On travaille aussi au niveau des fascias, ces tissus conjonctifs qui entourent les viscères. Ce sont eux qui assurent la mobilité des structures, leur glissement les unes sur les autres. Les fascias assurent la transmission des forces, mais ce sont aussi des récepteurs douloureux”, précise Laura Maroye. L’ostéopathie permet également de travailler la posture qui, de manière surprenante, peut avoir des répercussions sur la digestion. “Quand on a une posture ‘avachie’, on laisse moins de place au diaphragme qui perd donc en mobilité”.

3. La kiné pour réguler le transit

En complément de l’ostéopathie, l’approche kinésithérapique permet de restaurer une bonne fonction au niveau du transit et de l’évacuation des selles car, dans le SII, il existe parfois des mécanismes d’inhibition du sphincter. “On utilise pour cela des techniques de biofeedback au niveau du plancher pelvien, comme on le fait pour lutter contre les pro- blèmes d’incontinence”, explique le Pr Hubert Louis. La kiné est aussi très utile pour retrouver une respiration abdominale optimale et apprendre certaines techniques d’auto-massage pour soulager les douleurs et réguler le transit.

4. L’hypnose pour diminuer les douleurs

Le SII apparaît le plus souvent dans un contexte de stress et d’anxiété, qui peuvent eux-mêmes augmenter en raison de la douleur chronique. Le suivi par un psychologue peut donc être d’un grand secours, de même que la relaxation, la méditation ou l’hypnose. “Plutôt que de travailler sur les symptômes, l’hypnose permet de développer la partie saine de l’individu. En faisant baisser la souffrance émotionnelle, on parvient à abaisser le seuil de la douleur”, explique Luc Evers, hypnothérapeute à l’hôpital Erasme. En 4 à 6 séances, l’hypnothérapeute enseigne au patient des techniques d’auto-hypnose qui lui permettent de mieux gérer ses douleurs au quotidien, en toute autonomie. “Nous avons tous en nous une capacité d’auto-hypnose. C’est celle que nous utilisons quand nous sommes ‘dans la lune’”, rappelle Luc Evers. Attention néanmoins: si l’hypnose est aujourd’hui intégrée dans certains services hospitaliers, la profession n’est pas protégée… gare aux charlatans. “Mal pratiquée, l’hypnose peut être dangereuse car elle amène un état de dissociation. Il faut donc pouvoir se réassocier ensuite. Demandez conseil à votre médecin”.

Pour aller plus loin:

  • prikkelbaredarm.be, un site d’informations sur le SII (également en français).
  • apssii.org, le site de l’association des patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable.
  • À lire: Plus jamais mal au ventre avec le régime Fodmaps, Dr Pierre Nys, édition Leduc.

Texte: Lucie Colomb

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