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Témoignage: “J’ai fait un déni de grossesse”

Par Tatiana Czerepaniak

Le déni de grossesse concerne une femme sur 1000 chaque année. Parmi elles, Natacha, qui a su qu’elle était enceinte à environ 6 mois de grossesse. 

Si pour certaines femmes tomber enceinte est un parcours du combattant, d’autres se voient catapultées dans une grossesse sans n’avoir rien demandé. Des bébés “surprises” qui parfois se cachent, comme s’ils se refusaient le droit d’exister. C’est ce qu’on appelle le déni de grossesse ou le fait d’être enceinte sans en avoir conscience. Un déni qui peut être partiel, lorsqu’on apprend tardivement la grossesse, mais avant le terme, ou total, la grossesse n’étant alors découverte qu’au moment de l’accouchement.

Natacha a 30 ans. Et si elle est aujourd’hui l’heureuse maman de trois filles, elle a mis le pied dans la maternité de manière compliquée, puisqu’elle a fait un déni partiel lors de sa première grossesse. C’était il y a dix ans. Une situation qui a rendue très difficile la construction du lien entre elle et sa fille. Elle partage avec nous son parcours aussi complexe qu’émouvant.

Natacha nous raconte son déni de grossesse

La jeune femme venait d’emménager avec son amoureux, et s’ils souhaitaient tous les deux fonder une famille, ce n’était pas pour ainsi dire au programme. “Cela faisait quatre ans qu’on était ensemble et on savait que l’on voudrait des enfants un jour, mais certainement pas à ce moment-là. J’avais quitté mon boulot et j’étais à la recherche d’un emploi plus intéressant. Mais surtout, on voulait vraiment profiter de cette vie à deux avant de devenir parents. On s’était dit qu’on y penserait dans 4 ou 5 ans, certainement pas avant”.

“Vous êtes enceinte”

La vie en a décidé autrement. Un jour, Natacha ressent des douleurs au niveau du ventre, comme des crampes. Elle se rend alors chez son médecin généraliste, qui ne note rien de particulier. La jeune femme prend patience, pensant que ça passerait. Mais plusieurs semaines après, les douleurs sont toujours bien présentes. Elle prend alors rendez-vous avec son gynécologue afin de faire un bilan. Lors de cette consultation, le médecin lui fait passer une échographie et constate que la jeune femme est enceinte. Un choc incroyable pour Natacha, qui refuse de regarder l’écran: “J’étais vraiment choquée. Le monde s’écroulait littéralement sous mes pieds et, surtout, je ne comprenais pas ce qu’il se passait, puisqu’à part les crampes, je n’avais aucun symptôme: pas de nausées et des règles régulières. J’avais juste remarqué que ces dernières étaient moins abondantes depuis un temps”.

“Je ne veux pas de ce bébé”

Natacha rentre chez elle et annonce la nouvelle a son compagnon, qui le prend assez bien. Une deuxième échographie a lieu une semaine plus tard, en sa présence. Lors du premier rendez-vous, la jeune femme était si choquée que le gynécologue ne lui avait donné aucun renseignement concernant le terme ou même le sexe du bébé. Lors de cette deuxième échographie, il lui annonce qu’elle attend une fille, et qu’elle est enceinte de six mois. Une nouvelle que la future maman prend mal: “Les semaines qui ont suivi ont été très compliquées. Je ne voulais tout simplement pas de ce bébé et je faisais tout pour oublier cette grossesse. Je ne ressentais d’ailleurs rien: le bébé bougeait à peine et si j’avais le malheur de ressentir quoi que ce soit, c’était un drame pour moi. Je détestais la sentir en moi, je détestais être enceinte”.

Jusqu’à l’accouchement, le déni total

“Pendant ces trois mois qui me séparaient de l’accouchement, j’ai refusé de préparer quoi que ce soit”, nous raconte la maman. Logique, puisque dans sa tête, elle n’est pas vraiment enceinte. “Ma maman m’a malgré tout forcé à acheter quelques petites choses, mais pendant ces moments shopping, je me sentais totalement détachée, comme si j’achetais des habits et objets pour quelqu’un d’autre que moi et mon enfant”. Le jour de l’accouchement, Natacha a la même sensation, comme l’impression d’être extérieure à ce qu’il se passe: “Comme si mon corps était en mode automatique. J’étais tellement dans le déni que je ne ressentais même pas les contractions”. Lorsqu’on lui met pour la première fois son bébé sur le ventre, Natacha répète à plusieurs reprises qu’il n’est pas le sien.

