famille nombreuse
Après les doutes et les craintes vient le moment de profiter de la richesse d'une fratrie. © Getty Images/Westend61

Un petit troisième? Ces mamans expliquent pourquoi elles ont dit oui

Par Elise Parentani

Aurélie, Lucie et Héline sont mères de familles nombreuses. Autour d’elles, ce modèle est loin d’être majoritaire. Que la venue d’un troisième enfant ait été une évidence ou une surprise, elles partagent avec nous leur cheminement vers une tribu qu’elles disent “enfin complète”.

Démarche écologique, développement de carrière, besoin de temps pour soi ou d’espace chez soi… Certains arguments poussent des parents à questionner leur projet d’avoir plusieurs enfants et remettent parfois totalement en question leurs rêves de grande famille. Aurélie, Lucie et Héline, accompagnées de leurs conjoints, ont décidé de suivre leur instinct. Aujourd’hui, elles nous expliquent avec sincérité d’où est né ce désir, ce qui les a poussées à l’écouter ou à accepter cette “surprise de la vie”, et les changements que ce troisième enfant a généré dans leur quotidien.

Aurélie: entre rêve de jeunesse et réalité professionnelle

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Aurélie a toujours voulu une famille nombreuse. “Venant d’une fratrie de quatre, il m’a toujours paru normal d’avoir un jour des enfants, et même plusieurs! J’ai vécu une enfance heureuse avec mes sœurs et je voulais pouvoir offrir à mes enfants ce plaisir. Deux, cela me semblait trop peu, et quatre, un peu trop; trois me paraissait donc être le nombre idéal. Quelques années après la rencontre avec mon conjoint, nous avons abordé l’envie d’avoir des enfants et régulièrement, nous parlions d’en avoir trois, un modèle que lui-même a connu”.

J’ai vécu une enfance heureuse avec mes 3 sœurs, je voulais offrir ce plaisir à mes enfants

Une vie déjà bien remplie

“Lorsque j’ai eu ma deuxième fille, il était encore clair dans ma tête qu’un troisième viendrait un jour rejoindre la famille. Cependant, c’était une discussion à avoir avec mon conjoint car entre nos rêves de jeunesse de fonder une famille nombreuse et notre réalité professionnelle, nous devions y réfléchir à deux fois. Il voyage régulièrement dans le cadre de son travail et je me retrouve donc seule à la maison avec mes enfants, à devoir gérer le quotidien (école, boulot, courses, ménage, repas…). Avec ce rythme, j’ai eu quelques doutes. Ce n’est pas le manque d’amour ou de temps à donner à mes grandes qui me faisaient peur, mais bien le fait de ne pas réussir à gérer seule trois enfants en bas âge et donc de ne plus me retrouver dans mon rôle de maman”.

Le juste milieu

“Après plusieurs discussions, nous avons conclu que si nous voulions avoir ce troisième enfant, il fallait qu’on s’y mette avant qu’il ne soit trop tard, que l’écart avec les grandes ne se creuse et que nous n’ayons plus envie de nous replonger dans les couches. Il a fallu repenser notre organisation aussi. Nous avons questionné notre mode de vie, nos boulots respectifs et avons essayé de trouver un juste milieu”.

Les deux parents placent leurs pions. Le mari d’Aurélie choisit de diminuer ses déplacements à l’étranger durant les premiers mois après l’accouchement du troisième. “En ce qui me concerne, nous dit Aurélie, j’ai changé de travail. Je suis plus près de mon domicile et mes horaires sont plus en accord avec mon envie de passer du temps en famille, tout en correspondant à mes attentes professionnelles”.

Après mon dernier accouchement, j’ai eu la sensation que notre famille était au complet

“Après mon dernier accouchement, j’ai eu la sensation que notre famille était au complet. Nous voilà donc à cinq, prêts à construire nos souvenirs tous ensemble”, se réjouit Aurélie. Bien sûr, la logistique du quotidien n’est pas de tout repos: “Un peu plus de linge, plus de jouets à ranger, une voiture pas trop adaptée à cause de sièges auto trop encombrants, deux endroits différents où déposer les enfants le matin… Il y a aussi le manque de sommeil, qui est toujours bien présent et usant”.

Malgré tout, ce troisième enfant est joyeusement accueilli par les parents désormais rodés. “Une collègue m’a toujours dit que pour le passage entre deux et trois enfants, on n’y voyait pas de différence. Je ne serais pas si simpliste, mais c’est vrai qu’on se sent plus à l’aise dans notre parentalité avec ce troisième. Mes aînées sont très à l’écoute des besoins de leur petite sœur et apportent volontiers un coup de main. Elles sont assez autonomes, cela me laisse l’occasion de gérer uniquement la plus jeune pendant qu’elles prennent leur bain, s’habillent, se brossent les dents, par exemple”.

