Heureux en couple
En amour, il n’y a pas de normalité, affirme la psy. © Getty Images

6 injonctions à déconstruire pour être heureux en couple

Sexe, fidélité, fusion: dans notre société, le couple est enfermé dans un tas d’idées préconçues et de schémas culturels qui l’étouffent. Comment les déconstruire pour s’épanouir dans sa relation? Une thérapeute de couple nous éclaire.

“Quand l’amour grandit, le couple gagne en maturité”, affirme Véronique Birlé, psychothérapeute et sexologue au Centre médical Solbosch. “Si on n’a pas envie de perdre l’autre, il faut être capable de recomposer certaines choses, pour s’adapter aux besoins qui évoluent.”

Et si la clé du bonheur conjugal était de rebattre les cartes, de faire fi des constructions sociales et de créer ses propres règles du jeu à deux?

6 idées à détricoter pour mieux s’aimer

On décrypte ces grands commandements de la vie amoureuse qui valent le coup d’être remis en question, avec témoignages à l’appui, et l’avis de la psychothérapeute Véronique Birlé.

Tout se dire

Chiara* raconte: “Je pense que j’ai tellement donné dans la maternité, avec les grossesses et l’allaitement de mes trois enfants, que plus le temps passe, plus j’ai le sentiment d’avoir besoin de chérir mon monde intérieur, de le protéger. Aujourd’hui pour moi, tout se dire n’est pas du tout un gage de qualité dans la relation de couple. Je n’ai plus forcément envie de partager en couple tout ce que j’ai fait dans ma journée, ce qu’on se raconte avec mes copines, mes lectures ou même la musique que j’écoute. Je pense que c’est un juste équilibre à trouver: de partager suffisamment pour entretenir la complicité, tout en cultivant son jardin secret.”

L’avis de la psy: “Tout se dire, une bonne idée? Sûrement pas! L’envie de tout se dire est souvent plutôt liée à un besoin de contrôle. Au début d’une relation, on est dans le mythe de la transparence: je t’appartiens, tu m’appartiens, je dois savoir ce que tu fais, où tu es. Et puis, à un moment, ce pacte devient trop envahissant, et chacun – ou l’un des deux – éprouve le besoin de préserver son jardin secret. Et il faut alors remixer nos valeurs de départ.”

Faire souvent l’amour

Alice* raconte: “J’avoue que la question de la fréquence me met un peu la pression. Avec mon compagnon, quand on ne fait pas l’amour pendant plusieurs semaines, ça m’inquiète, je me dis que ça veut peut-être dire que notre couple ne va pas bien. Même si je sais bien que ce n’est pas le seul critère, et qu’il y a des phases de vie où on a simplement moins envie. Pour moi, le désir ne vient pas en un claquement de doigts: il doit être entretenu, amené par des bons moments passés à deux… Et puis, faire l’amour pour faire l’amour, ça n’a aucun intérêt. Il faut le faire parce qu’on a envie. Et ce n’est pas parce qu’on fait l’amour toutes les semaines qu’on est un couple heureux.”

En matière de sexualité, il n’y a aucune normalité. Je dirais même que la normalité est un piège, elle coince les gens

L’avis de la psy: “En matière de sexualité, il n’y a aucune normalité. Je dirais même que la normalité est un piège, elle coince les gens. Les humains cherchent une forme de cadre pour se rassurer, se dire qu’ils fonctionnent bien comme les autres. Mais en réalité, il existe un tas de variantes possibles, liées aux hormones, aux envies de chacun, aux phases de vie… Il n’y a donc pas de fréquence idéale. La question du désir évolue, elle se travaille.”

S’aimer tous les jours

Chiara* raconte: “J’ai grandi dans une famille où on m’a appris, d’après le modèle de mes parents, qu’il fallait aimer tous les jours intensément. Et même dans les moments où c’était difficile, qu’il fallait être dévoué. Du coup, j’ai été frappée de plein fouet quand, dans ma relation de couple, il y avait des jours où je me réveillais en aimant moins. Je me suis demandé si c’était la fin d’une histoire. J’ai compris que c’était juste normal, qu’aimer intensément tous les jours de sa vie, ce n’était pas possible. Il y a des jours où c’est passionné, d’autres plus calme, et d’autres où il n’y a juste plus rien du tout. Et je pense qu’il faut déculpabiliser les gens par rapport à cela.”

