Pauline a longtemps souffert de la comparaison avec sa petite soeur. © Pexels/Elijah O'Donnell

“Ma sœur est plus belle que moi et j’en souffre”

Par Tatiana Czerepaniak

Pauline a beau aimer sa sœur plus que tout, leur relation a parfois été mise à rude épreuve, en particulier à l’adolescence. Durant des années, la jeune femme n’a cessé de se comparer à sa cadette, qu’elle trouvait plus belle. Témoignage et décryptage d’un psy.

Pauline* a tout pour elle: un chouette job, un chouette appart’, un amoureux avec qui elle s’entend bien, un bébé… Et pourtant, elle a toujours cruellement manqué d’estime d’elle-même. La raison? Sa sœur, de deux ans sa cadette, est infiniment plus jolie selon elle. Grande, élancée, des jambes qui n’en finissent plus, des cheveux magnifiques et de jolis yeux verts… “La femme parfaite, à côté de qui il est difficile de se construire une image positive”, confie Pauline. Cette dernière nous raconte comment la beauté de sa sœur a eu un impact négatif sur sa confiance en elle.

“Si belle qu’elle me file des complexes”

“Je sais que je ne suis pas moche, mais comparée à ma sœur, je suis la femme la plus banale qui soit. J’ai beau me pomponner, rien à voir à côté d’elle. Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux, surtout parce qu’on ne vit plus ensemble et qu’on n’a plus le même cercle d’amis, mais plus jeune, c’était assez difficile pour moi”, nous raconte Pauline.

Mes potes, mais aussi mes crush, n’avaient d’yeux que pour elle

Adolescente, Pauline a bien du mal à supporter le regard que ses amis portent sur sa sœur: “Mes potes, mais aussi mes crush, n’avaient d’yeux que pour elle. Un jour, un de mes petits copains m’a même quittée parce qu’il était tombé amoureux d’elle… Pourtant, elle n’a jamais rien fait pour et a catégoriquement refusé ses avances, mais ça a clairement foutu en l’air le peu de confiance que j’avais en moi”. Pendant longtemps, Pauline n’osera d’ailleurs plus lui présenter ses petits copains.

Des tensions entre sœurs

“Ce serait mentir que de dire que ça n’a pas entaché notre relation. J’en ai souvent eu vraiment marre de vivre à côté de ma sœur si parfaite qui, en plus d’être très belle, réussissait presque tout: elle était bonne élève, excellait dans son activité sportive, avait une chouette bande d’amis et une bonne relation avec nos parents. De mon côté, c’était plus compliqué: j’étais bonne élève aussi, mais je n’ai jamais excellé à l’école et je ne me sentais pas spécialement motivée ni à ma place. Et avec mes parents, c’était parfois compliqué aussi car ils avaient du mal à comprendre ma sensibilité et ma difficulté à trouver ma place. Il faut dire qu’à côté de ma sœur, j’avais l’air un peu paumée. À l’adolescence, ça explosait souvent, alors qu’enfant on s’entendait vraiment bien. Et puis, je me sentais assez mal dans ma peau, à force de vivre avec une si jolie fille. Je me trouvais grosse – alors que je ne suis pas en surpoids -, et surtout nulle, la plupart du temps”.

Des études supérieures et un nouveau départ

Les deux sœurs ne trouveront le salut qu’au moment du départ de Pauline, qui prend la décision de faire ses études à l’autre bout du pays. “Après mes secondaires, j’ai choisi une voie qui requérait d’entrer dans une école supérieure loin de chez moi. J’ai donc pris un kot, car revenir tous les jours à la maison était vraiment compliqué… Et je dois avouer que ça m’a fait un bien fou de ne plus vivre avec ma sœur. Avec le recul, je pense que ça a été comme un nouveau départ: mes nouveaux amis ne la connaissaient pas et, de mon côté, j’ai arrêté de me comparer. Du coup, j’ai moins complexé”.

