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Les deux règles d’or: diversification et long terme. © Liza Summer/Pexels

Petites économies: où placer son argent?

Par Justine Leupe

Avec quelques centaines d’euros, il est possible d’investir… Un professeur de finance nous conseille.

On sait aujourd’hui que les comptes épargne ne rapportent plus grand-chose. Cela changera peut-être mais en attendant, il y a d’autres façons de placer son argent. “Et si on respecte certaines règles, la bourse est une alternative, même si on ne dispose que d’un petit montant”, avance d’emblée Rudy De Winne, professeur de finance à l’UCLouvain.

On fait quoi avec quelques centaines d’euros?

Si vous souhaitez réaliser un premier pas vers l’investissement, avec 500 euros, c’est déjà possible. “Ce qui est important, si on ne veut pas prendre trop de risques, c’est de diversifier son placement par des instruments tels que les ETF (Exchange-Traded Fund)”, avance le professeur. Ces ETF sont des fonds négociés en bourse qui représentent un panier d’actifs financiers. “Ils permettent à des investisseurs qui ont 500 euros à placer de se diversifier en une seule transaction”.

Pourquoi les ETF sont intéressants?

Cette diversification permet de diminuer le risque. Autre avantage des ETF? Leurs faibles coûts de transaction. “Avec des actions par-ci par-là, vous aurez des coûts de transaction à chaque action. Par exemple, si vous achetez trois actions à 20 euros, quatre autres à 50 euros, vous arrivez presqu’à la fin de votre budget, avec des frais plus importants. Avec des ETF, vous investissez une somme et avez des frais de transaction uniques. Vous n’avez donc qu’un seul instrument dans votre portefeuille, mais lui-même est composé de divers actifs financiers, vous êtes ainsi moins limité(e)”.

À noter que plus votre montant à placer est important, plus vous aurez des réductions de coûts de transactions. “Mais il ne faut pas avoir peur de réaliser des ETF avec des petites sommes. Les coûts de transaction sont devenus très faibles, moins de 0,5%”.

Où se trouvent ces actifs financiers?

“Ces ETF se retrouvent à la bourse de Paris, par exemple. Il y en a également qui portent sur des indices internationaux et donc ça permet une diversification internationale”, nous explique Rudy De Winne.

En quelques secondes, vous pouvez acheter un ETF. C’est relativement facile!

Comment s’y prendre?

Pour débuter, il faut faire appel à des institutions bancaires et/ou financières qui offrent la possibilité d’investir dans ce genre de service. “Ensuite, vous avez accès à la plateforme de l’institution où vous pouvez acheter des actions, des ETF, des titres financiers… Votre ordre (argent) est transmis à un intermédiaire financier qui se charge de la transaction, et en quelques secondes, vous pouvez acheter un ETF. C’est relativement facile”, rassure le spécialiste. La seule restriction est qu’il faut légalement avoir 18 ans pour se lancer.

Où investir encore?

D’autres instruments existent, il y a des investissements d’obligations qui sont produits par des émetteurs sûrs, comme l’État. Le professeur rappelle: “Il faut bien choisir ses États. Si vous investissez dans des obligations d’État belges, le risque est quasi de zéro. Mais cela ne veut pas dire qu’il est nul. Si vous prenez une obligation sur une longue période mais que vous la revendez vite, en fonction des mouvements et des taux d’intérêt, on peut avoir une plus ou une moins-value”. Il y a quelques mois, une opération spéciale de l’État belge (bon d’État) a proposé de diminuer l’impôt payé sur les intérêts de ces obligations. “Cela rendait le titre attractif”. Ce genre d’opération est temporaire, mais revient ponctuellement.

“Il y a aussi des entreprises très importantes, avec une faible probabilité de faillite, qui émettent des obligations. Ainsi que des plus petites entreprises, jeunes, en plein développement, mais où les risques sont plus grands car on ne connaît pas l’avenir de ces start-ups”.

Une limite dans le temps?

