Pexels © Daria Shevtsova

La pandémie a-t-elle définitivement changé nos amitiés?

Par Justine Leupe

Avant que le coronavirus bouleverse notre quotidien, les sorties entre amis étaient légion: boire un verre, manger un bout, organiser un dîner à la maison… Bien que la vie reprend tout doucement son cours, les craintes de se réunir entre amis sont encore présentes.

Certaines amitiés en ont pris un coup avec l’épidémie de Covid-19, parce qu’il a fallu faire des choix qui n’ont pas toujours été acceptés. À l’inverse, d’autres amitiés se sont renforcées, car les rendez-vous (virtuels ou réels) étaient l’occasion d’échanger en dehors du foyer.

Des liens d’amitié renforcés

L’épidémie a permis de comprendre à quelles amitiés chacun tenait vraiment, de les renforcer même. En effet, pour certains, les balades, les pauses dans un parc et/ou les e-apéros sont devenus de vrais rendez-vous. Et bien que ces moments digitaux ou en extérieur ont parfois lassé, ils ont permis à certains duos ou groupes d’amis d’entretenir leur relation, de prendre des nouvelles plus régulièrement que d’ordinaire et d’avoir des discussions plus profondes. “Et puis, il y a également les personnes seules, pour qui ces rendez-vous étaient une bouffée d’air frais, un moment attendu, ce qui a pu renforcer l’amitié déjà présente”, avance Virginie Thunus, psychologue. Appeler, discuter, se balader, boire un verre en extérieur…, c’est revenir à quelque chose d’essentiel.

S’évader de son foyer

La spécialiste rappelle aussi que la pandémie a contraint les familles à rester à temps plein ensemble. Ces “évasions”, si les amis n’étaient pas communs au couple, étaient finalement des moments privilégiés. “Cela permettait à l’un des membres de la famille de se retrouver soi et de rencontrer d’autres personnes. Et pour beaucoup, cela a fait du bien”.

Ces amis fidèles n’attendent qu’une chose: rire vraiment ensemble, avoir des contacts physiques, pouvoir discuter sans masque ou se confier sans regarder ses pieds (merci les balades), son écran, ou avoir le téléphone accroché à son oreille.

Des amitiés qui ont pris fin

A contrario, la pandémie a montré les failles de certaines amitiés. Confinées, les deux parties n’ont pas le besoin de prendre de nouvelles, mais personne ne souffre de la situation. “Comme dans un couple, si les bases n’étaient pas solides avant cette crise, c’est compliqué de faire persister cette amitié dans le temps”, poursuit la psychologue.

Faire des choix

C’est moins simple quand seul un des membres du duo amical prend ses distances. C’est le cas d’Élodie et Mathilde que nous interviewions et qui nous confiaient que la crise sanitaire avait sonné le glas d’une amitié de longue date. Avis opposés sur la crise, besoin de se recentrer, d’avancer seul(e), de limiter ses contacts… Pour toutes ces raisons, certains ont tiré un trait sur d’anciens liens amicaux. Et ce n’est pas étonnant, nous explique Virginie Thunus: “Souvent, ce qui vient briser ces amitiés, c’est la notion de choix et de loyauté car des règles sont imposées. La question s’est d’ailleurs posée pour beaucoup: ‘Est-ce que je peux faire primer un ami sur la famille?’, par exemple. Il a fallu faire des choix et ceux-ci n’ont pas toujours été compris. La pandémie a obligé les gens à se concentrer sur leur ‘soi’, plus que sur les autres”. Et choisir est difficile, on peut vite tomber dans la culpabilité, surtout s’il y a des remarques telles que: “Tu ne me choisis pas moi parce que…”.

Penser différemment

En amitié, comme en amour, lorsque des points de vue divergent entre deux personnes, si chacun reste sur sa position, mais que c’est accepté, alors tout va bien. “Mais si l’une des deux personnes impose son choix ou émet un jugement sur la décision de l’autre, c’est là que ça bloque”, explique Virgine Thunus, et ajoute: “Quand une personne veut imposer un avis, souvent, c’est pour se rassurer elle-même”.

Les amitiés sécurisantes

On retrouve également les amitiés sécurisantes. “Des amis peuvent ne plus se voir durant six mois, un an et même plus, mais lorsqu’ils se retrouvent, c’est comme s’ils ne s’étaient jamais éloignés aussi longtemps. Et puis surtout, aucune interprétation n’est faite par rapport à ce long laps de temps durant lequel les personnes ne se sont pas vues et où des choix ont été pris”, précise la psychologue.

La famille envers et contre tout

Ce qui perdurera, par contre, ce sont les liens familiaux. “Selon les enquêtes de valeurs, la famille est la plus importante devant le travail et les amis”, nous explique Bernard Fusulier, sociologue de la famille à l’UCLouvain. “La famille est une petite communauté tissant des liens forts et protecteurs entre les personnes (de sang, d’alliance, juridiques et affectifs), et ces liens appartiennent à l’histoire de chacun. Elle demeure une communauté de base dans une société individualiste”. Les rassemblements et fêtes en famille, eux, risquent d’être nombreux lorsque la vie reprendra son court!

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