
Votre ado veut sortir? Voici comment fixer des règles claires
À mesure que votre enfant grandit, il éprouve de plus en plus l’envie de sortir et de voir ses copains sans être constamment en famille. Un besoin d’autonomie qui peut perturber certains parents, ne sachant pas toujours comment accueillir cette envie de liberté tout en mettant des limites à leur ado. Une coach en parentalité nous donne quelques clés pour y arriver.
Depuis quelque temps, votre (pré)adolescent vous demande régulièrement d’aller rejoindre des amis à tel ou tel endroit, d’aller faire un tour à vélo dans le quartier ou de participer à l’une ou l’autre petite fête organisée par un copain d’école. Et c’est bien normal, puisque l’adolescent éprouve une envie naturelle de goûter à une certaine indépendance. C’est d’ailleurs pendant cette période de transition que l’être humain sortira peu à peu de son état de dépendance à ses parents pour voler de ses propres ailes et devenir un adulte autonome, tant émotionnellement que socialement.
Un besoin de liberté qui peut perturber
Ce besoin soudain d’indépendance peut parfois déséquilibrer le parent. Il faut dire que l’on n’est pas toujours préparée à voir son enfant grandir et s’émanciper peu à peu en se programmant des sorties sans sa famille. “À partir de quel âge puis-je accepter qu’il sorte avec ses amis?”, “Doit-on accéder à toutes ses demandes? Comment mettre les limites?”… Autant de questions que se posent tous les parents d’enfants entrant dans l’adolescence, ou presque. Maëliss Layeux est coach parental et va nous aider à y répondre.
Mon adolescent veut sortir, comment dois-je réagir?
“Lorsque notre enfant arrive à l’adolescence et éprouve le besoin de vivre sa vie sans nous, il est normal de ne pas toujours savoir quoi faire. En tant que parents, nous sommes constamment amenés à nous remettre en question et à réinventer notre vie de famille à mesure que l’enfant grandit, et cela peut parfois être déroutant… Il est donc normal de se poser autant de questions, c’est même une bonne chose! Je dis souvent aux familles que je coache que les parents sont un peu comme des portes-avions: nous sommes l’endroit où nos petits viennent se poser, se recharger en amour, le carburant principal qui fera grandir les enfants. Mais lorsque l’enfant devient ado, il va trouver son carburant ailleurs, créer de nouvelles relations.
Notre rôle est alors de devenir un aiguilleur du ciel: on pose les limites, on est un peu une boussole qui va l’aider à trouver le bon chemin. Le seul souci c’est que les ados ont souvent du mal avec l’autorité… et c’est normal, puisqu’ils sont en pleine recherche d’émancipation. Le secret pour réussir à aiguiller un adolescent est de construire avec lui les limites qu’on lui pose. On va prévoir avec lui des scénarios. Par exemple, si on lui a donné un couvre-feu, on lui explique le choix de l’heure et on voit avec lui comment il réagira si, imaginons, un ou plusieurs amis lui disent de rester. ‘Que feras-tu si ton pote te propose de rester?’ et on voit ensemble les attitudes à adopter. C’est plus constructif que de juste dire ‘si tu ne respectes pas l’heure, tu seras puni!’, parce que cela n’a rien de concret pour un adolescent.
Il ne faut pas oublier que le cerveau d’un adolescent est immature. Lui proposer de prendre activement part au cadre va lui permettre de mûrir. En discutant, on lui fait prendre conscience des règles et de pourquoi c’est important de les respecter. J’ai tendance à dire qu’il faut parler à son ado comme l’on parle à un adulte, dialoguer d’égal à égal… C’est pour moi de cette manière que l’on pourra faire de lui un adulte réfléchi”.
À partir de quel âge peut-on commencer à donner des libertés à un adolescent?