Lucie: secouer le cocotier et revivre une maternité

Pour Lucie, le dilemme du troisième a été longtemps réfléchi, débattu, discuté… Mais finalement, les questions pragmatiques ont été mises de côté pour écouter ce désir, à l’évidence bien présent. En septembre 2023, Léonie, 6 ans, et Augustin, 3 ans et demi, deviendront les frères et sœurs de Claude, surnom d’emprunt donné au petit troisième, dont les parents souhaitent découvrir le sexe à la naissance.

“Au moment de penser à avoir des enfants, mon mari, qui vient d’une fratrie de quatre, voulait vraiment une famille nombreuse. Encore plus que moi! Je pense qu’on reste malgré tout guidé par un schéma familial qu’on a connu. De mon côté, je viens d’une fratrie de trois et on s’est rapidement projeté dans cette idée”. Un chiffre qui est resté en tête après l’arrivée du deuxième… “Pour moi, trois enfants, ça faisait vraiment famille alors que deux, ça sonnait comme un projet pas abouti. Deux parents et deux enfants, qui plus est une fille et un garçon, ça faisait cliché de famille parfaite, un peu trop carrée. Un troisième, ça va venir foutre le bordel dans tout ça”.

Pour le premier, tu crées une famille. Avec le deuxième, tu crées une fratrie. Au troisième, tu réfléchis…

Malgré tout, même si l’envie était là, après la venue du deuxième, et au moment de rendre ce projet concret, les questions ont fait leur apparition. “Pour nous, se décider n’a pas été une mince affaire. Pour le premier, c’est un projet de créer une famille, si tu veux ça, tu ne réfléchis pas. Avec le deuxième, la logique de la fratrie entre en compte. Le troisième, c’est celui pour lequel tu pèses le pour et le contre! Nos deux enfants sont super, en bonne santé, ils vont bien, est-ce qu’on ne risquait pas de tout déséquilibrer?”.

Retour aux langes et mauvaises nuits

“Quand on a recommencé à y réfléchir, notre garçon avait 2 ans. On sortait des langes, des biberons et des mauvaises nuits. Nous avions aussi envie de garder des vies professionnelles dans lesquelles on peut s’investir, des carrières dans lesquelles on a le temps et l’occasion de réaliser des choses. À cela, s’ajoutait l’envie de moments pour soi, pour faire du sport… Il y avait aussi les idées écologiques. Le monde ne va pas très bien, pourquoi remettre un enfant là-dedans? Finalement, même si on se disait que ça allait être rock’n’roll, on a conclu que ce dilemme du troisième n’allait pas se résoudre avec des questions logistiques et pragmatiques! On s’est laissés guider par ce désir. L’envie était là, alors on a tenté, sans se mettre de pression”.

Lucie se réjouit aussi d’avoir une chance de plus de vivre une mise au monde comme elle l’entend. Pour son deuxième, la maman a dû faire une croix sur l’accouchement physiologique dont elle rêvait. Donner la vie par césarienne a été une épreuve et son petit garçon est arrivé en plein confinement. “Cela n’a été agréable ni pour moi ni pour mon mari. On a envie de rattraper ça et de vivre ce troisième accouchement et post-partum différemment. J’ai le désir de pouvoir m’offrir encore une chouette expérience de maternité et de parentalité”.

Réorganiser la famille

Pour autant, Lucie a longtemps redouté son post-partum: “L’idée de gérer seule trois enfants lors de mon congé maternité me semblait trop lourde. J’ai envie de vivre cette période sereinement, mais aussi de prendre soin des deux grands, dans de bonnes conditions”.

Cette grossesse a précipité des décisions professionnelles que mon mari n’arrivait pas à prendre

L’époux de Lucie a alors pris la décision d’opérer un grand changement professionnel: “Il a donné sa démission et il prendra deux mois de pause professionnelle. Finalement, cette grossesse a précipité des choix qu’il n’arrivait pas à prendre depuis longtemps. Pour lui, faire un arrêt se justifiait. Sa fonction de père a beaucoup évolué et va encore évoluer. Ça va bouleverser la manière dont on pouvait s’organiser jusqu’ici. Je sais que pendant un temps, avec trois enfants, ce sera plus compliqué et, j’en suis consciente, beaucoup de choses ne seront plus possibles”.

Une différence d’âge qui rassure

“J’ai l’impression qu’avec un troisième, tu te fais plus confiance, conclut la maman. Je nous sens bien plus d’attaque que lorsque mes deux premiers enfants sont nés. Notre aînée a 6 ans et devient plus raisonnable. Ils gèrent leurs émotions. Désormais, ils ne buguent plus sur des choses absurdes comme ce bonnet qui n’est pas mis comme ils le voulaient ou sur des pâtes d’une forme et pas de l’autre! Ils arrivent à se décentrer de leurs besoins d’enfants, qui prenaient parfois toute la place. En bonus, ils peuvent donner un coup de main. Pour moi, ça change tout”.

