femme senior danse
Loin d’être une page qui se tourne, la retraite peut aussi devenir le début d’un nouveau chapitre de vie. 3 femmes nous parlent du plus grand kif de leur retraite. © Freepik

Le plus grand kif de la retraite? Elles témoignent

Par Christelle Gilquin

Marie-Claire, Brigitte et Reine-Thérèse ont profité de leur pension pour se relancer avec passion dans le feu de l’action. Elles nous expliquent quel est, selon elles, le plus grand kif de la retraite.

La retraite marque pour beaucoup la fin d’une vie professionnelle intense. Mais loin d’être une page qui se tourne, elle peut aussi devenir le début d’un nouveau chapitre, riche en découvertes, en projets et en passions. Libérés des contraintes d’horaires et de carrière, de nombreux seniors choisissent de réinventer leur quotidien: certains s’engagent dans des associations, d’autres reprennent des études, se lancent dans des activités artistiques ou même… retournent travailler autrement. C’est le cas de Marie-Claire, Brigitte et Reine-Thérèse qui ont trouvé un nouveau souffle à l’heure de la retraite.

Marie-Claire (70 ans) “Ma retraite, c’est ma revanche sur la vie”

Le plus grand kif de la retraite selon Marie-Claire, 70 ans? Avoir le temps de concrétiser tout ce qu’elle rêvait d’accomplir. Car pour cette passionnée de spectacle et d’art, la retraite a sonné comme une revanche sur la vie en lui permettant de s’adonner aux activités dont elle rêvait depuis toujours.

“Pour mes parents, se souvient-elle, le milieu artistique ne donnait pas l’opportunité d’un vrai métier. J’ai donc passé des examens pour entrer dans une banque. Après mon premier jour, j’ai pleuré toute la soirée et toute la nuit tellement je détestais ça. Pourtant, j’y ai mené toute ma carrière.”

Le plus grand kif de la retraite de Marie-Claire? Mener enfin la vie qu’elle voulait. © Fred Raevens

“La danse m’a sauvé la vie!”

Heureusement, entre-temps, elle commence à suivre des cours de rock’n’roll le soir, puis fini par organiser ses propres cours. “La danse m’a littéralement sauvé la vie!”, affirme-t-elle. À 35 ans, elle connaît une première expérience de figuration au cinéma, mais doit bien constater qu’entre son boulot à temps plein, ses enfants encore petits, ses cours de danse et les travaux dans la maison, ce n’est pas le bon moment. Mais elle se promet de s’y remettre à la retraite.

À 56 ans, mes enfants ayant quitté la maison, je pouvais penser à moi.

Et c’est ce qui se passe, dès son départ anticipé de la banque à 56 ans pour cause de restructuration. “Mes enfants ayant quitté la maison, je pouvais penser à moi.” Chance pour elle: à l’époque, les propositions de figuration pleuvent, et les figurants sont peu nombreux. “J’enchaînais parfois 4 jours de tournage par semaine, des journées quelquefois épuisantes avec la même scène tournée et retournée sous tous les angles, mais j’y retrouvais toujours les mêmes figurants, devenus des amis avec le temps. Et puis, voir l’envers du décor d’un tournage de film est absolument passionnant.

Des silhouettes aux petits rôles

Au fil du temps, Marie-Claire enchaîne les “silhouettes” (un personnage qui apparaît clairement à l’image), puis les “silhouettes parlées” (jusqu’à 5 mots), et enfin les rôles dans des courts-métrage: plusieurs clips, dont 2 pour Mustii, et le rôle d’une tueuse pour des étudiants de dernière année en cinéma. “C’est ce que j’aime le plus dans ce métier: incarner quelqu’un de totalement différent de celle que je suis dans la vraie vie.”

Hélas, il y a 2 ans, Marie-Claire apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Cela ne freine guère son enthousiasme. “J’ai continué mes activités en levant le pied et en adaptant mon rythme à ma fatigue. Je me souviens avoir reçu une proposition de silhouette au moment même où je quittais l’hôpital après une lourde opération de reconstruction. J’ai aussitôt accepté: c’était le meilleur moyen de me remonter le moral!”

Plus de pub

Aujourd’hui, Marie-Claire accepte moins de figurations fatigantes, mais elle s’est lancé avec passion dans la publicité. Elle a également participé au concours Miss et Mr Cosmopolite, à des défilés (malgré son 1,57 m), posé pour des photographes, croisé des acteurs connus – certains sympas, d’autres nettement moins, dit-elle – joué le rôle d’un cadavre, tourné dans des films d’époque… “J’espère que cette activité continuera le plus longtemps possible, que j’aurai de plus en plus de silhouettes, de rôles et de challenges à relever… Pour moi, ma retraite a été une renaissance. Une revanche sur la vie même, car j’ai pu accomplir tous les rêves que je nourrissais dans ma jeunesse.”

Brigitte (66 ans) “J’ai repris le chemin du travail”

La liberté. Pour Brigitte, 66 ans, voilà le plus grand kif de sa retraite. La liberté de pouvoir dire oui à ce qu’elle a envie de faire et non à ce qui ne la tente pas. “Je suis la seule personne qui gère mon agenda, et c’est le kif total!”

Ce besoin intense de liberté, Brigitte le doit à ces quelques années passées au chevet de son mari. “Je suis partie en prépension il y a 3 ans. Pas parce que je n’aimais plus mon job – au contraire, j’avais une grande autonomie d’action en tant que commerciale et j’adorais mon travail – mais parce que mon mari souffrait d’Alzheimer. Je me suis occupée de lui, nuit et jour, jusqu’à son entrée en maison de repos. Ce furent des années très éprouvantes. Il est décédé en novembre 2024. Nous avions des projets pour notre retraite, mais ils sont tombés à l’eau avec sa disparition.”

