infertilité
Parfois, les parcours de vie ne permettent tout simplement pas d'avoir d'enfant. © Linda Xu/Unsplash

Témoignages: “J’aurais tant voulu avoir un enfant, mais…”

Attendre un enfant qui ne vient pas est une réelle épreuve. Il y a les questions auxquelles on n’a pas toujours de réponse, la frustration, et souvent la souffrance. Ces femmes nous livrent leur histoire…  

En avril 2023, l’OMS publiait des chiffres concernant l’infertilité. Il en ressort qu’une personne sur six est atteinte d’infertilité, soit 17,5% de la population mondiale. Le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, déclarait à ce propos: “La proportion de personnes touchées montre la nécessité d’élargir l’accès aux soins relatifs à la fertilité et de veiller à ce que cette question ne soit plus mise de côté dans la recherche et les politiques de santé, afin que des moyens sûrs, efficaces et abordables d’atteindre la parentalité soient disponibles pour ceux qui le souhaitent.”

Elles nous racontent

Pour autant, l’infertilité n’est pas la seule raison de ne pas accéder à la parentalité. Certains parcours de vie ne permettent pas toujours de réaliser ce rêve pour celles qui le chérissent.

Y croire malgré les fausses couches

Isabelle, 31 ans: “Mon projet bébé est loin d’être un long fleuve tranquille! J’ai été opérée d’un fibrome, une tumeur bénigne qui se loge dans le muscle de l’utérus. Pour cela, j’ai pris énormément de médicaments et j’ai fait des tonnes d’injections. J’ai ‘à mon actif’ 6 inséminations, 2 essais FIV et malheureusement 2 fausses couches.

Après chaque déception, je vais puiser loin dans mes ressources pour redémarrer un nouvel essai…

Après chaque déception, je vais puiser loin dans mes ressources pour redémarrer un nouvel essai… Ce n’est pas évident de se focaliser sur l’avenir et de faire abstraction du passé et des échecs. Pour évoquer toutes les solutions, les perspectives, il faut des trésors de patience. Tout ça en essayant que toute la vie ne tourne pas autour de la sphère médicale, afin de continuer à travailler, de ne pas mettre trop de pression sur le couple. Heureusement, je suis de nature très positive et je peux compter sur le soutien de mon compagnon et de ma sœur. Elle a, elle aussi, parcouru un long chemin avant d’abandonner son désir de maternité, en tout cas pour le moment. De mon côté, je me dis que ce sera peut-être pour le mois prochain: l’espoir (me) fait vivre!”

Renoncer par amour

Élise, 53 ans: “J’aurais adoré devenir maman mais mon mari a toujours catégoriquement refusé. Jusqu’au bout, j’ai espéré qu’il change d’avis. Parfois, je me dis que c’est bien ainsi et parfois, je le regrette. Quoiqu’il arrive, c’est trop tard…”

Un cancer de l’utérus

Miranda, 50 ans: “J’avais arrêté la pilule depuis plus d’un an lorsque nous avons décidé de consulter. Quand le verdict est tombé, Pierre, mon époux, et moi, sommes restés sans voix: j’avais un cancer de l’utérus. Comme la tumeur était considérable, il fallait agir vite. Le médecin était formel: nous ne pourrions jamais avoir d’enfant. J’ai alors dit à Pierre que s’il souhaitait me quitter, il était libre de le faire. Mais il n’imaginait pas l’avenir sans moi et, par chance, je m’en suis sortie.

Nous avons envisagé l’adoption mais suite à une séance d’information, nous avons décidé que ce n’était pas pour nous. Et nous avons rempli notre vie autrement: nous avons fait de magnifiques voyages, nous nous sommes investis dans une foule de hobbys et dans des réunions de quartier.

L’adoption, ce n’était pas pour nous…

Mais pour être honnête, de temps à autre, la douleur réapparaît. Lors de la fête des mères ou d’une naissance dans la famille, je peux m’y préparer. Mais les questions et les remarques spontanées telles que ‘Pourquoi ne voulais-tu pas d’enfant?’ sont plus difficiles à gérer. Comme si l’absence d’un bébé était forcément un choix! Disons que je me suis faite à l’idée: cette souffrance fait partie de ma vie. Cela dit, il n’est pas question que je devienne une vieille dame aigrie. Je me concentre donc sur ce que j’ai: une belle vie, un homme craquant, une jolie maison, beaucoup d’amis, des nièces et neveux pour qui je suis une chouette tata et par-dessus tout, une bonne santé car depuis l’épisode du cancer, je réalise la chance que j’ai.”

