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Témoignage: “J’ai gagné le pactole à un jeu télé”

Delphine a gagné une énorme somme à un jeu télévisé. Une belle aventure dont elle nous raconte les coulisses.

“‘Tu devrais participer à un jeu télé !’, cette phrase, je l’ai entendue mille fois. Parce que j’ai une bonne culture générale. Quand j’étais petite, je battais déjà les grands au Trivial Pursuit, ça énervait tout le monde. Je me faisais des petites fiches sur les rois de France, les capitales d’Afrique, les médaillés olympiques… J’ai toujours adoré ça. Alors, un jour, je me suis lancée. J’ai repéré un jeu qui me plaisait sur France 2, et je me suis inscrite. Je n’imaginais pas l’aventure qui m’attendait!

On vous rappellera

J’ai d’abord été convoquée à un casting. Le rendez-vous était fixé en banlieue parisienne. Quand je suis arrivée, une cinquantaine de personnes faisaient déjà la file sur le trottoir malgré le crachin. Puis, on nous a fait entrer dans un minuscule local qui sentait le chien mouillé. Rien à voir avec le bling-bling de la télé! À ce stade, on est juste de la chair à audimat. Les casteurs cherchent des candidats qui vont plaire aux téléspectateurs. Bien sûr, il faut que vous soyez un peu doué pour le jeu. Que vous ayez un minimum de connaissances si c’est un jeu de questions, que vous ne chantiez pas comme une casserole si c’est un jeu de chansons… Et encore.

Ils ne cherchent ni une grosse tête, ni la plus belle voix. Ils veulent ‘des bons clients’. C’est-à-dire des personnes sympathiques, extraverties, qui aient suffisamment de répartie pour interagir avec le présentateur et ainsi créer de chouettes moments télé. Bref, il faut de la personnalité. Les casteurs vous demandent donc de parler de vous, de raconter des anecdotes drôles ou embarrassantes que vous avez vécues… Ça se termine par un ‘On vous rappellera’ auquel vous ne croyez pas. Mais ils m’ont rappelée! Une quinzaine de jours plus tard, j’étais convoquée pour le tournage, toujours à Paris, mais à La Plaine Saint-Denis. C’est là que sont enregistrées la plupart des émissions françaises: The Voice, Danse avec les Stars, N’oubliez pas les paroles

En chiens de faïence

La convocation comportait une série de consignes vestimentaires. Il fallait emporter cinq tenues différentes – pour se changer si l’on participe à plusieurs émissions successives. Pas de pois, pas de rayures, pas de carreaux – ça passe mal à l’écran. Pas de marques publicitaires apparentes – c’est interdit. Et cette petite phrase qui me saoule: ‘Mesdames, privilégiez les jupes!’ Me voilà donc avec ma valise. Nous sommes une vingtaine de candidats convoqués à 9h du matin. On nous installe dans une salle adjacente au studio. Six émissions seront enregistrées dans la journée, on nous appellera au fur et à mesure. 10h, 13h, 15h… Je ne suis pas appelée. L’attente est interminable. On évite de se parler entre candidats car on risque de se retrouver ensuite confrontés en plateau. Si j’évoque mon job ou mes hobbies, les autres sauront sur quel type de questions ils ne pourront pas me piéger. Bref, on se regarde en chiens de faïence.

Tout à coup, j’entends mon nom. Ça y est! Pas le temps d’aller faire pipi, on m’équipe d’un micro-casque et on me pousse sur le plateau. Lumières. Générique. Applaudissements. Il ne faut pas se laisser impressionner. Rester concentrée malgré les blagues stupides de l’animateur sur les frites et le waterzooi. Oui, je suis belche une fois! Dans chaque manche du jeu, il s’agit de battre l’adversaire sur une dizaine de questions de culture générale. Quel président américain a aboli l’esclavage? Que produit le saunier? Combien faut-il de feuilles A5 pour faire un A3? Qui a peint L’origine du monde? À quelle saison récolte-t-on les coings? … Il faut être tactique, parfois feinter pour décontenancer son concurrent. Il faut assurer ses arrières, mais aussi prendre quelques risques pour économiser des secondes au chrono. Tout cela en étant souriante et drôle… Mais ça marche! Je remporte une partie, deux parties, trois parties.

