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Témoignage: “J’ai donné naissance à mon deuxième enfant dans mon salon”

Par Tatiana Czerepaniak

Accoucher à domicile était le choix de Charlène, maman de deux enfants de 5 ans et 18 mois, et dont la petite fille a vu le jour dans le salon familial. Un témoignage plein de puissance et de rebondissements!

En Belgique, pour 117.000 naissances environ sur une année, seules 500 ont lieu à la maison. Il faut dire que notre société prône encore et toujours les naissances ultra-médicalisées, pour le meilleur et pour le pire. Mais si l’hôpital est pour nombre de futures mamans l’endroit où elles se sentent le mieux accompagnées pour accoucher en toute sécurité, d’autres rêvent de donner naissance sans assistance médicale et surtout, depuis leur foyer. Charlène, jeune maman de deux enfants, est de celles qui souhaitaient plus que tout au monde accoucher à domicile. Un rêve qu’elle a réalisé en 2019. Aujourd’hui, elle nous parle de son expérience singulière et des raisons qui l’ont poussée à se tourner vers un accouchement à domicile pour la naissance de son deuxième bébé.

“J’ai toujours voulu accoucher chez moi”

“Déjà pour mon premier enfant, je souhaitais vivre l’accouchement le plus physiologique possible: donner naissance dans une lumière tamisée, laisser bébé arriver à son rythme, couper le cordon tardivement… Hélas, pour un tas de raisons, ce projet de naissance n’a pas abouti: mon accouchement a été pris en main par une sage-femme peu à l’écoute et cela s’est terminé avec une épisiotomie non consentie et un cordon coupé directement. Bref, j’ai eu un accouchement protocolaire, peu dans l’écoute de mes besoins. Et je ne l’ai pas très bien vécu”.

Charlène ayant accouché dans la soirée, elle doit remonter en chambre rapidement, sans son mari… Un vrai coup dur pour la toute jeune maman, qui se sentira peu entendue par le corps médical pendant tout son séjour à la maternité. “J’avais l’impression que l’on m’infantilisait: on me disait ce que je devais faire, ce que je ne devais pas faire, je me suis même fait enguirlandée par des sages-femmes parce que je n’arrivais pas à positionner bébé correctement à mon sein droit… Ça me paraissait irréaliste”. Et si la jeune femme ne ressent pas rapidement le besoin de faire un autre enfant tant elle se centre sur son bébé les premières années, elle en est certaine: elle n’accouchera plus jamais à l’hôpital.

Un deuxième bébé et un projet clair de naissance

Quand Charlène tombe enceinte de son deuxième, ce projet d’accouchement à domicile (AAD) revient comme une évidence, mais son conjoint n’est pas pour autant d’accord avec l’idée. Qu’à cela ne tienne, la maman entre rapidement en contact avec une sage-femme qui accouche à domicile. Sauf que cette dernière est claire: ce projet d’AAD doit être celui du couple, et pas uniquement de la mère. Le couple et la professionnelle parlent beaucoup, et le conjoint de Charlène finit par expliquer qu’il a peur pour sa femme et son futur bébé. “On s’est rendu compte qu’il craignait que les choses tournent mal… Heureusement, la sage-femme a su trouver les mots pour le rassurer, et il a finalement accepté d’être embarqué dans l’aventure”. Médicalement, tous les feux sont au vert pour Charlène: elle n’a pas de soucis de santé, ses prises de sang sont parfaites et aucune complication n’est à prévoir au niveau de la grossesse. Les conditions requises pour un AAD.

Pendant toute sa grossesse, Charlène sera suivie uniquement par sa sage-femme à raison d’une fois tous les 15 jours, et elle fera une prise de sang chaque mois afin de vérifier que tout va bien. Parallèlement, l’accoucheuse met un point d’honneur à apprendre à Charlène le lâcher-prise par le yoga prénatal, et en parlant beaucoup avec elle. Charlène se sent en très en confiance, malgré l’avis de son entourage qui est plutôt contre ce projet: “Beaucoup ne comprenaient pas mon désir profond d’accoucher chez moi… Pour eux, je mettais ma vie et celle de mon bébé en danger en agissant de la sorte. Mais moi je savais que je pouvais le faire, et je voulais sortir de cette idée que les femmes ne peuvent pas accoucher sans l’aide de la médecine. Et je ne leur en veux pas: pour beaucoup, les accouchements ne peuvent se faire qu’à l’hôpital, ce sont des craintes inscrites très profondément en nous”.