Être la seule personne à gérer son agenda, c’est le plus grand kif de la retraite, selon Brigitte. © Fred Raevens

Stimuler à nouveau son cerveau

La solitude et le manque d’utilité pèsent vite à Brigitte. “On ne se rend pas compte du temps dont on dispose quand on est seule et pensionnée, dit-elle. On pourrait facilement passer ses journées en pyjama devant la télévision sans que personne n’y trouve rien à redire. J’ai commencé à faire du bénévolat à la bibliothèque et au Centre culturel près de chez moi. J’ai gardé mes petits-enfants également, tout en sachant que d’ici quelques années,  ils auraient moins besoin de moi. J’aurais pu me mettre au jardinage, mais je déteste ça!”

Mon mari est décédé en novembre 2024. Nous avions des projets pour notre retraite, mais ils sont tombés à l’eau avec sa disparition.”

Alors, Brigitte se dit: “Et si je retravaillais?” “J’avais envie de stimuler à nouveau mon cerveau, de me sentir utile, de pratiquer les langues que je maîtrise. Mais aussi de remettre de la structure dans mes semaines et de retrouver un but à ma vie. J’ai contacté une agence d’intérim pour seniors. Très vite, on m’a parlé d’un assureur qui cherchait des commerciaux à temps partiel. J’ai directement accepté. Quelques jours plus tard, j’étais engagée.”

Encore combien de temps?

Brigitte travaille désormais 2 jours par semaine dans une équipe très jeune, en plein centre de Bruxelles. Elle prend le train, côtoie du monde, mange dehors, flâne après le travail… “Hormis quelque difficultés avec l’IT (mais mes jeunes collègues m’aident beaucoup), je n’ai aucun stress avec ce travail, seulement du bonheur… Et je n’aurais pas de stress non plus si tout devait s’arrêter. J’ai la liberté de choisir les jours que je preste, ce qui me permet d’organiser mes semaines entre bénévolat, petits-enfants et mes nombreux voyages.” Cette année, elle affiche déjà au compteur Marrakech, Teneriffe, la Sicile, Paris, Cologne, Amsterdam, Bali et la Pologne!

Cette vie bien remplie cache-t-elle une peur de vieillir? “Oui, sans doute. Je veux prouver que je suis encore utile et apte à plein de choses. Surtout, je ne veux pas remettre à plus tard ce que j’ai envie de faire maintenant. Je n’ai sans doute plus 10 ans devant moi. J’ai la chance d’être en bonne santé, mais je sais à quelle vitesse cela peut changer à mon âge.”  

Reine-Thérèse, 78 ans “Le théâtre m’occupe 60 heures par semaine”

“La retraite est la période de la sérénité. On a de l’expérience, on n’a plus rien à prouver, on est plus serein et plus optimiste. Ce n’est que du bonheur en plus!”, explique Reine-Thérèse, 78 ans, quand on lui demande quel est le plus grand kif de la retraite.

Ancienne prof de français, Reine-Thérèse a développé en parallèle de sa carrière nombre d’activités liées à sa passion: le théâtre. Elle a notamment mis sur pied les “Scènes à deux”, un concours de duos à destination des jeunes de 12 à 18 ans, et en 1996, elle lance, avec un metteur en scène bien connu, le  Tournoi d’Art Dramatique du Brabant wallon, qui fête ses 30 ans cette année.

Le plus grand kif de la retraite selon Reine-Thérèse? Le fait que ce soit le moment de la sérénité: on a de l’expérience, on n’a plus rien à prouver, on est plus serein et plus optimiste. © Fred Raevens

Présidente d’une association

À sa retraite, à 62 ans, pas question de lever le pied: elle devient alors présidente de l’ABCD, l’Association Bruxelloise et Brabançonne des Compagnies Dramatiques, à laquelle sont affilées 108 troupes de théâtre d’amateurs. “Le rôle de l’association est de les encadrer et de les aider dans leurs démarches, explique-t-elle avec passion: assurances, subsides, prêt de costumes, de salles de répétition… Le théâtre d’amateurs d’il y a 30 ans ne ressemble absolument plus au théâtre actuel. Nous proposons aux troupes des formations, des journées d’échange, nous les  mettons en contact avec des metteurs en scène professionnels… Au fil du temps, le théâtre d’amateurs est vraiment devenu un théâtre de qualité. Il est par ailleurs l’une des rares activités qui rassemblent tous les milieux sociaux et toutes les générations.”

Pas de remarque sur mon âge

Également journaliste à ses heures pour la revue Cour et Jardin de l’ABCD, Reine-Thérèse estime que ses activités l’occupent environ 60 heures/semaine, et la plupart de ses soirées. Qu’en pensent ses proches? “Mon mari s’y est fait: je crois que mon énergie le dépasse un peu et que mon absence lui permet de souffler. Mes enfants, eux, ont l’habitude, mais j’arrive malgré tout à être très présente dans leur vie. J’ai besoin d’eux. Nous partons régulièrement en voyage ensemble.”

Reine-Thérèse l’avait dit: elle lèverait le pied à 80 ans. Mais à présent que l’échéance arrive, elle n’est plus sûre de rien, d’autant qu’elle se sent toujours capable, physiquement et mentalement et que personne ne lui fait de remarque sur son âge. “Il me semble que moins on se regarde le nombril, mieux on se porte. Le cerveau a besoin de se nourrir pour rester actif et le théâtre, par sa vivacité et sa liberté, participe à garder l’esprit critique en éveil. Ce que j’aime par-dessus tout, ce sont les découvertes artistiques et humaines, la magie de la création, et le théâtre en est un fabuleux vivier.”

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