Une alimentation riche en oméga-3 pour lutter contre les maladies inflammatoires
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Maladies inflammatoires: la solution est dans l’assiette

L’explosion des maladies inflammatoires (articulations, peau, intestin…) serait-elle liée à une mauvaise alimentation? Une certitude: manger mieux permet souvent de diminuer la douleur chronique.

Psoriasis, eczéma, endométriose, syndrome de l’intestin irritable, fatigue chronique, fibromyalgie, diabète de type 2, maladies rhumatismales… Les maladies inflammatoires sont aujourd’hui légion, sans qu’on en comprenne exactement les causes. On soupçonne le stress 
de jouer un rôle majeur. Tout comme les polluants présents dans l’environnement. Mais ces maladies pourraient aussi être liées à ce que nous accomplissons trois fois par jour minimum: boire et manger!

L’inflammation, un processus en cascade

Mais c’est quoi au juste, une inflammation? Un processus en cascade, dans lequel les barrières protectrices sont transgressées les unes après les autres.
 La peau et les muqueuses qui tapissent 
le nez et la gorge constituent ainsi une première barrière naturelle contre les agressions extérieures. Si cette première ligne 
de défense est franchie, les agresseurs pénètrent dans l’organisme. Les cellules de l’immunité (lymphocytes B et T, monocytes, etc.) prennent alors le relais en intervenant directement sur le site de l’inflammation.
 À ce stade, l’inflammation est dite “vasculaire”: les vaisseaux sanguins s’élargissent pour permettre aux cellules de l’immunité d’arriver à bon port et ensuite d’évacuer
 les toxines. La rougeur et la chaleur sont des indices de ce processus inflammatoire.

Inflammation aigüe/inflammation chronique

Certains messagers de l’inflammation ont pour mission d’attirer des renforts, c’est-à-dire d’autres globules blancs. Ces médiateurs provoquent un œdème, soit le passage d’eau et de protéines des vaisseaux sanguins vers les tissus. Cet œdème provoque une sensation de douleur. “On entre alors dans la phase dite cellulaire. Sur le lieu de l’agression, les globules blancs se collent à la paroi”, explique le Dr Catherine Lacrosnière dans Prévenir et soigner l’inflammation. “C’est à partir de là que l’inflammation a deux façons d’évoluer.
 Soit le problème est résolu, la zone nettoyée et des molécules anti-inflammatoires terminent le processus inflammatoire. C’est le retour à la normale et l’épisode est qualifié d’inflammation aigüe. Soit il n’y a pas de phase de retour à la normale et l’inflammation devient chronique.”

Quand l’inflammation provoque une douleur chronique

L’inflammation chronique entraîne alors une “douleur chronique”, face à laquelle les médicaments antidouleur deviennent rapidement inefficaces. Cause d’absentéisme au travail, de dépression et de difficultés en cascade, ces douleurs sont le lot du 
Dr Frédéric Louis, algologue au CHC 
de Liège. Anesthésiste de formation, 
ce médecin s’intéresse depuis plus de vingt ans aux liens entre douleur chronique, inflammation et nutrition. Il y a même consacré un livre en 2015, La Nutrition Anti-inflammatoire – Douleur & Cancer, même combat! “Toutes les maladies douloureuses n’ont pas une origine nutritionnelle mais l’alimentation peut aggraver certains symptômes”, commente-t-il.

Mauvaise alimentation et microbiote

Une mauvaise alimentation, riche par exemple en sucres raffinés, pourrait influencer le terrain inflammatoire. “Ces sucres sont présents notamment dans les céréales du petit déjeuner, dans les sodas… Ils perturbent le microbiote, au même titre que les édulcorants, les conservateurs et les colorants”. Inutile donc de boire light ou de manger des plats préparés allégés: tant que c’est industriel, le problème demeure. “L’alimentation industrielle perturbe l’écosystème intestinal et l’équilibre entre les bonnes et les mauvaises bactéries. L’intestin devient alors poreux, se transformant ainsi en porte d’entrée à tout ce qui est toxique dans l’environnement et dans nos assiettes”.

