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Comment prévenir la dépression prénatale et y faire face?

Par Tatiana Czerepaniak

Attendre un enfant est généralement perçu comme un moment de pur bonheur… Mais pour certaines futures mamans, la grossesse est synonyme d’angoisse et de tristesse profonde. Ce mal-être porte un nom: la dépression prénatale. Comment la repérer? On fait le point avec une experte en la matière.

Dans notre société où la naissance d’un enfant est le plus souvent désirée et programmée, nous avons tendance à penser que grossesse rime avec papillons dans le ventre. Or, dans 10 à 15% des cas, la joie de devenir mère est court-circuitée par la déprime et les idées noires. Cet état s’appelle la dépression prénatale. La cause principale de cette dépression est le changement hormonal vécu par la femme enceinte, qui peut influer sur ses connexions neuronales et amener un stress intense et de l’anxiété.

Les facteurs pouvant conduire à une dépression prénatale

Si n’importe quelle femme peut être sujette à cet état dépressif, certaines sont plus à risque que d’autres. Les facteurs de risque:

  • Avoir vécu une enfance difficile: deuil, placement en maison d’accueil, attouchements, parents malades, dépression d’un parent, éclatement de la famille, etc.
  • Avoir vécu un choc émotionnel avant ou pendant la grossesse: un accident, la mort d’un proche, un licenciement, une agression, un problème familial, etc.
  • Être isolée: vivre loin de sa famille pendant sa grossesse ou la vivre sans le père ou la co-parente, par exemple.
  • Traverser des difficultés: familiales, financières, de couple ou encore professionnelles.
  • Ne pas désirer la grossesse: être tombée enceinte sous contraceptif ou sans avoir programmé ni souhaité cette grossesse.
  • Avoir des antécédents dépressifs: avoir déclaré des épisodes dépressifs avant de tomber enceinte.

La reconnaître en 5 signes

La dépression prénatale ne saute pas forcément aux yeux. Elle a d’ailleurs tendance à s’introduire lentement dans la vie de la future maman. Mais il est possible de reconnaître une dépression chez la femme enceinte en étant attentif aux signes, en particulier si la future maman en accumule au moins deux ou plus.

  • Une tristesse inexpliquée: qui se traduit par une morosité inhabituelle, des pleurs incontrôlés, des crises d’angoisse, etc.
  • Un manque d’intérêt pour sa grossesse: la future maman ne s’intéresse pas à sa grossesse et ne met rien en place pour l’arrivée de son bébé.
  • Une fatigue intense et/ou un trouble du sommeil: un manque important d’énergie qui handicape la vie quotidienne.
  • Une perte d’appétit: voire le développement d’une mummyrexie, une anorexie de la femme enceinte dont nous vous parlions dans cet article.
  • Une sensation de solitude et/ou une perte de confiance en soi: la future maman se sent seule et a l’impression de ne rien faire correctement, elle pense qu’elle ne sera jamais une bonne maman et/ou que sa vie est sans intérêt.

Soyez attentifs à ces signes qui doivent vous alerter, que vous soyez la femme enceinte souffrant de ce trouble dépressif ou une personne de son entourage.

Que faire si l’on souffre de dépression prénatale?

Selon Brigitte Junker, psychopédagogue et spécialiste dans l’accompagnement des mères qui éprouvent des difficultés dans la construction de leur rôle maternel, il n’est pas rare que la grossesse soit éprouvante psychologiquement: “On peut facilement perdre nos repères et angoisser à l’idée de devenir maman. Cela peut également faire ressurgir de (grosses) blessures du passé”. Selon la spécialiste, il est cependant possible de prévenir la dépression.

Anticiper

Connaître les signes avant-coureurs et les prédispositions est essentiel. “Repérer ses fragilités aidera à être vigilant. Si on est au courant des risques, on peut mieux les prévenir et y faire face”.

Accepter et parler

Pour ne pas sombrer, il faut pouvoir reconnaître ce qui ne va pas. “Ne pas masquer ce que l’on ressent est primordial pour prévenir et limiter l’impact de la dépression prénatale.” Et parce que l’isolement est un facteur aggravant, Brigitte Junker conseille aux femmes sujettes à cet épisode dépressif de ne pas rester dans le silence. “Il faut s’entourer de personnes bienveillantes et non jugeantes, avec qui on pourra exprimer en toute confiance ce que l’on ressent. Cela peut être un membre de la famille, mais aussi un(e) spécialiste de la santé: sage-femme, psychologue, doula… Ce qui importe, c’est de se sentir soutenue et écoutée”. Il est important de comprendre qu’en l’absence de prise en charge, une dépression prénatale peut devenir, après l’accouchement, une dépression post-partum et s’aggraver, parfois de manière importante.

Déculpabiliser

Autre nécessité, toujours selon l’experte: ne pas se sentir coupable de ressentir ce genre d’émotions négatives. Car la culpabilité peut conduire ou intensifier ce passage dépressif.

Comment aider un proche?

Brigitte Junker nous rappelle qu’aujourd’hui encore, la maternité est idéalisée. De ce fait, lorsqu’une femme enceinte partage avec ses proches ses difficultés émotionnelles, ces derniers peuvent ne pas prendre au sérieux ce qu’elle dit. “J’entends beaucoup de femmes – que je sois en groupe de parole ou en consultation individuelle – me dire que lorsqu’elles parlent de leurs ressentis, leurs proches balayent cela avec des pseudo-conseils du genre ‘Ça va aller’, sans comprendre la détresse dans laquelle se trouve la future maman. Tout simplement parce que dans la tête des gens, grossesse rime avec bonheur”.

Pour aider une future maman, la spécialiste conseille de laisser de côté les généralités et de devenir une oreille attentive, une épaule sur laquelle on peut s’appuyer. “Pour être aidant, il faut être vraiment à l’écoute, sans jugement. Mais le rôle de l’entourage ne s’arrête pas là: il doit aussi repérer les signes de la dépression prénatale (en particulier si la future maman cache son mal-être) et faire le lien entre la femme enceinte et les spécialistes. Être présent aux rendez-vous, poser des questions… Une place qui ne revient pas qu’au futur papa, en particulier s’il n’est pas présent: l’accompagnant peut aussi être un(e) ami(e). L’important, c’est que la future maman se sente soutenue dans sa grossesse, quel que soit son parcours”.

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