couple bouquet roses
"C'était lui, c'était moi. Il fallait qu'on soit ensemble" © Pexels/Katerina Holmes

“J’ai tout quitté pour vivre avec mon premier amour”

Malgré les épreuves, Valérie* mène une vie tranquille avec son mari et leurs 4 enfants. Jusqu’à ce qu’elle recroise Thierry, l’amour de ses 15 ans…

“C’était un dimanche de kermesse au village. J’avais décidé d’aller y faire un tour avec les enfants. Et là, qui je vois? Attablé avec un pote devant une chope… Thierry, l’amour de mes 15 ans! Mon premier amour! ‘Valérie? Mais qu’est-ce que tu fais là?’ – ‘J’ai emménagé ici depuis quelques mois. Et toi?’ – ‘J’habite deux rues plus loin. C’est dingue, on est voisins! T’es mariée?’ – ‘Oui. Je te présente mes enfants’ – ‘Tu as quatre enfants? Waouh!’.

J’avais 33 ans et la famille nombreuse dont je rêvais depuis toujours. Mon aînée avait 7 ans, le petit dernier allait sur ses 3 ans. Tout n’avait pas été simple pour autant. D’abord, mon mari avait fait faillite, on avait tout perdu. Ensuite, il avait eu un accident de voiture, il avait passé des semaines à l’hôpital, des mois en revalidation. Mais on s’était toujours serré les coudes pour faire face à l’adversité. Et on y était arrivés, on en était sortis soudés, unis. Jusqu’à ce que je revoie Thierry”.

Des bouquets de roses

Thierry n’est autre que son premier amour. “J’avais 15 ans, il en avait 17. On était dans la même classe à l’athénée. À la fin des secondaires, j’ai entamé des études universitaires alors que lui a tout de suite commencé à travailler. C’est là qu’on s’est perdus. Je kotais et j’avais envie de profiter de ma liberté, de sortir, de guindailler. Thierry s’est montré très compréhensif. Il m’a dit: ‘Fais ce que tu veux de ta semaine, mais reviens-moi le week-end’. Je ne l’ai pas écouté: au bout de quelques mois, je l’ai laissé tomber. Je sais que je lui ai brisé le cœur et qu’il a eu du mal à tourner la page. Pendant très longtemps, il m’a fait livrer un bouquet de roses le jour de mon anniversaire, avec autant de fleurs que j’avais d’années”.

Dans l’intervalle, Valérie rencontre Pierre: “Il était mon coloc’, il est devenu mon mari. C’était un gros nounours, doux, gentil, rassurant… Pendant la dizaine d’années où nous avons été mariés, je crois que l’on ne s’est jamais disputés. Malgré les épreuves, nous menions une chouette petite vie tranquille. Jusqu’à ce dimanche de kermesse”.

J’avais la sensation de retrouver l’âme sœur, comme si on s’était quittés la veille

Quinze ans s’étaient écoulés depuis la fin de notre histoire. On ne s’était revus qu’une seule fois, lors d’un dîner organisé par l’école pour les dix ans de notre fin de rhéto. À ce moment-là, j’étais enceinte. Thierry m’avait dit: ‘Puisque tu n’as pas voulu que je sois le père, accepterais-tu que je sois le parrain?’. J’avais pensé: ‘Ouh là, mauvaise idée!’. Je n’avais donc jamais cherché à le recontacter. Mais puisqu’on habitait désormais le même village, on allait nécessairement se croiser. Il m’avait d’ailleurs laissé son numéro pour qu’on s’organise un apéro”.

L’âme sœur?

Quelque temps après, la sœur de Valérie l’emmène à un concert de Renaud. “J’adore ce chanteur depuis l’adolescence. Thierry était fan aussi. Ce concert m’a fichu un tel coup de nostalgie que j’ai envoyé un SMS à Thierry: ‘Alors, on se le fait, cet apéro?’ On a passé une soirée ensemble avec sa compagne, mon mari, mes enfants. On a parlé de choses et d’autres, notamment de Renaud qui revenait en Belgique peu après. Et si on y allait? Mon mari a soupiré : ‘Pfff, bof…’ La compagne de Thierry était du même avis. ‘Mais allez-y, si vous en avez envie…’ On s’est donc retrouvés au concert de Renaud. Vingt ans après, il a refait toutes nos chansons. Et on s’est embrassés…

Ce baiser m’a complètement perturbée. Je ne suis pas une femme volage. Je m’étais mariée pour la vie, nous avions fondé une famille. C’était mon choix. J’avais l’impression d’être bien dans mon couple. Je ne cherchais rien d’autre, et sûrement pas l’aventure. Mais là, j’avais la sensation de retrouver l’âme sœur. Comme si on s’était quittés la veille. C’était lui, c’était moi. Il fallait qu’on soit ensemble. Comme une évidence. Ce que j’éprouvais pour Thierry n’avait tellement rien à voir avec ce que je ressentais pour mon mari”.