Un déséquilibre intestinal qui influe sur la douleur

Les sucres raffinés ont aussi un effet délétère sur le foie. “Le foie s’engraisse et s’enflamme, entraînant ce qu’on appelle une NASH (Non-Alcoholic SteatoHepatitis, une stéatose hépatique non-alcoolique). 
Si on continue à mal s’alimenter, elle peut évoluer vers la cirrhose et même le cancer. La bonne nouvelle, c’est qu’au stade du foie gras, tout est encore réversible si on arrête les sucres”, encourage le spécialiste. Bien sûr, diminuer sa consommation de sucres n’est pas si facile. “Les études sur les souris montrent qu’il y a plus de dépendance au sucre qu’à la cocaïne, rappelle le Dr Frédéric Louis. Il faut donc y aller progressivement, mais on obtient à terme une réelle amélioration des problématiques inflammatoires chez les patients”. Avec des résultats palpables et parfois spectaculaires. “Quand on explique aux patients qu’un déséquilibre intestinal peut avoir une répercussion sur le stress et, de là, une répercussion sur la douleur, ils se disent que ça vaut peut-être la peine d’essayer!” Et le Dr Frédéric Louis de citer le cas de certains patients migraineux qui voient entièrement disparaître leur problème après avoir supprimé le lactose de leur alimentation.

Lire aussi: Suivez notre programme Un mois sans sucre pour être en forme physique et morale!

La solution: les oméga-3

Certains nutriments possèdent des propriétés anti-inflammatoires et jouent un rôle protecteur dans l’apparition des maladies inflammatoires. C’est notamment le cas des oméga-3, présents dans certaines “bonnes huiles” (huile de colza, de noix, de lin) et dans les poissons gras. De manière générale, adopter une alimentation “anti-inflammatoire” ne demande ni budget mirobolant, ni mesures sophistiquées. “Il ne s’agit pas de manger 100% bio. L’important est de manger des produits frais, non transformés, riches en fibres capables de tapisser l’intestin et de rétablir l’équilibre du microbiote”. Avec, selon les cas, un ajout de compléments alimentaires comme les oméga-3 ou le curcuma dont les effets anti-inflammatoires dans l’arthrose sont de plus en plus attestés. “Quand on regarde l’explosion des maladies de civilisation, à quoi cela correspond-il si ce n’est à la généralisation de l’alimentation industrielle?”, insiste encore le Dr Frédéric Louis. À l’heure du bio, du local et du flexitarisme, voilà l’occasion ou jamais de dire stop à la poussée inflammatoire en se mettant aux fourneaux.

Comment savoir si je souffre d’inflammation?

Le degré inflammatoire peut être évalué par une prise de sang, avec mesure de CRP (protéine C réactive). Cette prise de sang permet de vérifier que vous ne souffrez pas d’une maladie auto-immune, mais aussi de rechercher des déficits en vitamine C, D, B, en zinc, et en certaines hormones (thyroïde, cortisol, DHEA…), la présence d’une infection (hépatite, maladie de Lyme si piqûres de tiques anciennes ou récentes…), de même que des troubles du foie (NASH). Un test d’intolérance au lactose peut également être réalisé en même temps qu’une recherche d’anticorps contre la protéine du gluten (gliadine) et du lait (caséine). Ce bilan peut être réalisé par votre médecin généraliste.

La nutrition anti-inflammatoire

Feu vert:

  • Fruits et légumes
  • Herbes et épices
  • Sucres à faible index glycémique (pain complet, légumineuses…)
  • Oméga-3
  • Aliments non ou peu transformés, de préférence en version bio (café, un peu de vin, oléagineux, poissons gras, etc.)

Feu rouge:

  • Aliments riches en sucre à fort index glycémique (vous trouverez de nombreux tableaux sur Internet)
  • Fritures
  • Viande rouge et charcuterie
  • Aliments raffinés et transformés
  • Gluten en cas d’intolérance
  • Produits laitiers de vache (en cas de troubles articulaires notamment)

Aller plus loin: Prévenir et soigner l’inflammation, Dr Catherine Lacrosnière

Texte: Lucie Colomb

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