Confinement: comment soigner soi-même les bobos du quotidien?

En ce moment, on hésite à se rendre chez le médecin. Mais peut-on tout soigner soi-même? Voici les bobos qu’on peut prendre en charge à domicile… et ceux pour lesquels il vaut mieux se rendre chez le médecin.

Maux de têtes, troubles digestifs, brûlures… Quelques bobos peuvent troubler le quotidien sans forcément nécessiter une consultation. Voici comment les prendre en charge!

1. Coupures

• Vérifier la gravité: la gravité d’une plaie se juge à sa profondeur, sa localisation et aux circonstances de survenue. Une plaie nette, superficielle, sans risque infectieux (survenue dans un milieu propre) peut être traitée à la maison. Gare cependant à une plaie sur 
la main! Même de petite envergure, elle
 peut avoir endommagé des tendons.
 Une consultation est préférable.
• Comment la soigner? Premier réflexe: le nettoyage à l’eau et au savon. Le désinfectant n’est réellement utile, après le nettoyage, qu’en cas de risque infectieux important ou si la plaie dégénère après 4-5 jours. Second réflexe: choisir un pansement adapté, à changer une fois par jour afin de vérifier l’évolution de la plaie. Si la plaie est nette et peu profonde, la pose d’un strip est possible afin de refermer les berges. Ces pansements particuliers (qu’on trouve en pharmacie) doivent être laissés en place jusqu’à ce qu’ils se décollent.
• Quand consulter? On doit s’y résoudre si la plaie est profonde, souillée, étendue,
  localisée sur la main, le thorax, le visage, si elle ne guérit pas après 2 à 3 semaines, si elle est infectée (pus, douleur, rougeur, gonflement après 5 jours), si vous n’êtes pas vacciné contre le tétanos…

2. Maux de tête

• 
Vérifier la gravité: de petits maux de tête,
 ça arrive souvent. Céphalées de tension, petit virus débutant… le mal de tête est bien souvent un des premiers symptômes ressentis quand on tombe malade. Si vous êtes en bonne santé (pas de diabète, d’hypertension, d’antécédents d’AVC…) et que le mal semble gérable, vous pouvez y remédier.
• Comment le soigner? Le repos et l’hydratation seront vos meilleurs alliés. Trop souvent négligées, ces mesures non médicamenteuses ont pourtant une réelle efficacité. Dans un deuxième temps, le paracétamol est le meilleur des antidouleurs. Pour un adulte, sans problème de santé particulier, la dose est de 1g de paracétamol 3 à 4 fois par jour (intervalle de minimum 4h entre les prises – maximum 4g/jour !). L’huile de menthe poivrée diluée en application sur les tempes peut aussi vous soulager. Attention cependant de ne pas l’utiliser si vous avez une peau sensible, si vous êtes enceinte
 ou chez les jeunes enfants.
• Quand consulter? Vous devez consulter si votre mal de tête est intense, inhabituel, persiste malgré la prise d’antidouleurs ou s’aggrave, est associé à différents symptômes comme une hausse de tension, des difficultés à articuler, de fortes nausées…

3. Brûlures

• Vérifier la gravité: une brûlure peut être du 1er, 2e, 3e ou 4e degré. Le 1er degré (peau rouge, sèche, douleur vive) et le second degré léger (peau rouge, douloureuse, cloquée) sont les seuls stades que l’on peut traiter à
la maison. Pour des degrés de gravité plus élevés (cicatrisation difficile d’une brûlure légère, douleurs vives ou au contraire aucune douleur, peau blanche, brune ou noire…), 
une consultation urgente est nécessaire.
• Comment la soigner? Quelle que soit la gravité de la brûlure, un point commun: la règle 20-20-20. Laissez refroidir la brûlure endéans les 20 minutes (le plus rapidement possible en fait), pendant 20 minutes, sous un jet d’eau courante à 20°C. En effet, même après le retrait de la source chaude, la brûlure peut continuer. En plus d’apaiser instantanément, ce “cooling” permet “d’extraire la chaleur” des tissus brûlés et d’améliorer 
la microcirculation. Après le cooling, il faudra vérifier la gravité de la plaie. Différentes marches à suivre sont possibles. Si la brûlure est du 1er ou 2e degré léger, quelques jours 
de crème anti-brûlure cicatrisante et éventuellement application d’un tulle gras pour hydrater la lésion (disponible en pharmacie) suffisent. Si c’est plus grave, contactez vite le 112 ou le centre des brûlés le plus proche de chez vous (voir notamment sur brulures.be).
• Quand consulter? Il faudra rapidement consulter si la brûlure est plus large qu’une paume de main, est de cause chimique, électrique ou due à de la vapeur à haute pression, possède une localisation particulière (parties génitales, visage, articulations, voies respiratoires…), cicatrise mal, est indolore, circulaire… Si des signes d’infection apparaissent pendant les jours ou les semaines suivant l’accident (douleur, fièvre, exsudation purulente, mauvaise odeur…) ou encore si vous soupçonnez un degré plus important (2e degré profond, 3e ou 4e degré).