Un accouchement à deux doigts de se faire à l’hôpital

Quelques semaines avant la naissance, la sage-femme annonce une mauvaise nouvelle à Charlène: elle doit impérativement s’absenter quelques jours tout près de la date du terme, et si bébé se décide à ce moment-là, Charlène devra accoucher à l’hôpital. Un coup dur pour la future maman. Charlène prie pour que bébé ne se décide pas le jour J et, fort heureusement, il reste bien au chaud, mais elle n’est pour autant pas au bout de ses peines, puisqu’en dépassant le terme, Charlène s’expose à l’obligation d’un déclenchement… et donc d’un accouchement à l’hôpital! “Quand ma sage-femme revient, je suis soulagée, mais l’ombre de l’accouchement médicalisé plane toujours. Je dois désormais aller toutes les 48 heures à l’hôpital pour un monitoring, afin que l’on s’assure que le bébé va bien. Trois jours après le terme, on me dit que si bébé n’est pas là d’ici deux jours, je devrai rentrer à l’hôpital pour me faire déclencher”.

Charlène vit difficilement cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Elle tente le tout pour le tout et consulte un acupuncteur reconnu de sa région pour aider les femmes dans le déclenchement naturel de leur accouchement. Celui-ci lui souffle à l’oreille que comme tout va bien pour elle, elle pourra certainement demander un délai supplémentaire. Il avait vu juste: le corps médical donne un dernier délai de 24h à la future maman, mais il est clair: si elle n’a pas accouché d’ici demain, elle devra entrer à l’hôpital pour se faire déclencher.

Les montagnes russes émotionnelles

Charlène voit son rêve s’envoler. Elle pleurera toute la soirée et toute la nuit, passant par un spectre d’émotions: la colère, la tristesse, la rage… Mais vers 3h du matin, il y a cette sensation de tiraillement, qui se transforme très vite en contractions. “Je préviens mon mari, histoire qu’il aille déposer notre fils chez ses parents. Je n’ose y croire et en même temps, tout en moi me dit ‘Ok, finalement tu vas accoucher chez toi, comme tu le désirais’. Tout va ensuite très vite: je surfe sur la vague des contractions qui sont de plus en plus rapprochées, je marche dans ma maison, je me pose quand j’en ressens le besoin, je me mets dans ma bulle. Mon conjoint appelle la sage-femme qui débarque vers 5h du matin. Sa présence m’aide à me laisser emporter dans la puissance de ce que je vis. Elle m’aide à relâcher la pression entre chaque contraction et à me concentrer sur mes ressentis”. Charlène nous confie qu’elle est comme hors du temps, envahie par une énergie très puissante: “Je me sens libre de m’écouter, de vivre cet accouchement à mon rythme et selon mes émotions, et c’est très fort”. Sa fille naîtra vers 6h du matin.

“Je me sentais en sécurité dans mon cocon”

Charlène vivra les moments qui suivent la naissance comme son accouchement: en parfaite osmose. Chez elle, elle se sent en sécurité et n’a pas cette pression que l’on peut ressentir lorsqu’on est à la maternité: “J’ai pu manger et boire directement, me reposer dans mon fauteuil; tout cela était si fort et rassurant. Je me suis sentie telle une louve dans sa tanière”. De cet accouchement à domicile, la jeune maman ne retient qu’une chose: le bonheur d’avoir pu vivre une naissance en pleine conscience, et la joie d’être actrice de ce moment si important dans la vie d’une femme. “Avoir accouché chez moi m’a fait gagner en confiance, et prendre conscience que je suis capable de faire correctement les choses. Je me dis souvent que si j’ai su accoucher chez moi, je peux tout faire!”

Accouchement à domicile: les conseils de Charlène pour s’y préparer

  • Trouver la bonne sage-femme qui vous aidera à porter votre projet, qui vous aiguillera et vous rassurera tout en étant assertive.
  • S’écouter dans son projet de naissance et ne pas laisser les autres vous transmettre leurs peurs et les angoisses qui leurs sont propres.
  • Avoir foi en soi et en sa capacité à donner naissance.

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