Getty Images

Parlez pour être entendue!

«Dis, tu m’écoutes quand je te parle? Alors répète ce que je viens de dire!» Au boulot, en couple, entre amies, on a parfois l’impression de hurler dans le désert. De là à avoir l’impression d’être incomprise et sous-estimée, il n’y a qu’un pas. Qu’il ne faut surtout pas franchir! Des solutions existent.

Pourquoi on ne m’écoute pas?

Cela ne tient pas à vous. Une infinité de facteurs influencent la communication. Dans un dialogue interviennent l’émetteur, le récepteur (avec sa sensibilité, son état actuel), le moyen de communication, le contexte… Une feuille de salade entre les dents peut ruiner un exposé brillant. Un manager en pleine digestion ne retiendra pas vos arguments… Ajoutez à cela ces traitres de mots, qui correspondent tellement rarement à leur définition du dico. Par exemple, la phrase «j’ai un petit souci», chez une personne assertive, signifiera «rien de grave» et chez une personne diplomate ou manquant de confiance en elle exprimera «je meurs de colère, j’ai envie de t’arracher les orteils avec les dents». Si l’on ne vous comprend pas, donc, ce n’est pas nécessairement votre message qui est rejeté. C’est qu’il faut l’adapter.

Le bon moment

On ne règle pas un conflit conjugal à une soirée entre amis. On ne raconte pas ses problèmes professionnels dans les rayons d’un supermarché. On n’évoque pas une idée révolutionnaire à une réunion de travail journalier. «Le contexte doit être neutre, explique Sonia De Grave, psychothérapeute. Vous devez vous assurer que rien ne parasitera le dialogue. Ça commence évidemment par le lieu. Je conseille par exemple d’utiliser un trajet monotone en voiture (pas des embouteillages, ndlr). On a la possibilité de réfléchir face au paysage. En couple, ça peut être intéressant de prendre rendez-vous pour vider son sac dans un contexte agréable, au calme (pas au restaurant, ndlr).» Ne parlez jamais à chaud. N’entamez pas une discussion de fond lorsque l’autre est énervé par le boulot ou les enfants, parce que cela virerait au défouloir.

Donnez de la voix… mais pas n’importe comment!

Rappelez-vous vos chahuts d’école: au milieu, il y avait souvent une prof qui s’égosillait pour ramener le calme… sans résultat. Paradoxalement, le meilleur moyen pour ne pas être perçu par l’autre est en effet de crier! Tout particulièrement, pour les femmes. Cela s’explique par plusieurs raisons.

  • Les aigus crispent. On a découvert que la voix aigüe est ressentie de façon désagréable par les interlocuteurs, surtout masculins. D’abord parce qu’elle paraît plus hystérique, plus irrationnelle et sonne comme un appel à l’aide. Ensuite, il y va de la posture physique. Pour «sortir» des notes hautes avec puissance, on se crispe souvent… et cela génère du stress. Les autres le ressentent, physiquement.
  • La lutte pour le pouvoir sonore s’engage. Hausser le ton fait passer la communication en mode émotionnel. On ne transmet plus d’information utile, on combat l’autre, en essayant de surpasser son volume sonore.
  • L’intimité est rompue. La conversation ou la transmission demandent une relation de confiance, privilégiée. En montant le son, on brise la bulle qui isolait les interlocuteurs, on en appelle, souvent inconsciemment, à une aide extérieure. L’autre, alors, se sent en danger. Et la meilleure défense, pour beaucoup, c’est l’attaque.

Comment réagir, quand on n’arrive pas à en placer une?

  • En se taisant. Le silence est d’or! Et non, ce n’est pas une attitude de soumission, parce que l’on peut exprimer énormément de choses en n’ouvrant pas la bouche. On se pose, on fixe son interlocuteur dans les yeux, sans manifester de signes d’impatience. Lorsque l’interlocuteur fatigue, on n’enchaîne pas tout de suite. On laisse l’espace sonore vide. Cela surprend l’autre et lui fait dresser l’oreille, attendre ce qui va arriver.
  • En baissant le ton. Refusez l’escalade et replacez la communication en mode échange, en diminuant le volume.
  • En passant aux graves. Vous serez obligée de respirer par le ventre, de relaxer les épaules. C’est plus confortable et vous rend plus sûre de vous.

Du caaaaalme!

Ralentissez! Le débit humain normal est de 140 mots par minute. Barack Obama a été estimé à 117. Il articule. Il laisse chaque mot pénétrer ses interlocuteurs, pour qu’il soit parfaitement compris. Soyez économe dans vos paroles. Choisissez minutieusement vos termes. Une avalanche de bavardages épuise l’autre. Au bout de quelques minutes, il sature… et ne vous entend plus.

Donnez vos conclusions

Une sale habitude consiste à réfléchir à voix haute. Vous semblez confuse, l’autre a la sensation de perdre son temps. Pensez. Puis exprimez le résultat de vos cogitations.

Interpellez

«Le meilleur moyen d’être écoutée ou de relancer un dialogue, explique Sonia De Grave, psychothérapeute, c’est d’appeler l’autre par son prénom (ou un surnom). Cela réactive immédiatement son attention. C’est aussi un son qui lui est agréable. Il ne faut pas en abuser, sous peine de paraître artificielle. On évite aussi, vraiment, les monologues qui endorment. Il est important, dans une conversation, d’inclure l’autre, par des relances. Demandez-lui ce qu’il pense. Ce qu’il ressent. Ça l’oblige à écouter, parce qu’il sait qu’il va devoir réagir. Cela évite aussi un autre écueil dans lequel tombent souvent les couples: les monologues croisés. Plutôt que de s’écouter, chacun prépare son discours, sans accorder l’attention suffisante à ce qui est dit. Pour relancer l’écoute active, c’est bien d’obliger l’autre à interagir.» Une autre technique consiste, si c’est possible, à légèrement toucher l’autre. Effleurer son bras, par exemple, pour le ramener dans le présent de la conversation.