“Vis ton truc!”

“J’ai tout de suite parlé à Pierre de ce qui m’arrivait. Il m’a dit: ‘Vis ton truc mais préviens-moi si tu sens que ça dérape, que tu files, que tu t’éloignes’. Pendant un temps, j’ai pensé que je pouvais mener les deux histoires en parallèle. J’ai même acheté un bouquin sur l’infidélité heureuse. Mais ce n’était pas pour moi, je suis entière, on ne me partage pas. Alors, j’ai discuté des jours et des nuits avec Thierry. N’imaginez pas des rencontres torrides dans des chambres d’hôtel, non. On se retrouvait sur un banc public, on marchait et on parlait. C’était très prise de tête. On a tenté de se raisonner, de cesser de se voir. On tenait deux jours, puis il m’appelait: ‘J’y arrive pas. J’essaie, j’te jure, mais j’y arrive pas’. Et c’était pareil pour moi.

Un jour, j’ai dit à mon mari: ‘J’ai filé…’. Il a compris que j’étais définitivement passée de l’autre côté. Il a quitté la maison et Thierry est venu s’y installer la semaine suivante. Quand j’y repense, je n’en reviens pas d’avoir osé faire un truc pareil! C’était quand même très trash pour les enfants. Mais tout s’est incroyablement bien passé, sans heurts ni dégâts”.

Le bon choix

Suit un divorce à l’amiable, sans avocat. “En fait, Pierre ne semblait pas fâché de retrouver sa liberté, sa petite vie, son ordi, ses amis. Il ne s’est battu ni pour me garder ni pour avoir les enfants. Il passait les voir quelquefois. Il est même venu les garder à la maison pendant que je sortais avec Thierry… De son côté, Thierry n’avait pas d’enfant et rêvait de fonder une famille. Il était pressé que l’on fasse un bébé. Je suis une vraie maman poule et je me serais bien vue avec un ou deux petits de plus à la maison, mais je lui ai dit ‘Attendons un an. Tu vois d’abord ce qu’est le quotidien avec quatre enfants, puis on décidera si on en fait un cinquième’.

Notre relation n’a rien d’idéal ou de magique. Ses manies m’énervent et les miennes l’exaspèrent. Nous sommes un couple comme les autres…

Finalement, on en est restés là! Cela dit, Thierry a élevé mes enfants comme si c’étaient les siens. Il savait qu’il prenait le package, mais il a assumé de façon exceptionnelle. Quand il parle de ‘nos enfants’, personne ne peut imaginer qu’il n’est pas leur papa. On forme une vraie famille. C’est la seule chose qui m’inquiétait vraiment au moment de la séparation. Mes proches m’avaient dit: ‘T’as bien réfléchi? T’es sûre? Tu as pensé aux enfants?’. La seule réaction positive est venue de ma grand-mère. Elle avait 86 ans, j’étais allée la voir dans sa maison de repos: ‘Mamy, j’ai une chose importante à te dire, je vais quitter mon mari’. J’ai entendu un ‘Eh ben, m’fille, si c’est ton choix, c’est que c’est le bon choix’.

Elle avait raison, Mamy… Je vis avec Thierry depuis quinze ans et nous sommes désormais mariés. On a l’habitude de dire qu’on est ensemble depuis trente ans, mais qu’on a fait une petite pause! Notre relation n’a rien d’idéal ou de magique. Ses manies m’énervent et les miennes l’exaspèrent. Nous sommes un couple comme les autres. Mais je n’ai ni remords ni regrets. Je suis contente d’avoir sauté le pas. Si je ne l’avais pas fait, je suis sûre que ça m’aurait poursuivie toute ma vie. Notre histoire n’était pas finie”.

*Prénoms d’emprunt

Texte: Christine Masuy

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