Ne pas déranger

Les premiers mois de sa nouvelle vie de maman se passeront dans le même état d’esprit. “Ma fille était un bébé extrêmement discret en ma présence, comme si elle ne voulait pas déranger. Lorsque son papa rentrait du travail, c’est comme si elle se réveillait et s’autorisait à vivre: elle souriait, s’éveillait et riait lorsque Maxime la prenait dans ses bras, alors qu’elle pleurait dans les miens”. Et si la jeune femme fait tout pour bien s’occuper de sa fille, elle ne ressent pas le bonheur de materner.

Une deuxième grossesse

Lorsque la fillette a environ 18 mois, Natacha retombe enceinte – un bébé désiré, cette fois – mais la grossesse doit s’interrompre: le fœtus a un gros souci de santé et Natacha doit se contraindre à faire une interruption médicale de grossesse. Elle met alors sa première petite fille de côté. Heureusement, celle-ci est très entourée par le reste de la famille. Son compagnon, ses parents et ses beaux-parents couvent l’enfant d’amour et la petite vit plutôt bien la situation. C’est une enfant souriante et heureuse.

Rapidement après, Natacha retombe enceinte. Une petite fille (encore une) qui naîtra en pleine santé. Mais cette naissance et surtout le lien que la jeune femme tisse avec ce bébé est comme un électrochoc pour Natacha, qui se rend compte que la relation qu’elle a avec son aînée n’est pas normale. Elle se sent de plus en plus coupable à mesure qu’elle apprend à être maman avec ce deuxième, et veut changer les choses. Elle tente d’être plus maternelle, mais n’y parvient pas, et prend conscience qu’elle doit se faire aider: “Je voulais rattraper les choses. J’en ai beaucoup parlé autour de moi. Un jour, quelqu’un m’a dit: ‘En fait, tu voudrais revivre ton accouchement pour prendre consciente que tu es sa maman’. Et c’est la révélation, parce que oui, c’est exactement ce que je voulais!”.

Accoucher de sa fille

Ce proche lui donne les coordonnées d’une kinésiologue spécialisée dans la réparation des liens. Natacha est assez sceptique, mais elle prend rendez-vous en se disant que “cela ne peut pas leur faire de mal”. Son aînée a alors 5 ans. La spécialiste demande à Natacha d’expliquer, à haute voix et en présence de sa fille, l’histoire de cette grossesse et de cette maternité, pour que la petite comprenne ce qu’il s’est passé. Elle propose ensuite à Natacha de continuer les explications en se mettant sur la table de consultation et de tenir sa fille entre ses jambes. Lorsque la jeune femme explique le moment de la délivrance, la fillette se met à pleurer comme un bébé qui viendrait de naître.

Natacha aussi fond en larmes, elle a le sentiment d’accueillir pour la première fois sa fille, ce bébé. Ce sera d’ailleurs le premier vrai câlin que la mère et la fille partageront. Après cette séance aussi constructrice qu’éprouvante, une relation plus vraie s’installe entre la maman et son aînée.

Une nouvelle petite sœur qui vient sceller la relation

En 2017, Natacha retombe enceinte. Une grossesse non programmée qui, contrairement à sa première, sera très bien accueillie. Pendant cette grossesse “cadeau”, son aînée s’implique énormément. “C’est un peu comme si elle vivait sa propre gestation à travers celle de sa sœur. Elle voulait absolument venir aux échographies, préparer avec moi l’arrivée du bébé, posait énormément de questions et faisait constamment des câlins à mon ventre. Comme si elle s’appropriait cette grossesse pour se réparer, passer le cap du déni. Je peux dire que ça a scellé davantage encore notre lien”.

Réparer le passé?

Aujourd’hui, mère et fille vivent en harmonie. Natacha est une maman comblée de trois filles, et elle a même tendance à être très protectrice envers son aînée. “Contrairement aux cadettes, mon aînée est une enfant assez timide et très sensible. Comme je sais que je ne peux pas revenir en arrière, je tente chaque jour de me pardonner et de réparer le passé en la protégeant peut-être un peu plus que ses sœurs, qui sont quant à elles assez fonceuses et surtout moins timides”.

 

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