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Fausse couche précoce: les différentes étapes pour intégrer la nouvelle

Par Justine Leupe

L’annonce d’une fausse couche précoce, même si des signes ont pu alerter, reste un choc. Pour surmonter cet événement, le tout est de ne pas le nier.

“Tu es jeune, tu as la vie devant toi”, “Cela arrive souvent”, “Heureusement, tu en as déjà un”… Les répliques qui se veulent bienveillantes après une fausse couche précoce normalisent cet événement qui est pourtant loin d’être banal pour la femme et le co-parent qui le vivent. On les évitera, donc.

Avant 12 semaines

“La fausse couche précoce est une grossesse qui s’arrête avant douze semaines d’aménorrhée, explique Élodie Elsen, assistante gynécologue au CHU Saint-Pierre, EPU (Early Pregnancy Unit). Lorsque les femmes viennent avec des pertes de sang, on diagnostique parfois des grossesses non évolutives qui s’arrêtent”. Mais il arrive également que la patiente n’ait senti aucun changement et vienne pour une consultation de routine lorsqu’on lui apprend la nouvelle: “Lors de ces fausses couches sans signal, il y a bien souvent un grand état de choc et de sidération. C’est pourquoi nous revoyons la patiente deux ou trois jours après, pour qu’elle ait eu le temps de digérer la nouvelle et qu’on puisse prendre le temps d’en discuter”.

L’attente (ou pas)

Ce qui est très complexe, c’est que lors de l’annonce, la grossesse se déroule encore à l’intérieur de l’utérus: l’embryon n’a pas encore été, ou pas totalement, évacué. D’un point de vue médical, le premier choix est d’attendre que la fausse couche se produise naturellement, mais “si on a devant nous une patiente qui ne se sent pas capable d’attendre une fausse couche spontanée, on s’adapte évidemment”. Un médicament, le Cytotec, est alors proposé. “Pour le futur obstétrical de la dame, on évite de procéder à un curetage (qui consiste à gratter les parois de l’utérus pour récupérer le contenu intra-utérin), ajoute Élodie Elsen. C’est rare, mais le risque est d’abîmer l’utérus et la matrice”.

Le sentiment d’abandon

Après l’annonce, et parfois la sidération, rentrer à la maison et attendre que cette fausse couche se déclenche/se poursuive peut être vécu comme un abandon. “Il n’est pas facile de comprendre que c’est par souci de santé que ce processus est appliqué. C’est truffé de bonnes intentions, mais ce n’est pas toujours perçu comme tel, explique Marie-Laure Gustin, psychiatre en périnatalité au CHU Saint-Pierre. C’est donc important que les gynécologues et les sages-femmes communiquent bien sur cette étape. Et prennent en compte l’émotion de la patiente”.

L’urgence psychique avant tout

Une fausse couche précoce n’est pas une urgence médicale, mais un constat: on ne peut plus rien pour ce bébé. “Par contre, on peut faire quelque chose pour la patiente, on est donc dans l’urgence psychique”. Au-delà du sentiment de solitude, les femmes perdent bien souvent leur insouciance avec une fausse couche: “Elles se sentaient invincibles, sont tombées enceintes, parfois rapidement, et puis d’un coup, tout s’effondre. Bien qu’elles aient déjà entendu parler de fausse couche précoce, elles ont imaginé que ‘ça n’arrivait qu’aux autres’. Avec ce retour de manivelle, viennent les questions: ‘Qu’est-ce que j’ai fait?’, ‘Comment n’ai-je pas été capable de sentir que ma grossesse s’arrêtait?’, ‘Pourquoi je n’ai pas su donner la vie?’…”. Beaucoup d’interrogations, de culpabilité et de dévalorisation naissent en peu de temps.

Le gynécologue et/ou la sage-femme doivent alors accueillir l’émotion de la chute. “Le travail de l’urgence psychique, ce n’est pas le psy qui s’en occupe, détaille la psychiatre Marie-Laure Gustin. Ce n’est que si la nouvelle n’est pas accueillie par la patiente ou si elle s’enkyste que le psychologue/psychiatre arrive en appui”.

L’accompagnement à court et moyen terme

La patiente et le couple doivent savoir qu’il y a des personnes disponibles pour eux: pour les écouter, entendre leur histoire et accueillir leurs ressentis. “Le tout sans jugement. C’est être l’oreille plutôt que d’expliquer des processus concrets. À ce moment-là, la future maman vient d’apprendre sa fausse couche. Si elle n’a pas toujours envie de parler, il faut lui montrer (aussi bien le personnel médical que l’entourage) qu’on est disposé à l’écouter, même si c’est dans deux semaines, trois mois ou six”. Elle saura alors qu’elle peut compter sur certaines personnes.

L’intégration pour mieux rebondir

Pour se remettre d’une fausse couche, il y a d’abord tout le pan médical. “Ensuite, le tout est que la patiente intègre cet événement. Il ne doit pas être mis sous le tapis”, précise la psychiatre. Cette étape est indispensable pour la patiente, mais aussi pour le partenaire, tout comme les enfants (s’il y en a déjà). “Il est important d’intégrer que c’est quelqu’un qui a existé. Le couple peut refermer ce chapitre, mais ne doit pas le supprimer de son histoire”.

À chacun son temps pour cicatriser

Il est important que l’équipe médicale évalue comment ces femmes interprètent leur fausse couche. Cela diffère si elles ont perçu des symptômes ou non, si elles sont de nature terre-à-terre (“c’est la vie, ça ira”), si elles ont déjà un enfant, si c’est leur première fausse couche: “L’après fausse couche dépend de qui elles sont, de la soudaineté de l’annonce et de où elles en sont dans l’investissement de leur grossesse”, poursuit Marie-Laure Gustin.

Avoir un enfant par la suite peut faire partie du cheminement si cette fausse couche a été intégrée. “Tomber enceinte, voir que la grossesse se déroule bien, tout comme l’accouchement, est rassurant pour la jeune maman”, conclut la psychiatre. Mais chaque couple fera son propre itinéraire et prendra le temps dont il a besoin. Aucun procédé de reconstruction n’est figé, l’adaptation et la singularité de chaque situation sont ici les maîtres-mots.

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