Rien à perdre

Plus le temps passe, plus je suis en confiance, mais plus je suis fatiguée. Parce que tout s’enchaîne à une vitesse effrénée. Entre chaque émission, il faut se changer. Pas de loge, pas de vestiaire, ça se passe dans les toilettes. Une assistante déboutonne ma robe pour accélérer la cadence, une autre fouille dans ma valise pour choisir les vêtements suivants. Me voici sur le plateau pour la dernière partie. L’animateur me fait un accueil triomphal: ‘Delphine, notre star belge!’ Au cours des jeux précédents, j’ai déjà accumulé une belle cagnotte de près de 30.000 €. Il va me poser la question fatidique: ‘Delphine, est-ce que vous repartez avec cette somme ou est-ce que vous jouez le super-bonus?’ Le super-bonus, c’est 50.000 € de plus sur une seule manche. Mais si je réponds à côté, je perds tout. En clair: c’est 30.000, 80.000 ou rien. Le public, boosté par le chauffeur de salle, me presse de continuer. C’est mieux pour le suspense, mieux pour l’audimat. Peu de candidats arrivent au super-bonus. Et ceux qui y arrivent préfèrent décliner, trop heureux de repartir avec 5, 10, 20 ou 25.000 €.

Je les comprends. Il me faut un an de travail pour gagner une somme pareille. Mais je suis joueuse. Avant de partir, je m’étais dit que j’irais jusqu’au bout. Que je n’avais rien à perdre. 30.000 € c’est waouh. Mais plus jamais de ma vie je n’aurai l’occasion de gagner 80.000 € en quelques minutes. La chance m’est offerte à cet instant, il faut la saisir! Alors, je joue le super-bonus. Mais je me fais sacrément peur! Est-ce que la Guadeloupe est plus grande que la Martinique? Je sais ce qu’est l’ikebana, mais j’ai oublié en quoi est faite la première maison des trois petits cochons. L’animateur fait traîner le suspense et répète sans cesse: ‘Elle peut tout perdre! Elle peut tout perdre!’ Puis, à un moment, j’entends un tonnerre d’applaudissements, le présentateur me prend dans ses bras, je vois des paillettes tomber du plafond… J’ai gagné le jackpot!

Le champagne au frais

Putain, 80.000 €! J’ai du mal à me rendre compte. Assise dans le train du retour, je fais la conversion en francs belges sur mon smartphone. C’est bête, mais je ne sais plus à quoi me raccrocher. Ça fait plus de 3 millions de francs. Mon homme m’envoie un SMS: Ça va? – Oui. – T’as gagné? – Oui. – Beaucoup? – Oui. Je lui annoncerai le montant en rentrant. J’ai besoin de le dire. Mais attention: je n’ai pas encore l’argent, il ne me sera versé qu’après la diffusion de l’émission, trois mois plus tard. Et si elle n’est pas diffusée, je ne toucherai rien. Le risque existe. Si le jeu est déprogrammé parce qu’il fait de mauvaises audiences, par exemple. Ou en raison d’un gros événement imprévu. Ça me stresse mais je n’en parle à personne.

À vrai dire, je n’ai pas trop envie que mes connaissances sachent que j’ai gagné une telle somme. Je ne veux pas susciter de jalousies. À part mon mari, seuls mes parents savent que j’ai joué, mais eux ignorent si j’ai gagné. Ils regardent donc l’émission chaque semaine… Je m’invite chez eux pour la diffusion de la dernière. Celle du super-bonus. Je ne voudrais pas que mon père fasse un malaise, mais il est zen: il a déjà mis le champagne au frais. Voilà comment j’ai gagné près de 80.000 €. Et comment j’ai eu un contrôle fiscal l’année suivante! Cet argent n’a pas changé ma vie: je n’ai pas déménagé, je n’ai pas fait d’achats faramineux… Mais dans ma tête, ça a tout changé. Je sais que je suis à l’aise. Que j’ai de quoi voir venir en cas de coup dur. Ça permet de vivre plus tranquille. Merci, la télé!”

Coordination: Stéphanie Ciardiello/Certains éléments ont été modifiés pour préserver l’anonymat du témoin

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