“Cette question n’a pas vraiment de réponse type. Cela dépend de l’adolescent, de sa maturité et aussi des habitudes familiales . Mais je dirais qu’il est important de toujours faire confiance aux adolescents, tout en restant prudent. Partir du principe que l’ado va avoir des problèmes pendant sa sortie ou qu’on ne peut pas lui faire confiance pourrait rendre les relations très compliquées à mesure qu’il grandit.
Bien entendu, l’adolescent a une certaine disposition à la prise de risques, mais si on discute avec lui, que l’on construit le cadre et que l’on voit avec lui les scénarios possibles, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. On va alors l’aiguiller correctement sans le contraindre. Prendre un risque est souvent une manière de s’affirmer pour un ado. C’est une manière de dire ‘tu vois que je peux y arriver’ ou de prendre sa place. Si on lui fait confiance et que les règles sont justes, il y a fort à parier qu’il éprouvera une moins grande envie de prouver que l’on a tort.
Après, si un parent refuse une sortie parce qu’il a peur qu’il arrive quelque chose à son enfant, alors il semble important que l’adulte travaille sur ses propres peurs, sans les renvoyer à son ado. Le mieux, c’est de lui exprimer pourquoi on a peur, et réfléchir ensemble à ce que l’on peut faire pour passer au-dessus. Par exemple, si on a peur que notre enfant soit victime d’un accident parce qu’une amie est morte dans un accident de la route lorsqu’on était ado, il est important de l’exprimer à son enfant: ‘j’ai peur que tu rentres avec tes copains parce que quand j’étais moi-même ado, une amie est morte dans un accident de la route. Du coup, ça m’angoisse que tu rentres en voiture avec tes amis’, et on voit ensemble comment on peut rassurer tout le monde tout en laissant de l’autonomie”.
Comment lui faire accepter un refus de sortie?
“Bien sûr, il y a des moments où l’on devra refuser une sortie. Tout d’abord, je pense qu’il faut expliquer clairement les raisons de ce refus, mais ne pas forcément s’attendre à ce que l’enfant comprenne et reste zen face à cela. Il sera certainement frustré, parce que sa seule envie en tant qu’ado est de voir ses copains et de vivre sa vie. Il risque fortement de râler, de discuter ou même de faire une crise. Le plus important dans ce genre de moments – qui sont plutôt courants quand on a un ou plusieurs ados à la maison – c’est de ne pas rompre le lien.
Si cela part en dispute, on sort de la pièce et on va se ressourcer: on va faire une balade, un peu de yoga, on lit… l’idée, c’est de rester ferme en essayant de ne pas s’énerver, et puis on accueille sa colère, on l’accepte. Pour ne pas rompre le lien, je vous conseille d’aller le voir quelques heures plus tard ou le lendemain, pour rediscuter avec lui de ce qu’il s’est passé, de lui expliquer de nouveau la raison de votre refus et de lui dire que vous comprenez qu’il ait été frustré”.
Avez-vous d’autres conseils à donner aux parents d’adolescents?
“En tant que parent, il est important de ne pas oublier que même si ça remonte à longtemps, nous avons nous aussi été adolescent. On a aussi eu envie de sortir, de voir nos amis et de prendre du bon temps. Une petite introspection est parfois utile pour savoir ce que vit notre ado. Bien entendu, chaque personne est différente: si on a été un ado plutôt sage alors que notre enfant est d’une nature plus turbulente, ou si, à l’inverse, on était un ado plus audacieux que notre enfant, on peut être décontenancé… Mais il faut essayer de prendre un maximum de recul tout en se replongeant dans notre ancienne vie d’ado, pour essayer de comprendre.
Après, il n’y a pas de formule magique: l’adolescence est une période très particulière, où les enfants sont en plein changement mental et physique. Les pics hormonaux viennent tout chambouler et c’est normal que ce soit compliqué. Mais ce ne doit pas être infernal à vivre non plus. Si tel est le cas, je ne peux que trop vous conseiller de vous faire aider: voir un spécialiste qui donne des outils concrets désamorce bien souvent des situations compliquées tout en gardant le lien”.
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