18 prix nobels féminin contre 600 masculins
Au centre de la photo, Henrietta Leavitt, une astronome américaine. © Getty Images

Ces femmes scientifiques oubliées ont marqué l’Histoire

Par Justine Leupe

Quand on pense “Femme de sciences”, Marie Curie est probablement le premier nom, voire le seul, qui vient à l’esprit. Si la chimiste-physicienne a effectivement un parcours qui suscite l’admiration, d’autres ont largement contribué aux progrès du domaine.

Longtemps, la science a été l’apanage des hommes. Les femmes étant exclues des discussions intellectuelles – faute à leur “trop petit” cerveau – elles ne représentent que 1 à 2% des “grands savants” de l’Histoire. Pourtant, et c’est scientifiquement prouvé, nous ne sommes pas moins intelligentes que ces messieurs ni moins aptes à la pensée scientifique. Mais la féminisation des équipes de laboratoire traîne. Selon l’ISU, l’Institut des Statistiques de l’ONU, moins de 30% des chercheurs dans le monde sont des chercheuses. Elles sont donc moins publiées, moins payées et leur carrière progresse moins vite… Et on s’étonne qu’elles soient si réticentes à l’idée de faire carrière dans la science, la technologie, les maths et l’ingénierie? Filles, garçons et autres devraient pouvoir développer leurs talents sans les contraintes et injonctions liées au genre.

C’est ce qui a poussé l’ONU à déclarer le 11 février “Journée internationale des femmes scientifiques”, dont l’objectif est un accès égalitaire et une participation des femmes et des filles à la science. À commencer par un nécessaire changement de mentalités dans les écoles et les universités (avec plus d’exemples féminins dans les manuels scolaires), les foyers et les lieux de travail, mais aussi des changements institutionnels et des politiques ciblées.

La première: Marie la Juive

Vers –200 av. J.-C., Marie la Juive, considérée comme l’une des mères de l’alchimie, et qui aimait manipuler toutes sortes de substances en laboratoire, mit au point un dispositif ingénieux capable de les chauffer très longtemps sans risquer de les calciner: le bain-marie. C’est la première contribution notable d’une femme au progrès scientifique et technique!

Elles ont marqué l’histoire de la science

18, c’est le nombre de Prix Nobel attribués aux femmes depuis sa création en 1901. Un nombre peu conséquent lorsqu’on sait que les prix décernés aux hommes s’élèvent à 600. Pourtant, elles sont nombreuses à avoir fait avancer les sciences. C’est le cas des treize femmes qui suivent.

Hildegarde de Bingen, scientifique dès le Moyen-Âge

Hildegarde de Bingen est la seule femme “scientifique” du Moyen-Âge. Elle publia en 1158 une encyclopédie, sous-titrée Livre des simples médecines, bourrée d’informations sur les plantes médicinales. Plus tard, elle fit paraître Causae et curae (Causes et cures), véritable traité de médecine qui tente de déterminer les causes des maladies et leurs traitements possibles.

Émilie Duchâtelet et Laura Bassi, porte-parole de Newton

Première femme mathématicienne des temps modernes, Émilie Duchâtelet traduisit et commenta l’ouvrage magistral d’Isaac Newton sur l’attraction des corps (ou gravitation universelle). C’est grâce à elle que Voltaire, son amant, put faire connaître les idées de Newton en France. C’est aussi une femme, Laura Bassi, physicienne, qui introduisit la physique de Newton en Italie. Elle fut même la toute première femme à avoir enseigné à l’université (de Bologne). Elle éleva ses six enfants sans jamais cesser de travailler.

Maria Agnesi, celle pour qui les théorèmes n’ont pas de secret

Maria Agnesi est Italienne et est la deuxième mathématicienne, hyper calée en arithmétique, algèbre, géométrie… À 20 ans seulement, elle publia un ouvrage dans lequel elle étudie des questions de logique, de mécanique et de physique. Elle aurait pu devenir la première femme à enseigner à l’université en 1750, le pape lui-même voulait la nommer! Mais elle préféra se retirer dans un pieux isolement.

Ada Lovelace, la programmatrice hors pair

Ada Lovelace est une pionnière de la science informatique, elle est principalement connue pour la création, en 1843, du tout premier programme informatique, l’équivalent de nos logiciels actuels. Elle fut la proche assistante de Charles Babbage, le “père” de l’ordinateur.