Ça m’a fait un bien fou de ne plus vivre avec ma sœur

Une époque qui permet à Pauline de se (re)construire. Renforcer son estime d’elle-même est salutaire pour leur relation: “La distance a calmé cette jalousie et m’a aidée à comprendre que j’avais, moi aussi, des qualités et des choses à mettre en avant. Petit à petit, notre relation s’est apaisée et on a recommencé à vivre de chouettes moments”.

Aujourd’hui, la jeune maman et sa cadette s’entendent plutôt bien. Pauline a arrêté d’envier sa sœur pour sa beauté: “Elle est toujours aussi belle et parfaite (rires), et je ne peux pas dire que je me sente merveilleusement bien dans ma peau, mais j’ai arrêté de me comparer et, surtout, de la jalouser. On a des vies très différentes, un cercle d’amis différent et on ne vit pas dans la même région… Cette distance me permet de vivre en étant moi, tout en arrêtant de me comparer sans cesse, comme j’ai pu le faire ado”. Si la jeune femme est heureuse, elle a conscience que cette jalousie a entaché sa confiance en elle, et elle y travaille tous les jours.

Vous vivez la même situation?

Jennifer Humblet, psychologue clinicienne spécialisée dans l’enfance, l’adolescence et les relations familiales nous donne ses conseils de pro: “Je tiens déjà à rassurer, la jalousie est un sentiment normal, courant et même sain, puisque c’est en se comparant aux autres qu’un enfant/ado construit son identité, sait ce qui l’intéresse, ce qui l’anime… Le souci, c’est quand la comparaison amène à la dévalorisation, à la perte de confiance en soi”. Elle précise: “On va se sentir inférieur et l’estime de soi va en pâtir sérieusement. Dans ce cas, la jalousie, plutôt que de nous construire, nous fait perdre notre identité ou nous empêche même de la trouver”.

Un mal-être qui a des conséquences directes sur l’individu, autant sur le court que sur le long terme: problèmes relationnels, déprime, difficulté à créer du lien, manque de persévérance, sentiment d’infériorité, difficulté à trouver sa place, crises d’angoisse…

Les conseils de la psy pour sortir de la jalousie

  • Se chouchouter: selon Jennifer Humblet, prendre soin de soi est très important lorsque, justement, on a tendance à se dévaloriser. “Prioriser son bien-être et faire en sorte de se sentir belle est vraiment essentiel dans ce cas de figure”. Carte blanche pour une virée shopping afin de trouver une tenue dans laquelle on se sent canon!
  • Se regarder dans le miroir et pointer ce qu’on aime chez soi: le but de cet exercice est de stimuler son narcissisme. “J’invite vraiment les personnes qui manquent de confiance en elles – ou qui se comparent trop aux autres – à se mettre face à leur reflet, à bien s’observer et à se trouver trois choses – ou plus – qu’elles trouvent belles chez elles. Un exercice à faire et à refaire, qui booste vraiment la confiance”.
  • Vivre des choses pour soi: vous jalousez une personne qui a, selon vous, une vie bien plus chouette que la vôtre ou qui réussit mieux, toujours selon vous? Organisez-vous vous aussi une vie trépidante: voyez des amis, sortez, partez en week-end, apprenez quelque chose de nouveau (peinture, poterie, guitare, claquettes, lecture sur le vin, la cuisine…), inscrivez-vous à des cours du soir, visitez des musées… L’idée est de cultiver l’amour-propre et d’aller vers des choses qui nous réussissent.
  • Accepter ses défauts: certainement le conseil le plus compliqué à appliquer, mais le plus salutaire. “S’accepter tel que l’on est, avec ses qualités et ses défauts, est une étape importante dans l’acceptation de soi. Cela permet de sortir de cette comparaison toxique et de la jalousie”, précise l’experte.
  • Se faire aider: la psychologue nous rappelle l’importance de ne pas rester seule. “Suivre une thérapie est extrêmement utile dans ce cas de figure: on va vraiment travailler à se détacher de cette comparaison, et reconstruire l’image que la personne se fait d’elle tout en l’aidant à construire son identité propre, et à avoir conscience de sa valeur”.

*Prénom d’emprunt

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