L’avis de la psy: “Bien sûr, en amour comme ailleurs, il y a des jours avec et des jours sans. On est humains, on fait ce qu’on peut! Je vois des couples qui se détestent au début de la consultation, et puis qui sortent en s’embrassant. On passe d’un état à l’autre, il ne faut pas se faire trop d’illusion. L’idéal n’existe pas.”

Rester fidèle

Anna* raconte: “Il y a un paradoxe dans notre société actuelle: on est de plus en plus ouverts à des formes multiples de couple comme le polyamour ou les relations libres… Mais en même temps, le carcan de la monogamie est encore omniprésent. Ce que je trouve intéressant, c’est que quand on démarre une histoire, on fait souvent un genre de pacte implicite, qui est celui de l’exclusivité. Or, avec le temps, ce pacte implicite vole souvent en éclats. Ça a été mon cas. Et pour rester ensemble, on a dû rediscuter ce pacte, redéfinir ce qui nous allait ou non en matière de fidélité.”

L’avis de la psy: “C’est au cas par cas, mais la clé est toujours la même: la communication. Certains couples se mettent d’accord pour se dire que s’ils ont des relations extra-conjugales, ils ne se le diront pas. D’autres préfèrent se promettre de tout se dire. La question de la fidélité est complexe, il n’y a pas de règles, pas de norme. Il existe un tas de situations différentes. Il faut aussi savoir que les pulsions ne vieillissent pas. Pour bien fonctionner, il faut donc pouvoir rebattre les cartes et revoir notre contrat de départ, en discutant à deux ou avec l’aide d’un thérapeute.”

Quand on démarre une histoire, on fait implicitement le pacte de l’exclusivité. Or, avec le temps, il vole souvent en éclats

Être en symbiose

Laetitia raconte: “Avec mon partenaire, nous sommes très indépendants. On partage beaucoup de choses, comme notre groupe d’amis, nos valeurs, le vélo ou la natation. Mais je suis passionnée de musique, lui il est plutôt dans tout ce qui est informatique. On est très différents, et j’ai parfois cru que cette différence serait un frein. J’ai fini par comprendre que cette liberté individuelle, c’était une force.”

L’avis de la psy: “Partager des passe-temps en commun dans le couple est une force. Mais il faut faire attention à la fusion, qui peut être toxique. La bonne santé du couple a besoin de respirations: il faut fusionner, puis se réindividualiser, et ainsi de suite. On peut se retrouver sur des passions communes, mais pas uniquement: cela peut être sur la sexualité, la tendresse, la famille… Chaque couple a son propre terrain de complicité pour se retrouver.”

Vivre des moments parfaits (et les partager)

Marion raconte: “Avant, j’avais tendance à poster beaucoup de choses sur Instagram, sur mon couple mais aussi sur mes vacances, mes sorties entre copines, etc. Un jour, mon mec m’a demandé pourquoi je postais autant. En parlant avec lui, je me suis rendu compte que je le faisais un peu inconsciemment pour montrer que j’avais une vie bien remplie, que mon couple était super. J’ai eu un déclic, je me suis dit que ça ne servait à rien de poster tout ça. Je pense que les réseaux participent pas mal à cette injonction de devoir tout le temps être un couple parfait. Depuis, je m’en suis détachée, et je profite mieux de chaque instant de manière plus simple.”

L’avis de la psy: “Chaque couple entretient une image qu’il aime renvoyer à l’extérieur. En amour, on se crée un imaginaire, des représentations mentales. Et cela peut être un piège, non seulement parce que c’est une représentation, mais aussi parce qu’elle peut évoluer en décalage. Et qu’à un moment, l’un ou l’autre peut ne plus coller à cette image.”

Panser et repenser la relation

Pour se construire à deux en faisant fi des qu’en-dira-t-on, encore faut-il passer l’état de fascination des débuts et être prêt au changement. “Au début, on ne voit rien de l’autre, on est fascinés et souvent aveuglés par l’état amoureux, explique Véronique Birlé. Tout va bien, on se marie, on a des enfants, et tout à coup, rien ne va plus… Quand les couples viennent me voir en consultation, ils ont besoin qu’on repense leur lien et qu’on panse leur relation. On se rend compte des valeurs, des principes, mais aussi des injonctions qui constituent leur couple et qu’on peut décortiquer… Pour aller de l’avant.”

* Prénoms d’emprunt

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