
Comment vivre avec un Calimero sans s’arracher les cheveux?

Un ami d’enfance, une collègue, un membre de la famille, un conjoint… On a tous un Calimero dans notre entourage. Si ce petit poussin noir vit sous le même toit que vous, il existe des astuces pour cohabiter sans se voler dans les plumes.
“C’est vraiment trop injuste”, “Tout le monde est contre moi”, “Je n’ai pas de chance”, “Ça n’arrive qu’à moi”… On a tous un peu de Calimero en nous, mais chez certains, c’est un véritable syndrome. Les jérémiades à répétition et le sentiment d’injustice d’une personne qui présente ces symptômes cachent un profond mal-être. S’il est facile d’échapper à une collègue râleuse, la tâche est plus éprouvante lorsqu’on vit avec le Calimero.
D’où vient le syndrome de Calimero?
Naît-on Calimero ou le devient-on? Anne-Françoise Meulemans, médecin psychothérapeute et coordinatrice de CentrEmergences, confirme que ce syndrome est acquis (et non inné). Elle ajoute ensuite qu’il peut être inconsciemment transmis à l’enfant dans le milieu familial, si ce dernier habite avec des parents qui voient toujours le verre à moitié vide et vivent dans la plainte et l’impuissance. Si ce n’est pas le cas, il peut aussi avoir été causé par un (des) événement(s) difficile(s), voire traumatique(s), durant l’enfance, l’adolescence ou à l’âge adulte.
Que faire si mon Calimero ne se rend pas compte de son syndrome?
Si votre Calimero n’a pas conscience d’en être un, il peut être bon de l’amener, sans parler du syndrome, à une prise de conscience qu’il est dans cette posture, explique la médecin psychothérapeute. “Tout dépend du lien et de la confiance [que vous entretenez] avec cette personne, et de sa capacité à pouvoir l’entendre, mais il peut être bon de lire sur ce syndrome, de lui expliquer ce que c’est et de voir si elle peut s’y reconnaître ou pas.”
Une main de fer dans un gant de velours, la psychothérapeute utilise cette expression pour expliquer comment “amener ses vérités-là à l’autre, avec autant de vérité et de frontalité que de douceur”. Pour paraphraser, il faudrait pousser le Calimero à une réflexion propre sur les raisons qui le poussent à toujours se plaindre, sur la raison pour laquelle les solutions qu’on lui offre ne sont jamais bonnes, et que tout lui semble si difficile. “Partir de la souffrance de l’autre avec cette réflexion, de comment il réagit par rapport à sa propre souffrance, peut être une voie d’entrée dans cet échange.”
3 pistes pour vivre avec son Calimero sans y laisser des plumes
1. Offrir de l’écoute et de l’empathie
“Un certain niveau d’écoute et d’empathie par rapport à l’autre se justifient, mais ça doit se jouer en decrescendo”, explique Anne-Françoise Meulemans. Dans l’idéal, il faudrait donc écouter la souffrance de son Calimero, mais pas trop.
Selon la psychothérapeute, si l’écoute et l’empathie sont importantes face à un Calimero, ce modèle n’est pas la seule et unique marche à suivre. Rompre l’attention et la compassion qu’on porte aux paroles de ce dernier permet de ne pas entretenir ce discours négatif qui ne fait du bien à personne, encore moins au Calimero. “Certaines personnes vont réagir en coupant court au débat et en n’étant pas emphatiques, et ça peut fonctionner”, explique-t-elle. “Si dans le couple, par exemple, il y a une prise de conscience que l’autre est tout le temps dans la plainte, il faut se poser la question du rôle qu’on peut jouer là dedans, pour voir comment se comporter vis-à-vis de l’autre.”
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2. Le mode acteur
Anne-Françoise Meulemans propose d’essayer d’accompagner au mieux le Calimero, de “se mettre du même côté de la rivière”. Pour que votre poussin grincheux sorte de cet état de victimisation et d’impuissance, la psychothérapeute conseille d’essayer de le rendre acteur, à travers une tierce personne. “On peut le pousser à imaginer quels conseils il donnerait à quelqu’un d’autre dans la même situation. Parce qu’il a tellement l’habitude de vivre sa propre impuissance, le fait d’imaginer que ça puisse arriver à une autre personne l’amène à être dans la recherche de solutions et à avoir accès à ses propres ressources. Ça peut être surprenant de voir comme on peut trouver des solutions pour l’autre et pas pour soi.” Ce petit jeu permet ainsi de remettre un équilibre dans la relation, d’amener son Calimero à être acteur de sa vie, et à plus écouter les autres.
3. Le jeu de l’élastique
Enfin, il est possible de mettre en place avec son conjoint (ou son parent, son enfant) une technique pratique. Si vous souhaitez aider votre Calimero préféré à prendre conscience de son syndrome, Anne-Françoise Meulemans propose un jeu simple. Suggérez à votre moitié de mettre un élastique à son poignet, et de le changer de côté à chaque fois que, via son propre discours, il se met dans une position de victime et que l’autre est le bourreau.
Quid de la thérapie?
Une autre solution serait de proposer à la personne souffrant du syndrome de Calimero de prendre rendez-vous pour débuter une thérapie. Toutefois, si cette dernière semble fermée, ce n’est pas la peine de la pousser. “Si le Calimero ne veut pas en démordre parce qu’il y trouve trop de bénéfices secondaires, et qu’il a trop de limites – il faut avoir une capacité à se remettre en question -, il n’ira probablement jamais en thérapie”, explique Anne-Françoise Meulemans.
En revanche, “Si le Calimero ne se retrouve pas dans sa manière de fonctionner, qu’il n’est pas bien, la thérapie est importante, car elle permet d’aller dans les mécaniques qui l’amènent là où il est”, explique-t-elle. “Dans le syndrome de Calimero, il y a une perte d’autonomie, une sorte de blocage à un stade d’assistanat permanent. Le climat de sécurité donné par la consultation de la psychothérapie permet au patient de pouvoir envisager une posture plus adaptée et plus confortable pour lui, et de regagner une marge d’autonomie et d’émancipation.”
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