Héline: grosse surprise et mauvais timing

Si beaucoup de parents hésitent de longues années avant d’avoir un troisième enfant, certains n’ont que quelques semaines pour réfléchir à une nouvelle parentalité, au risque qu’elle s’impose d’elle-même. Ce fut le cas pour Héline et son compagnon, qui ont vécu une grossesse surprise, moins d’un an après l’arrivée de leur deuxième garçon.

À la base je ne voulais sincèrement pas d’enfants!

“À la base je ne voulais sincèrement pas d’enfants”, se rappelle la maman de 34 ans. “Puis, j’ai rencontré mon conjoint et avec lui, ça a été une évidence. Je trouvais qu’avoir deux enfants était le modèle le plus logique. Deux parents, deux enfants, on ne surpeuple pas le monde! Mais le destin a mis une petite troisième sur notre route, et aujourd’hui, je ne peux pas imaginer ma vie sans elle”.

Pas le temps de tergiverser

Pour Héline et son compagnon, il a rapidement fallu choisir de poursuivre cette grossesse ou non. Pas le temps de tergiverser. “Nous avons beaucoup réfléchi à le garder, explique Héline. Pour des raisons logistiques, économiques, écologiques, mais aussi parce que le timing n’était pas du tout idéal. J’ai eu la chance de bien vivre et de me remettre de mes précédentes grossesses, mais cela reste éprouvant physiquement. J’avais besoin d’une pause”.

Avoir des frères et sœurs, c’est potentiellement une belle histoire d’amour

Mais finalement, un sentiment qui, comme souvent, ne s’explique pas a pris le dessus: “J’ai ressenti un feeling que j’aurais du mal à expliquer. Et puis, on a surtout pensé à eux. Venant chacun de familles nombreuses, on sait la richesse que c’est, de pouvoir évoluer dans une famille de plusieurs enfants. Avoir des frères et sœurs, c’est potentiellement une belle histoire d’amour, un lien à part. Apprendre des valeurs de partage, de soutien, de cohabitation… Sans rien forcer, nous tentons aujourd’hui d’encourager ce précieux lien. Actuellement, notre plus grand désir et challenge est de créer et renforcer entre eux une belle et réelle relation, un lien qui sera solide, on l’espère, en grandissant”.

Des défis à la pelle

“Physiquement, c’est difficile. Je suis entrée en post-partum épuisée et j’ai mis du temps à m’en remettre. Faire l’éducation du grand, recevoir les pleurs du deuxième qui se sent délaissé, tout en nourrissant un nouveau-né, ce n’est pas de tout repos! Ce qui me sauve, c’est d’avoir l’opportunité de souffler seule. Faire du sport, des balades ou même du rangement! Sans personne pour me solliciter, ça me permet de me ressourcer.

D’un point de vue logistique, j’avais vraiment peur de ne pas être disponible pour chacun, de ne pas réussir à donner aux derniers le temps et l’attention qu’on a pu donner à l’ainé tant qu’il était seul. C’est donc un de mes points d’attention: je prends le temps d’être avec eux, simplement. Tant pis s’il y a de la vaisselle ou des lessives à faire, tant pis si j’avais quelque chose à terminer, tant pis si ce soir, on mange des pâtes pour la troisième fois de la semaine! En plus, c’est tout bénef: je suis convaincue que plus on est disponibles, plus ils se sentent bien et sont donc faciles à vivre”.

Entraide et tendresse

Bien entourés, Héline et son compagnon se sont sentis épaulés et rassurés pour se lancer dans cette aventure. “Il y avait certainement un cadre et un environnement propice à ce que nous prenions cette décision. Je ne travaillais pas à ce moment-là, nous avions la place pour accueillir un troisième et nous avons reçu de l’aide extérieure. C’est précieux, je mesure notre chance”.

Je mesure notre chance: nous avions la place pour l’accueillir et avons reçu de l’aide extérieure

Aujourd’hui, malgré certaines épreuves, la maman se sent bien, heureuse et en phase avec elle-même. “Même si ça peut sembler étonnant, ça a renforcé notre couple. On a gagné en organisation, alors que si vous nous connaissiez, vous sauriez que ce n’était pas gagné! On continue à passer du temps de qualité à deux, dont on profite d’autant plus! Pour ne rien gâcher, nos trois enfants ont l’air ‘complets’ ensemble. La plus jeune n’a que 9 mois, mais on assiste déjà à des instants de fratrie très touchants. Il y a de l’entraide, de la tendresse, on voit déjà (la majeure partie du temps) qu’ils s’aiment et sont heureux d’être ensemble”.

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