Et s’il fallait abandonner?

Béa, 26 ans: “Avec mon compagnon, cela fait 5 ans que nous essayons de faire un bébé et que nous passons par un spectre d’émotions. J’ai décidé de faire une pause pour récupérer un peu, tant physiquement que psychologiquement. J’avoue que je me sens coupable vis-à-vis de mon compagnon car je songe de plus en plus à abandonner.”

Célibat forcé

Laurence, 43 ans: “Nous commencions à parler bébé quand mon ex a décidé de rompre, c’était il y a 3 ans. Depuis, je suis toujours célibataire et je pense que j’ai raté le train…”

Je suis toujours célibataire, je pense que j’ai raté le train.

La fin du couple

Valérie, 47 ans: “Mon époux souffrait d’azoospermie, une absence de spermatozoïdes, et moi d’anovulation, je n’ovulais pas. Les solutions qu’on nous proposait étaient toutes très invasives. Nous avons fait quelques essais mais notre couple n’y a pas survécu.”


L’avis de la psychologue: appréhender la vie différemment

Yvonne Prins, psychologue, a elle aussi dû affronter l’impossibilité d’avoir un enfant. “Ce qui est compliqué aujourd’hui, c’est que la science a tellement progressé que quand l’enfant ne vient pas, la situation est encore plus dure à vivre qu’avant. Il faut affronter les remarques de l’entourage du genre: ‘Tu as essayé la FIV?’, comme si de rien n’était. Or, il s’agit d’un traitement exigeant qui n’est pas toujours couronné de succès.”

L’absence d’enfant fait alors partie de soi, et parfois, la peine ressurgit.

La spécialiste tient aussi à souligner qu’on peut être heureux dans ce parcours de vie, sans enfant. Il s’agit alors d’appréhender la vie différemment: “Quand j’interroge des patientes, j’essaie de trouver l’origine de ce désir d’enfant: prendre soin des autres, perpétuer la famille? Une fois le fondement du besoin identifié, on peut essayer de le combler autrement comme en devenant une tata gâteau ou en parrainant un enfant défavorisé, par exemple. L’absence d’enfant fait alors partie de soi, de son identité, et parfois, la peine ressurgit…”.

L’avis de la gynécologue: parfois, il n’y a pas de solution

Sylvie Gordts, gynécologue spécialisée dans le domaine de la fertilité à l’Institut LIFE (Leuven Institute for Fertility and Embryology), répond à nos questions.

Dans quel état d’esprit sont les couples que vous rencontrez en consultation?

“Souvent, ils ont déjà parcouru un long chemin. Ils ont été ballottés entre espoirs et déceptions. Certains éprouvent un sentiment d’échec de ne pas avoir d’enfant de manière naturelle. D’autres ressentent aussi de la culpabilité. Nous mettons donc l’accent sur le traitement médical mais aussi sur le soutien psychologique. Nous leur offrons une structure et peut-être un peu d’espoir à un moment où la situation semble désespérée. Évidemment, sans aucune garantie de succès car malgré les progrès de la science, nous sommes confrontés à des limites.”

Quid quand on a tout essayé?

“Nous n’avons parfois plus d’alternative à la PMA (procréation médicalement assistée). Quand nous annonçons cette nouvelle à un couple, nous mettons un point d’honneur à l’accompagner dans son processus de deuil, si besoin. Renoncer à son désir d’enfant, à ses rêves et se reconstruire est une épreuve. Notre porte reste toujours ouverte, même quand le traitement médical est achevé. Parfois, c’est un ou une collègue psychologue qui prend le relais. Quand cela concerne des patients que j’ai longuement accompagnés, c’est un moment difficile pour moi aussi de les voir repartir les ‘mains vides’, sans grossesse, sans bébé. Vous savez, les médecins sont comme tout le monde…”

Texte: Carine Stevens

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