Parler par écrit?

C’est souvent une bonne idée. Le tout est de choisir le bon canal. Car l’écrit nous prive d’une série d’informations, que les smileys ne remplacent qu’à moitié. Bonjour les non-dits, bonjour les malentendus.

Le mail? Oui… mais

  • Un mail arrive parmi d’autres. Il est vite noyé dans une boîte de réception. Il peut ne pas être lu. Il peut être postposé à plus tard.
  • Un mail est un outil asynchrone. Il implique une réponse rapide. Et l’attente pour celui qui l’a envoyé, avec tout ce que cela comporte comme stress.
  • Un mail n’est pas lu avec attention. Vous y exprimerez peut-être la subtilité de votre pensée et de vos sentiments… Mais votre interlocuteur risque de le consulter avec un œil qui traîne sur sa page Facebook et le doigt sur la souris à la recherche d’une veste sur Zalando.
  • Un trop long mail décourage. L’internaute est paresseux et a la capacité d’attention d’un poisson rouge pané.

Le bon mail, donc, sera clair. On y précise l’objet de la communication (ben oui). Ensuite, sa structure doit sauter aux yeux. Pas de bloc de texte condensé. Allez à la ligne, faites des paragraphes. Et groupez une idée par paragraphe. Les phrases sont courtes, sans parenthèses interminables ni redites. On ne le transforme pas non plus en arbre de Noël. Ce qui veut dire qu’on limite nos pulsions de smileys clignotants. Un petit sourire à la fin suffit. Enfin, oui, terminez par une petite formule de politesse, un au revoir, un «je t’aime»… et signez-le. Toujours.

Je t’écris une lettre…

Prendre un bic, une feuille, une enveloppe, un timbre, aller jeter le tout dans une boîte postale… Ça, ça en jette. Devant tant d’efforts, votre correspondant sera obligé de se poser et de lire attentivement vos pensées. Et vous, cet exercice vous aura imposé de les structurer. La lettre, la vraie, est donc un medium à portée maximale, que vous réserverez aux grandes occasions. C’est d’ailleurs l’un des outils favoris des thérapeutes. On y livre ses pensées. On prend le temps de les évacuer (soulagement, apaisement). Attention, toutefois, la lettre est un monologue. Elle est, aussi, soumise à interprétation. Elle impose un debriefing oral, pour que l’autre ait l’occasion de s’exprimer et de réagir. Puis surtout… On laisse la main à son correspondant. Pas de «Tu as reçu ma lettre?» culpabilisateur (à traduire par «j’attends ta réponse»).

Vous ne savez pas par où commencer?

Tout d’abord, attirez l’attention de votre interlocuteur par une phrase choc. «Je vais te dire quelque chose que je n’ai jamais dit» (paf!). Evitez les menaces ou les plaintes. Pas de «Il faut que je te parle parce que ça ne va plus» ni de «Je ne peux plus supporter…» ou pire «C’est notre dernière chance». On vous conseille de suivre le plan proposé par la psychologue Suzan Forward dans son livre Parents toxiques (éditions Marabout). Divisez votre texte en quatre paragraphes, qui récapituleront…

  1. Les faits «Voici ce que tu m’as fait» (sans accusation vindicative, décrivez de la façon la plus neutre possible);
  2. Les émotions «Voici comment je l’ai interprété, ce que j’ai ressenti» (lâchez-vous);
  3. Les effets «Voici les conséquences sur ma vie» (de façon concrète, cash, courte);
  4. Le futur «Voici ce que j’attends» (net, précis, mais gentil, en laissant une place à la discussion).

Non, jamais de sms!

Pour certaines personnes, terminer un sms par un point est signe d’agressivité! A la question «Tu rentres tôt ce soir?» Mieux vaudrait écrire «Oui», qui semble amical ou neutre, que «Oui.», qui paraît assertif et péremptoire et met fin sèchement à la discussion. Sauf que… on nous a appris qu’une phrase se terminait par un point. Pour beaucoup, le signe va de soi. Alors que d’autres le vivent comme un froncement de sourcils, à traduire par «Ok, évidemment, pourquoi tu me demandes, je suis occupé.» Tout ça pour un point! Alors imaginez les fossés qu’une parole mal formulée ou l’absence d’un smiley, d’un bonjour, d’un bisou final peuvent creuser. Et les tensions qui en découlent. Moralité: on n’envoie un sms que pour demander (avec smiley), de rapporter du lait ou d’aller chercher les mômes à l’école. On vous accorde un «je t’aime» ou un «ce soir, je te réserve une surprise». Pour le reste, choisissez un autre canal.

 

La règle d’or de la communication efficace: K.I.S.S.

Keep It Simple and Smart (restez simple et concis)

 

Texte: Hélène Delforge

Ces articles psycho pourraient également vous intéresser

Pour être au courant de toutes nos astuces mode, beauté, cuisine et l’actualité, suivez-nous sur notre page Facebook, nos comptes Instagram et Pinterest, ou inscrivez-vous à notre newsletter.

Contenu des partenaires

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.