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Témoignage: “La crise sanitaire m’a poussée au burn-out”

Fermeture des écoles, stress accru au travail, isolement, charge mentale qui augmente… La crise sanitaire nous a épuisé et a provoqué une explosion des cas de burn-out. Témoignage.

Le coronavirus a débarqué dans nos vies en apportant son lot de soucis de santé physique. Mais pas seulement… Les psys et autres experts de la santé mentale voient depuis exploser les cas d’épuisement, de dépression et de burn-out. Ce phénomène – appelé “épuisement pandémique”- est lié à plusieurs facteurs.

  • Les règles sanitaires (port du masque, distanciation): et la diminution des contacts sociaux qui minent les citoyens.
  • Les habitudes de travail: le stress professionnel qui augmente considérablement depuis le début de la crise (communications virtuelles, peur de perdre son job…), ainsi que la charge de travail dans certaines entreprises.
  • Les écoles fermées: qui obligent les parents à télétravailler en même temps que de s’occuper de leurs enfants, voire de faire école à la maison.
  • La charge mentale en nette augmentation: à cause des règles à respecter (couvre-feu, quarantaine…), les repas et donc les courses supplémentaires à prévoir mais aussi les ennuis financiers qui peuvent découler de cette période chaotique.
  • La fermeture des endroits de loisirs: qui diminue non seulement les possibilités de décharger la tension accumulée, mais qui réduit aussi le temps que l’on s’accorde pour soi.

Épuisement pandémique: témoignage

Aline a 44 ans et travaille dans le secteur de la finance depuis près de 20 ans. Très impliquée dans son travail, elle est le genre d’employée qui n’est jamais malade et qui donne beaucoup de son énergie à son travail. Pourtant, depuis six mois, elle souffre d’un burn-out, à cause de la pression intense qu’elle subit au boulot depuis le début de la crise sanitaire.

“Depuis le début de la crise, on est pressés comme des citrons”

Employée modèle, Aline nous confie qu’elle n’a jamais trouvé l’épanouissement professionnel au sein de la société pour laquelle elle travaille. Pour autant, la quadragénaire y trouvait un certain équilibre: “On ne peut pas dire que je me sois réellement éclatée dans mon travail… Mais c’est un secteur qui me convenait bien pour différentes raisons: parce que je suis à l’aise avec les chiffres et les tâches qui m’incombent, et aussi parce que j’ai un salaire attractif et pas mal d’avantages. Et même si la charge de travail est assez importante, je me trouvais dans une situation confortable… Jusqu’à la crise sanitaire”.

Nouveau chef et charge de travail presque doublée

Quelques jours avant le premier confinement, Aline voit débarquer un nouveau responsable, qui décide de changer tout le fonctionnement du service dans lequel elle travaille. Une réorganisation qui fait augmenter les tâches de l’employée, déjà fort occupée. À ce changement s’est rapidement ajouté le télétravail et l’obligation de faire l’école à la maison, de la mi-mars à fin juin 2020. “Cette réorganisation avait déjà pas mal augmenté ma charge mentale… Mais le premier confinement l’a fait littéralement exploser, puisque j’ai dû m’occuper de la scolarité de mon fils de 11 ans”.

Aline n’arrive pas à tenir la cadence infernale que ses deux casquettes lui imposent, alors elle commence à travailler le soir et le week-end pour compenser. Mais la crise sanitaire augmente les demandes des clients de sa société, ce qui s’ajoute au stress et à la pression déjà intenses que vit la mère de famille: “La crise a pour le moins bouleversé le monde de la finance: les investisseurs ont voulu changer leurs contrats, retirer certains investissements et en faire dans d’autres secteurs… Conséquence: une to do list qui explose et des journées de travail qui n’en finissent plus. Au bout de trois mois environ, j’ai commencé à me sentir défaillir, sans accepter pour autant mon épuisement”.

Des signes qui ne trompent pas

Peu à peu, Aline sombre dans le burn-out: elle souffre de troubles du sommeil et de problèmes de concentration, elle est extrêmement irritable et ressent une fatigue si intense qu’elle s’endort un peu partout pendant la journée. Se rendant compte qu’elle va de plus en plus mal, elle prend quelques jours de congé – qui lui sont refusés à plusieurs reprises – et demande à voir son responsable, afin de demander une assistante. Requête qu’il refuse catégoriquement, lui annonçant même qu’elle devra reprendre le travail d’une étudiante qui termine son stage dans quelques jours. “Après cet entretien, j’ai explosé en sanglots dans ma voiture… Je n’en pouvais littéralement plus, c’était trop pour moi: trop de travail, trop de pression, trop de stress, trop d’angoisses, trop de tout”. Aline est au bout du rouleau… Elle rend visite à son médecin traitant pour obtenir de l’aide. Une consultation pendant laquelle elle ne fera que pleurer. Pour le médecin, c’est très clair, Aline est en plein burn-out professionnel. Il la met en arrêt maladie.

En burn-out depuis 6 mois

Depuis, la quadragénaire est en arrêt de travail et très souvent en proie à une fatigue intense, mais aussi à une remise en question profonde de sa place au sein de la société pour laquelle elle travaille. “Je me rends compte qu’à aucun moment ils ne m’ont considérée comme un être humain… Ils nous ont juste, moi et mes collègues, pressés comme des citrons et imposés un rythme de travail impossible à tenir”. Dans son service, cinq personnes sont, elles aussi, en burn-out.

“J’ai compris que je devais m’écouter davantage”

Aline a souvent l’impression de subir son quotidien tant l’épuisement est important. Elle est suivie par des spécialistes afin de se relever de ce burn-out, qu’elle qualifie de véritable maladie: “J’ai une fatigue qui me colle à la peau depuis plusieurs mois, et avec laquelle je dois composer. Mais ce burn-out m’oblige aussi à prendre soin de moi et je comprends désormais que je dois m’écouter davantage et arrêter de tirer sur la corde”.

À ce jour, l’énergie et le temps d’Aline sont totalement dédiés à la guérison de sa maladie. Pour autant, elle pense faire un bilan de compétences afin d’entamer une potentielle reconversion professionnelle… Et n’imagine pas retourner travailler au sein de l’entreprise pour laquelle elle est sous contrat.

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