Pour la plupart des femmes, grossesse n'est pas synonyme de plénitude. © Omurden Cengiz/Unsplash

Témoignages: “Pourquoi je n’ai pas aimé être enceinte”

On a en tête l’image de la femme enceinte en salopette, peignant gaiement la chambre de bébé, mais la réalité est plus nuancée. Ces mamans nous expliquent pourquoi leur grossesse n’était pas si rose.

“Mais enfin, ne dis pas ça, c’est le miracle de la vie!”… Une grossesse a beau être désirée, elle n’est pas forcément joyeuse. Et oser le dire, c’est encore choquer. Laetitia, Aurélie et Élise évoquent pour nous ces neuf mois sans faux-semblants.

Laetitia, 37 ans, maman de 3 enfants

“D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais rêvé d’être enceinte, je n’ai jamais fantasmé sur le ventre rond ou sur le fait de m’acheter un jeans de maternité. Et j’ai toujours eu l’impression de devoir me justifier là-dessus”. Sa première grossesse le confirme: être enceinte, ce n’est pas son truc. Attachée de presse passionnée par son métier, elle a l’impression qu’on la résume à son état de femme enceinte: “Or, je n’avais pas forcément envie de parler de ma grossesse. Je ne me sentais pas bien, j’avais pas mal de nausées, des sautes d’humeur… J’étais dans un état général que je n’aimais pas. À force d’être entourée de gens qui idolâtrent cette période, je finissais par culpabiliser à l’idée de n’attendre qu’une seule chose: que ce moment passe”.

En décalage total

“Ne pas aimer être enceinte n’enlève rien au fait qu’on ait envie d’être maman, poursuit Laetitia. J’avais l’impression qu’il y avait un décalage total entre l’image de la grossesse que renvoie et alimente la société, et ce que je vivais réellement. J’avais le sentiment d’être à côté de là où j’avais envie d’être. C’est un état très ambivalent: j’aimais sentir mon bébé bouger, j’avais hâte de le rencontrer, mais c’était le statut de femme enceinte que je n’aimais pas”.

Je n’attendais qu’une seule chose: que ça passe

D’après Laetitia, ce qu’il faut déconstruire, c’est l’image de la grossesse forcément merveilleuse, encore considérée comme une normalité. “On peut ne pas aimer cette période-là, tout simplement. Et ça n’empêche pas d’ensuite aimer ses enfants plus que tout au monde”.

Aurélie, 37 ans, maman de 2 filles

Aurélie est artiste contemporaine. Avec un salaire et un rythme de vie instables, elle n’envisageait pas forcément une grossesse. Jusqu’à ce que sa première fille débarque par surprise. “On l’a accueillie, on s’est dit que c’était le moment, sourit-elle. Mais ce n’était pas simple. Cette grossesse est arrivée alors que mon agenda était bien rempli. J’ai eu un sentiment de frustration, je devais remodeler mes habitudes de vie et ça ne me faisait pas plaisir”.

Presque un handicap

“Je n’aime pas dire ça, mais c’est ce que je ressens: être enceinte, je considère ça comme un handicap. J’ai ressenti ça pour mes deux grossesses. Je ne peux pas faire tout ce que je veux, je me sens limitée physiquement. Moralement aussi, mes émotions étaient démultipliées, mes hormones me faisaient pleurer pour un rien. J’avais sans arrêt peur de faire quelque chose qui mettrait le bébé en danger. À chacun de mes accouchements, j’étais soulagée et je me disais: ‘Enfin!'”.

J’ai détesté être enceinte, et je sais que quand je le dis, ça choque…

“Soyons francs: j’ai détesté être enceinte, poursuit Aurélie. Et je sais que quand je le dis, ça choque. On me rétorque que ‘Oh tu ne peux pas dire ça, c’est magnifique’. Comme s’il fallait avoir un respect absolu pour la grossesse! Or ça n’enlève rien à mon bonheur d’être mère. J’ai été emplie d’amour pour mes enfants dès la première seconde. Je pense simplement qu’il faut pouvoir parler de grossesses non épanouissantes avec honnêteté”.

Élise, 33 ans, maman d’un petit garçon

“Tout le monde dit: ‘Tu es enceinte, tu n’es pas malade’. Je trouve cette phrase un peu tricky parce que, personnellement, je me sentais vraiment malade au début de ma grossesse: hyper fatiguée et nauséeuse. Je suis professeure de yoga, j’ai été obligée d’annuler tous mes cours pendant plusieurs semaines sans pouvoir me justifier. Je n’étais juste physiquement pas capable de les donner, mais je ne me voyais pas aller chez le médecin demander un certif’ pour ça. Je me sentais coupable”.

La peur du changement

Au début de sa grossesse, une peur hante Élise: celle de perdre quelque chose de sa personnalité: “J’avais peur de ne plus être qui je suis. Avec le recul, j’ai compris que devenir maman ne m’a rien fait perdre, ça m’a même plutôt fait gagner. Mais c’est vrai qu’au début, le poids de la responsabilité, le fait de me dire que j’allais devenir mère, m’angoissait”.

Dans une grossesse, rien n’est tout noir ou tout blanc, tout est ambivalent

“On parle de magie autour des ventres ronds, je ne l’ai pas vraiment vu comme tel. Quand je sentais le bébé bouger par exemple, oui, ça me fascinait, l’idée d’avoir un être humain qui grandissait en moi… Mais en même temps, je trouvais ça très étrange. En fait, dans une grossesse, rien n’est tout noir ou tout blanc, tout est ambivalent”, conclut-elle.

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