4. Diarrhée

• 
Vérifier la gravité: on parle de diarrhée lorsque les selles sont plus liquides et/ou plus fréquentes qu’à l’ordinaire. Ce trouble est d’habitude bénin et accompagné parfois de nausées, vomissements faisant penser
 à une pathologie gastro-digestive de type gastroentérite. Si elle semble gérable et ne dure que depuis quelques jours sans signe de gravité, vous pouvez la traiter.
• Comment la soigner? La première chose
 à faire est d’adapter son alimentation: boire beaucoup d’eau, manger léger sans graisse ni alcool (biscottes, riz, blanc de poulet, carottes cuites…). Les probiotiques vous donneront un bon coup de pouce pour restaurer votre flore intestinale perturbée. Les anti-diarrhéiques ne sont là que pour soulager
le symptôme et ne constituent pas un réel traitement à la diarrhée. On peut éventuellement en prendre si les symptômes sont inconfortables mais attention, car dans certains cas (lorsqu’une bactérie est impliquée), ils peuvent faire pire que mieux et “enfermer le loup dans la bergerie”. Un petit coup de fil à votre pharmacien ou votre médecin pourra vous aiguiller.
• Quand consulter? Si vous revenez d’un voyage à l’étranger (ce qui semble plus rare dans la période actuelle), si vous vous sentez très faible, avez une baisse de tension, des vertiges, si vous remarquez des glaires ou du sang dans vos selles, si vos selles sont noires, si la diarrhée devient chronique.

5. Maux de dents

• Vérifier la gravité: difficile d’évaluer la gravité d’une douleur dentaire. Si la douleur est tenable, vous pouvez éventuellement gérer les symptômes à la maison. On confond parfois une carie avec un hypersensibilité dentaire, moins problématique.
• Comment la soigner? La prise d’un antidouleur (paracétamol) peut vous soulager. En cas de pathologies particulières (hypertension, diabète, ulcères,…) et en ces temps
 de pandémie de Covid-19, les anti-inflammatoires ne sont pas recommandés. L’application de compresses froides ou d’un clou de girofle sur la dent douloureuse peut vous soulager. Les bains de bouche désinfectants et apaisants peuvent aussi être envisagés.
• Quand consulter? Si la douleur est intenable, que vous avez un mauvais goût en bouche ou que votre visage est gonflé, si vous avez de la fièvre… consultez sans attendre. En cas de doute, téléphonez à votre dentiste qui évaluera la situation avec vous. Rassurez-vous, les urgences dentaires sont toujours prises en charge.

Passez par la case médecin si…

• Plaie par perforation (la blessure peut être plus profonde et plus grave qu’il n’y paraît)
• Morsure (grand risque infectieux)
• Plaie qui dégénère (pus, douleur, gonflement, rougeur après 5 jours de traitement)
• Si malgré les recommandations et les médicaments, les symptômes s’amplifient…

Symptômes du Covid-19

Si vous présentez des symptômes de type toux, nez qui coule, fièvre, maux de tête, petites difficultés à respirer, ne vous rendez pas à la pharmacie ou chez votre médecin, appelez-les! Le risque de propagation de la maladie est trop important. Les spécialistes de santé sauront vous aiguiller selon vos symptômes et leur degré de gravité.

Plus d’infos:

• Boîte à pilules, boîte à surprises? Jean-Louis Brazier (pharmacologue). Un livre déjà ancien mais très bien fait et qui donne de bonnes infos toujours d’actualité sur la bonne utilisation des médicaments.
• Le site health.belgium.be/fr, ainsi que les sites des hôpitaux et des pharmacies qui sont des bonnes sources d’info.
• leblogsante.be

Merci au Dr Jérôme Cauvain pour sa collaboration à ce dossier.

Texte: Charlotte Costenoble, pharmacienne (leblogsante.be)

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