effet Dunning-Kruger sur confiance
L’effet Dunning-Kruger est un mécanisme de la pensée qui provoque une altération du jugement. © Shvets Production/Pexels

Comment reconnaître et gérer l’effet Dunning-Kruger?

Par Justine Leupe

Aussi appelé “effet de surconfiance”, l’effet Dunning-Kruger a été mis en lumière aux États-Unis au début des années 90. On l’évoque généralement dans le milieu du travail en l’opposant au syndrome de l’imposteur.

La légende raconte que l’effet Dunning-Kruger est né d’une histoire un peu folle: un homme aurait tenté de braquer une banque en pensant qu’il était invisible car il s’était couvert de jus de citron. Sur du papier, cette “encre” est invisible, alors pourquoi n’aurait-elle pas cet effet sur un corps? Convaincu de son idée de génie, l’homme passe à l’action…

L’ignorance engendre plus fréquemment la confiance en soi que la connaissance

Les psychologues américains David Dunning et Justin Kruger sont partis de cette situation absurde pour conclure que “l’ignorance engendrait plus fréquemment la confiance en soi que la connaissance”.

Surévaluation des connaissances

L’effet Dunning-Kruger est un biais cognitif, c’est-à-dire un mécanisme de la pensée qui provoque une altération du jugement. Dans ce cas-ci, la personne surévalue ses compétences dans un domaine qu’elle ne maîtrise pas. Elle s’intéresse à un sujet mais a une impression de connaissances bien plus faible qu’en réalité. Le cerveau donne le sentiment d’avoir compris, mais il n’en est rien.

Cette théorie corrobore le terme complexe d'”ultracrépidarianisme”: s’exprimer sur des sujets hors de nos compétences, une tendance qu’on a beaucoup vue pendant la pandémie de Covid, par exemple. Des personnages lambdas (ni médecins, ni infectiologues, ni chercheurs ou chercheuses…) donnaient leur avis sur la manière dont il fallait supposément agir et se soigner.

Une courbe pour se situer

Les deux psychologues ont créé la courbe qui porte leur nom pour évaluer cet effet. Ils divisent ainsi la connaissance en trois paliers:

  • Il y a les “débutants”, qui se lancent dans l’apprentissage d’une matière et qui, dépassés par une bouffée d’enthousiasme, pensent tout comprendre sur le sujet. Ils sont dans l’auto-surévaluation et sur ce que les psychologues appellent “la montagne de la stupidité”. C’est l’effet de Dunning-Kruger.
  • Vient le moment des “compétences”. Au fur et à mesure, les personnes maîtrisent davantage le sujet et se rendent compte de sa complexité. Elles s’auto-évaluent avec conscience et moins de confiance. Elles se situent alors dans la “vallée de l’humilité”.
  • Enfin, on arrive sur le “plateau de la consolidation” qui s’apparente à celui des experts. Ils ont une bonne connaissance du sujet, tout en ayant conscience de leurs lacunes. Leur auto-évaluation est réaliste.

Comment reconnaître ces profils?

Les personnes atteintes de l’effet Dunning-Kruger parlent avec assurance, se sentent et se disent compétentes. Elles ont le sentiment de tout savoir mieux que quiconque et l’impression d’être en position de force quand est évoqué un sujet qu’elles ont déjà apprivoisé. Il est difficile pour elles de reconnaître qu’elles ne maîtrisent pas tout. Une attitude qui peut aller plus loin: elles remettent en cause le savoir-faire des autres, voire des experts. Elles prennent alors un ton condescendant, parlent avec arrogance, entrent en conflit et peuvent faire perdre confiance aux autres.

L’expert est dans le questionnement perpétuel: il sait que la connaissance demande du temps, du travail et de la réflexion

La grosse différence avec un expert? Ce dernier n’est pas dans la croyance mais dans le questionnement perpétuel. Il sait que la connaissance demande du temps, du travail et de la réflexion.

Et les gérer?

Que ce soit dans un groupe d’amis ou de collègues, si vous repérez une personne victime de l’effet de Dunning-Kruger, faites-lui savoir qu’elle peut se tromper, en toute bienveillance. Comme indiqué, la personne n’est généralement pas consciente de son manque de connaissance. Il faut aussi veiller à ce qu’elle ne marche pas sur les pieds des autres, qu’elle écoute les idées du groupe et souligner que ces dernières sont tout aussi intéressantes que les siennes. Si elle n’y croit pas, il est important d’avancer des justificatifs chiffrés ou des données scientifiques. Elle sera alors confrontée à la réalité.

Il est bon aussi de souligner que l’apprentissage est constant et que rien n’est acquis, pour qu’elle glisse, doucement vers la “vallée de l’humilité”. Le tout, en faisant preuve de communication non violente et d’intelligence émotionnelle. Un seul mot d’ordre: la patience.

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