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Pourquoi les relations fraternelles sont-elles si complexes?

Par Tatiana Czerepaniak

Tous les parents de plusieurs enfants savent combien les relations entre frères et sœurs vacillent entre amour fou et disputes. Mais pourquoi la vie au sein d’une fratrie est-elle si tumultueuse? Une experte en éducation nous répond.

Tantôt fusionnelles, tantôt conflictuelles, les relations qu’entretiennent les frères et sœurs sont parfois aux antipodes de celles imaginées par leurs parents, qui doivent régulièrement jouer les arbitres. Il n’est pas rare de ressentir une certaine frustration à voir la fratrie qu’on a construite baigner dans le conflit. Pour Maeliss Layeux, coach spécialisée dans la méthode Fillozat, méthode de pédagogie positive, il est crucial d’entendre que les relations entre frères et sœurs ne sont pas toujours aussi parfaites qu’imaginé ou espéré.

Ne pas idéaliser les relations fraternelles

“En tant que parent, on a tendance à penser que l’amour va forcément couler de source entre nos enfants, mais ce n’est pas forcément le cas. Chaque fratrie a son histoire et sa réalité, ce qui la rend unique, tout comme les relations qui la composent. Ce qui lie des frères et sœurs, c’est qu’ils ont une ou plusieurs figures d’attachement en commun: leur papa et/ou leur maman. Mais ce point commun n’est pas la garantie d’une bonne entente”.

Pour la spécialiste, appartenir à une fratrie n’oblige en rien des enfants à s’aimer, contrairement à ce que la société tente de nous faire croire. Plus encore, Maeliss Layeux propose aux parents de prendre un certain recul quant à leur image projetée de famille idéale. “Il faut faire attention de ne pas calquer ses envies et besoins sur ses enfants. Alors bien sûr, on a envie qu’ils s’entendent et vivent une relation harmonieuse, on espère une vie de famille remplie de rires et de bonne humeur, mais ce n’est jamais aussi évident”.

Donner des outils pour gérer les conflits

Pour la coach en parentalité, expérimenter la fratrie sans le moindre conflit est un idéal inatteignable. En tant que parent, notre rôle ne sera donc pas d’éviter les moments de frictions, mais bien d’outiller les enfants afin qu’ils puissent trouver par eux-mêmes des solutions qui apaiseront les tensions. La coach nous donne au moins six pistes de réflexion.

1. Comprendre pourquoi les choses sont compliquées

Quand arrive un nouvel enfant, son aîné peut avoir l’impression de perdre sa place. Il peut aussi ressentir une grande peur d’être abandonné et une certaine tristesse à l’idée de “partager” ses parents. Autant de sentiments qui s’accumulent et qui sont parfois la source de conflits pouvant perdurer dans le temps. Pour apaiser les tensions, il peut être utile d’identifier les sentiments négatifs qui se cachent derrière ces chamailleries sans fin et de mettre des mots sur les maux.

2. Entendre les conflits sans prendre parti

Si l’on a tendance à vouloir comprendre par qui et de quelle manière a débuté un conflit, ce n’est pas toujours une bonne chose, puisque cela a tendance à positionner les enfants dans un rôle de victime ou de bourreau. Le conseil de la coach en parentalité est plutôt d’écouter chaque enfant et d’accueillir ses émotions, sans prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Maeliss Layeux conseille de ne pas intervenir à chaque dispute: “Les laisser vivre le conflit, c’est leur offrir la possibilité de trouver une solution ensemble. Bien entendu, il est important que les enfants sachent que les parents sont disponibles si besoin, si le conflit est dans une impasse ou s’envenime, par exemple”.

Si vos enfants n’arrivent pas à régler leurs problèmes entre eux, proposez-leur une petite “réunion de famille” pendant laquelle chacun pourra expliquer la problématique rencontrée. Ensemble, tentez de trouver des solutions (même farfelues), et choisissez-en une qui soit faisable et envisageable pour tous.

3. Réparer la relation

Les disputes peuvent ternir une relation, en particulier si elles sont nombreuses. C’est la raison pour laquelle la coach nous suggère d’apprendre aux enfants à mettre des choses en place pour “réparer la relation” quand l’un d’eux a été blessé. La petite sœur a cassé le jouet préféré de son frère? Demandez-lui ce qu’elle peut faire pour réparer le préjudice: réparer le jouet? Aller avec papa ou maman en chercher un neuf? Lui faire un dessin pour s’excuser? De la même manière, si le grand frère a été blessant, voyez avec lui ce qu’il peut mettre en place pour réparer le mal qu’il a fait: jouer avec sa petite sœur pendant une heure? Préparer une recette de cuisine avec elle? L’idée est alors de faire table rase, de repartir sur une relation positive et, surtout, d’éviter que les rancœurs ne s’accumulent.

4. Donner un espace à chacun

Si les kids aiment être ensemble, ils ont aussi besoin d’un espace à eux afin de se poser et d’y mettre en sécurité les choses qui leur sont précieuses. “Si on peut leur dédier une chambre, même petite, à chacun, c’est l’idéal, avance la spécialiste, mais ce n’est pas toujours possible. L’idée sera alors de leur proposer un endroit rien qu’à eux: une armoire, un coin de la maison, un coffre à jouets… où ils pourront ranger leurs affaires et se faire un petit repaire, sans qu’un frère/une sœur ait l’autorisation d’aller se servir”.

5. Mettre en place des règles claires

Les conflits font certes partie de la vie, mais il est important de poser un cadre clair pour éviter que les choses ne dégénèrent. Raison pour laquelle il faut passer en revue les balises de la relation et les limites à ne pas dépasser. Par exemple:

  • Le partage: on peut définir ensemble les objets que les enfants acceptent de partager, et ceux qu’ils veulent garder uniquement pour eux. Pensez alors à ranger ceux qu’ils ne veulent pas partager dans un bac à jouets individuel. On peut aussi établir comme règle que les nouveaux jouets reçus ne se partagent pas, du moins au début, etc.
  • La communication: refuser les insultes ou les mots blessants, s’excuser, éviter des propos agressifs, etc.
  • La violence: qu’elle soit physique ou morale, la violence est à proscrire.

Il appartient à chaque famille de mettre en place une charte claire avec ses règles et valeurs.

6. Offrir des moments de qualité à chaque enfant

Si l’amour fraternel n’est pas inné, il peut naître des moments d’intimité que les enfants partageront, des aventures qu’ils vont vivront ensemble et des souvenirs positifs qu’ils créeront. Des moments que l’on peut générer soi, en proposant des activités en famille qui amèneront la fratrie à resserrer ses liens.

Mais la spécialiste nous invite également à faire en sorte d’accorder du temps à chaque enfant de manière individuelle: “Si pour des parents, avoir plusieurs enfants, c’est donner plus d’amour, pour les petits, c’est surtout partager le temps accordé par les adultes. Si on donne un peu de temps à chaque enfant, son réservoir affectif sera plus rempli et il sera plus enclin à vivre des moments dénués de tensions”.

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