Isala Van Diest, la belge qui a fait progresser la médecine

Première femme médecin de Belgique, Isala Van Diest est aussi la première femme universitaire belge. Mais le chemin ne fut pas de tout repos, elle dut se battre pour pouvoir étudier et obtenir son diplôme. Le recteur de l’Université catholique de Louvain lui suggéra de devenir sage-femme plutôt que médecin. Hors de question, répondit Isala, qui partit étudier en Suisse, puis travailler en Grande-Bretagne avant qu’un arrêté royal l’autorise enfin à exercer sur le sol belge, à 42 ans. Elle cofonda, avec les sœurs Popelin et d’autres féministes, la Ligue belge du Droit des Femmes. Rien que ça!

Vera Rubin, fan d’astronomie depuis l’enfance

Vera Rubin est une passionnée d’astronomie depuis l’âge de 10 ans. Elle passait son temps, enfant, à observer les étoiles à l’aide d’un télescope fabriqué par son père. 20 ans plus tard, elle passa sa thèse d’astronomie au Vassar College à New York, seule université qui accueillait les femmes à l’époque. Elle voua sa vie à l’étude des galaxies et de la matière noire (substance mystérieuse jusqu’alors inconnue: la révélation de son existence révolutionna la conception de l’Univers), tout en veillant à aménager ses horaires pour continuer à élever ses quatre enfants, tous docteurs en Sciences aujourd’hui.

Jocelyn Bell Burnell, l’étoile ignorée de la science

L’astrophysicienne britannique, Jocelyn Bell Burnell, est l’une des plus grandes scientifiques du 20e siècle. C’est elle qui découvrit le premier pulsar, à savoir le reste d’une étoile, et la preuve donc que lorsque les astres explosent, ils deviennent de minuscules étoiles à neutrons. Le mérite de ses recherches revint entièrement à ses collègues masculins, nobélisés. Ce déni du rôle des femmes – l’ “effet Matilda” – fut dénoncé par l’historienne américaine des sciences, Margaret Rossiter, il y a 30 ans.

Françoise Barré-Sinoussi, Docteure et présidente de Sidaction

Françoise Barré-Sinoussi, immunologue et virologue française née en 1947 à Paris, présidente de Sidaction. Elle participa à la découverte en 1983 du VIH, à l’origine du sida, et consacra sa carrière à la recherche d’un vaccin. En 2008, elle est colauréate, avec le Professeur Luc Montagnier pour le Prix Nobel. Ce dernier récompense leurs travaux sur la découverte du rétrovirus responsable du sida.

Rosalind Franklin, pionnière de la génétique

Docteure en Physique et Chimie, Rosalind Franklin découvrit la structure à hélice de l’ADN, grâce à sa célèbre “Photo 51”. Elle est la pionnière de l’histoire de la génétique moléculaire. Trois chercheurs ont utilisé ses travaux à son insu sans la citer, et ont ainsi obtenu le Nobel de médecine en 1962 pour cette découverte. Rosalind mourut à 38 ans d’un cancer des ovaires, causé par une surexposition aux rayons.

Henrietta Leavitt, à l’origine de la loi de Leavitt

Henrietta Leavitt est américaine et astronome à l’Observatoire d’Harvard, où elle était chargée de mesurer et classifier la luminosité des étoiles. En établissant le rapport période-luminosité, ou “loi de Leavitt”, elle permit aux astronomes de calculer les distances dans l’univers entre la Terre, les étoiles, et les autres galaxies. Elle est décédée en 1921 à 53 ans.

Williamina Stevens, de femme de ménage à astronome

Williamina Stevens est abandonnée par son mari alors qu’elle était enceinte. Elle se fit alors engager comme femme de ménage chez le directeur du Harvard College Observatory, lequel remarqua ses facultés intellectuelles peu banales, et l’invita à rejoindre son équipe de femmes engagées avec la tâche délicate (et fastidieuse !) de compter et classer les étoiles selon leur position, leur luminosité, etc. Williamina ne se contenta pas de les répertorier, elle fit un véritable travail d’astronome et classa à elle seule des milliers d’étoiles.

Gertrude Elion révolutionna la recherche médicale

Fille d’émigrés lituaniens-polonais, Gertrude Elion devint biochimiste et pharmacologue. Elle mit au point des médicaments pour traiter la malaria, la leucémie et prévenir le rejet en cas de greffe du rein, dont plusieurs figurent sur la liste de l’OMS des médicaments essentiels. Ses travaux ont révolutionné la recherche médicale.

Pour plus d’infos sur le sujet: Une histoire de la science au féminin, Jean C. Baudet, Éd. Jourdan.

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