Choisir ou décider: quelle différence?
Au cours d’une journée, on fait des dizaines de choix, des plus infimes aux plus décisifs. Mais à quel moment décidons-nous vraiment? Et quelle différence entre faire des choix et prendre des décisions?
Lorsqu’Ariel – La Petite Sirène, oui – décide de conclure un marché avec Ursula pour conquérir l’homme dont elle est tombée amoureuse, elle saute dans le vide. Elle quitte tout ce qu’elle connaît, sa famille, ses amis, son quotidien sous l’océan, et sacrifie son plus bel atout, sa voix, pour tenter sa chance sur terre. Elle prend une décision à laquelle elle n’était, a priori, pas destinée. Cet exemple, certes naïf, illustre bien l’idée de la décision. Car entre choisir et décider, il y a une nuance essentielle: la notion de prise de risque et d’élan du cœur.
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Décider, c’est écouter son intuition profonde
C’est ce que Marie Robert explique sur son compte Instagram Philosophy is Sexy. “Choisir, c’est quand on établit des arguments solides, et qu’on choisit ‘en fonction’. Décider, et c’est ce qui est le plus intéressant dans la vie, c’est quand on écoute notre intuition profonde”. La philosophe française poursuit: “Dès que je dis Descartes à quelqu’un, la personne me dit ‘Ah oui, je doute donc je suis’, mais à travers cette pensée du doute, Descartes explique que la bonne décision, c’est celle que l’on ressent profondément”.
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Le choix raisonne, la décision actionne
Dans son ouvrage La confiance en soi, le philosophe et romancier Charles Pépin explore la différence entre ces deux mêmes notions. Sa conclusion? Le choix s’appuie sur des arguments, des critères rationnels, des avis collectés qui nous orientent. Là où la décision part davantage d’un élan personnel, d’un engagement malgré les incertitudes. “Décider, c’est bien plus que choisir, suggère-t-il. Choisir, c’est savoir avant d’agir. Décider, c’est agir avant même de tout savoir. Le choix raisonne, la décision actionne”. Pour le philosophe, la décision implique donc une notion de risque. On décide en s’écoutant soi. Par liberté.
Si un étudiant opte pour des études de droit plutôt que d’arts plastiques après avoir récolté des expériences et avoir pesé le pour et le contre de chaque option (débouchés, salaire, contenu des cours…), on est davantage dans le choix, vous l’aurez compris. Un peu comme lorsque vous choisissez une destination de vacances, en vous basant sur une série de critères objectifs (météo, budget, accessibilité en transports, activités pour les kids, etc.). Si vous lâchez une carrière d’avocate pour partir rejoindre l’amour, cela tient plutôt de la décision.
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Accepter de ne pas tout maîtriser
Dans la perspective de Charles Pépin, décider implique d’accepter que l’on ne peut pas tout maîtriser. De laisser une part à l’inconnu et au risque. Mieux encore: pour le philosophe, cette part de mystère est le piment essentiel de notre existence.
Nous oublions combien la vie serait terne si tout était certain, prévisible
“Nous sommes paralysés par l’incertitude parce que nous oublions combien la vie serait terne si tout était certain, prévisible. Bien sûr, nous pouvons nous tromper. Bien sûr, les conséquences peuvent être pénibles, mais cet aléa fait le sel d’une vie humaine. Si nous refusons la réalité de l’aléa, ce déni nous travaillera de l’intérieur en nous privant de notre lucidité, et de notre capacité à nous écouter”.
Les émotions, indispensables guides?
Suivre son cœur, son intuition, ses tripes… D’accord, mais est-ce seulement bien raisonnable de laisser nos émotions dicter nos décisions? S’il est plutôt communiqué que les émotions troublent notre lucidité, de nombreux courants philosophiques et neuroscientifiques défendent pourtant l’inverse. Dans son ouvrage La décision, le neurophysiologiste Alain Berthoz défend que “la préférence et l’émotion jouent un rôle essentiel dans les processus de décision”. Il ajoutait au micro de Radio France, dans le podcast Comment prenons-nous nos décisions?, que les émotions “participent aux mécanismes de prédiction de l’avenir, d’anticipation”. Et donc, qu’elles nous guident a priori pour prendre les meilleurs chemins, ceux qui répondent à nos besoins profonds.
Conclusion: pour avancer de manière sensée, recourrez aux pour et aux contre, mais n’oubliez jamais de vous écouter intimement, puisque le cœur a ses raisons, que la raison ignore.
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