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Pourquoi le syndrome de l’imposteur touche davantage les femmes?

Par Justine Leupe

Une femme a plus de mal à valoriser sa réussite professionnelle qu’un homme. La faute aux stéréotypes qui perdurent, au manque de modèles féminins au sommet et au doute qui anime davantage la gent féminine.

En 1978, Pauline Rose Clance et Suzanne Imes, psychologues et chercheuses à l’Université d’État de Géorgie (États-Unis) mènent une recherche auprès de femmes haut placées. Le constat est alors frappant: la plupart d’entre elles justifient leur réussite à coups de chance, d’opportunités saisies… et de quotas. Sans aucune mention de leur intelligence.

Si aujourd’hui, l’égalité homme-femme et les stéréotypes de genres diminuent, les femmes nourrissent encore un sentiment d’infériorité, inconsciemment parfois, face à leurs homologues masculins. Et elles sont plus enclines à souffrir du désormais célèbre syndrome de l’imposteur. On ne parle pas ici d’un trouble mental (que pourrait laisser entendre le terme syndrome), mais d’un sentiment de doute avéré en ses propres capacités: lorsqu’une réussite s’opère, c’est le facteur chance qui sera alors invoqué.

Les stéréotypes ont la vie dure

Certains stéréotypes sont encore trop ancrés dans notre société moderne et occidentale: “La femme est le sexe faible, il faut la protéger”, “Elle parle trop, prend trop les choses à cœur”, “Les hommes supportent mieux la pression”, “Ils dirigent mieux car sont moins émotifs”… S’ajoute à cela que, durant plusieurs siècles, la réussite professionnelle de l’homme était valorisée au sein de la famille, alors que la femme était considérée comme naturellement inférieure et inutile pour remplir un rôle hors du foyer. Des clichés qui continuent de mener la vie dure au sexe féminin et qui étouffent la légitimité des femmes dans bien des secteurs.

Un manque de modèles

Le manque d’identification à des femmes exerçant le même poste et/ou une fonction supérieure pousse les citoyennes à penser qu’elles ne peuvent pas y arriver. Alors oui, les cultures d’entreprise sont en train de changer (on voit de plus en plus de femmes prendre le lead sur des équipes), mais les travailleuses féminines à des postes stratégiques restent moins nombreuses.

En 2020, une étude américaine, menée par Lean In (qui soutient l’intégration des femmes dans le milieu du travail et déconstruit les stéréotypes) démontrait qu’aux États-Unis, pour 100 hommes recrutés dans des équipes et promus à des postes de cadres, seules 72 femmes l’étaient. Les postes de direction les plus hauts revenaient quant à eux à 62% des hommes et 38% des femmes. En Europe, la différence est moins marquée mais existe bel et bien.

Plus enclines à s’épancher

Si le syndrome de l’imposteur touche davantage les femmes, c’est aussi parce qu’elles ont tendance à se dévaloriser et à se sentir responsables d’un échec, là où l’homme considérera que la non-réussite est collective. Lorsqu’une femme est en difficulté, elle en parlera en outre autour d’elle. L’homme, lui, donne bien souvent l’impression de ne pas être en proie aux ratés et aux doutes. Là encore, l’adage a fait son œuvre: “Un homme, historiquement, ne devrait pas montrer ses faiblesses”.

Question de milieu, de caractère…

Mais prudence, tout est aussi question de niveau socio-économique et socio-culturel. De manière générale, si une personne émane d’un milieu défavorisé et/ou d’une minorité de genre ou d’origine, elle se sentira plus facilement moins à sa place professionnellement.

On remarque également le syndrome poindre chez des travailleurs et travailleuses qui ont évolué rapidement. Ces derniers peuvent développer, plus tard dans leur carrière, un doute concernant leurs compétences (“trop vite trop eu”). Il n’est pas rare que cette posture de doute soit aussi aperçue chez celles et ceux qui, plus jeunes, n’ont pas reçu assez d’attention de leurs parents et de renforcement positif.

Les solutions

Pour faire taire ce syndrome de l’imposteur, pensez déjà à ces deux pistes de travail:

  • Pour croire en ses capacités, il faut avant tout les définir et les mettre sur papier. Puis les relire, les formuler à voix haute, souvent et pendant longtemps. Vous doutez de vous? Demandez à vos (ex-)collègues de lister vos plus grands atouts professionnels.
  • Fixez-vous des objectifs réalistes, et mettez chaque fois la barre plus haut. Quand c’est trop compliqué, on a plus l’occasion de se dire “qu’on s’est planté”.

La bonne lecture: Le syndrome d’imposture: pourquoi les femmes manquent tant de confiance en elles?, Élisabeth Cadoche et Anne de Montarlot, Éd. Arènes.

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