Que ce soit des actions, des ETF ou des obligations, on peut retirer l’argent à tout moment. “La bourse sera là pour trouver un acheteur potentiel à l’investisseur qui veut revendre, c’est son rôle. Si vous êtes face à une dépense imprévue ou si vous voulez acheter une maison, vous pouvez vendre vos instruments en bourse”.

Pour les obligations

Pour les obligations, il y a une date d’échéance fixée, mais elles peuvent être revendues avant cette dernière. Rudy De Winne détaille: “Quand on commence à investir, il est important de se dire qu’a priori, vous n’aurez pas besoin de vendre dans les mois qui suivent. Vous aurez subi des coûts de transaction à l’achat et à la vente. Même si les obligations ne sont pas très volatiles, les taux d’intérêt peuvent monter et le cours des obligations descendre. Alors que si vous attendez l’échéance du contrat obligataire, il est indiqué à quel prix vous serez remboursé(e). En allant jusqu’à échéance, vous n’aurez donc aucune mauvaise surprise: vous avez investi 500 euros dans une obligation et un taux d’intérêt est déterminé dès le départ. Elle sera donc remboursée 100% de sa valeur nominale (500 euros), plus un coupon d’intérêt”. Le risque, si vous la récupérez avant, est que les taux d’intérêt aient augmenté et que l’obligation subisse une décote (diminution de sa valeur).

Pour les ETF et les actions

Si vous investissez en action ou sur des ETF, c’est un marché fluctuant. “Il y a des périodes de hausse et des périodes de baisse. Un bon exemple, c’est la personne qui a investi dans des ETF très diversifiés juste avant le COVID. Peu de temps après, il y a eu un ou deux mois où le marché s’est effondré. En les retirant à cette période, la personne aurait perdu de l’argent. Celles et ceux qui sont restés dans le marché ont vu le cours se stabiliser, augmenter… Mon conseil pour des investissements en action est de ne pas avoir d’horizon trop court. Il est intéressant d’investir sur trois, quatre ou cinq ans, voire plus”.

Grâce aux sites proposés par les institutions, vous pourrez voir comment votre portefeuille évolue, voir à quel prix vous avez acheté vos actifs financiers et à quel prix ils sont cotés aujourd’hui. Cela permet de repérer le rendement obtenu depuis l’achat. “Si vous avez investi 500 euros il y a quelques mois et que votre compte titre est de 550 euros, vous savez que vous avez gagné 10%”, développe le professeur de l’UCLouvain.

Mon conseil pour des investissements en action est de ne pas avoir d’horizon trop court

Une somme conseillée?

Quelques centaines d’euros peuvent suffire pour investir, on l’a vu. Par contre, si quelqu’un a une épargne de 30.000 euros, investir une somme plus conséquente peut être intéressant. “Avec ce montant, je lui conseillerais d’effectuer quelques placements différents d’un budget de 3000 ou 4000 euros. Cela permettra de comprendre comment cela fonctionne. Et en fonction de son aversion aux risques, la personne peut décider d’aller au-delà par la suite”.

C’est de l’argent facile?

Il faut se méfier du rêve de l’argent facile. Certains investissent en bourse en pensant que ‘cela va monter de 10-15% en un an’, mais ce n’est pas toujours le cas. Sinon, ça se saurait! Ainsi, il ne faut pas prendre de risques inconsidérés, explique Rudy De Winne: “Il y a des gens qui achètent et vendent presque chaque jour mais quand on analyse leur performance, elle est très mauvaise par rapport à la moyenne des investisseurs. On peut faire de temps en temps une bonne opération, mais en moyenne, en répétant ce genre d’opérations, on est dans le rouge”.

Pour résumer: les règles d’or

“Pour moi, en investissement, il y a donc deux règles importantes, conclut Rudy De Winne. D’abord la diversification, mais aussi un horizon de planification suffisamment important. Quand vous décidez de constituer un portefeuille, engrangez-le pour quelques années. Ne le faites pas en ayant déjà en tête que ‘cet argent, vous en aurez besoin dans un mois’. Et enfin, ne paniquez pas si vous avez perdu 2% après une semaine. Cela peut arriver et ça fera peut-être +3% la semaine suivante”.

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