Interview des acteurs de Ma reum: parent, mode d’emploi
C’est l’une des comédies françaises sans prétention de l’été. Elle met en vedette Audrey Lamy, quelque vingt-cinq films au compteur, dix ans de Scènes de ménages à la télé, un one-man-show plébiscité.
Dans Ma reum (Ma mère, en langage écolier), elle est une maman en révolte. C’est que son fils (interprété par Charlie Langendries, le dernier Boule de Boule & Bill) est harcelé, à l’école, par trois garçons plus grands, plus forts en gueule. Bien décidée à défendre sa progéniture, elle se lance dans une campagne où elle va rendre œil pour œil, dent pour dent. Un film qui vise le même public que Le petit Nicolas et Le petit Spirou, références contemporaines – petit clin d’œil au Meilleur pâtissier, notamment – et apparition surprenante de JoeyStarr en chef scout, en plus… Un film pour lequel nous avons rencontré le fils et sa mère… de cinéma.
Audrey Lamy : « Faire confiance à l’instinct »
En dehors d’un Polisse ou d’une collaboration avec Mélanie Laurent, vous semblez particulièrement attirée par les rôles comiques. Choix ou hasard?
J’aime avant tout avoir des histoires à raconter, et des personnages à défendre. Et des coups de cœur, peu importe le registre. C’est vrai qu’on me connaît surtout dans le registre comique car pendant dix ans, j’ai accompagné les gens avec Scènes de ménages, à 13 heures, à 20 heures, et forcément, ça marque. Mais j’ai aussi eu la chance d’avoir des rôles dramatiques marquants, comme dans Polisse ou à la télé, Ce soir, je vais tuer l’assassin de mon fils. Ou Paris, avec Cédric Klapisch. J’ai eu la chance de rencontrer des réalisateurs qui voulaient me voir dans d’autres choses.
Et Ma reum s’est présenté…
Quand je suis tombée sur le scénario, je me suis dit : ‘Wow, quelle chance de pouvoir incarner un personnage au départ hypermature, presque une femme parfaite, qui maîtrise son cocon familial. Qui à sept heures du mat’ a déjà prix un cours de yoga et préparé le jus d’orange pour toute la famille. Et ces trois gamins sont le grain de sable qui va la faire entrer dans une espèce de folie.
Vous avez reçu le scénario avant ou après avoir eu Léo (deux ans, son fils qu’elle a eu avec Thomas Sabatier, son compagnon depuis 2008)?
Après. Ca a joué bien sûr, je me suis inspirée de l’émotion qu’on peut ressentir en tant que mère, et je l’étais depuis peu. On veut forcément protéger, surprotéger, défendre coûte que coûte son enfant. Du coup, je connaissais l’amour que peut avoir une mère pour son fils.
Vous n’avez pas beaucoup joué avec des enfants…
C’est vrai. Mais quand ça arrivait, j’essayais toujours de créer une certaine complicité avec eux. On passe quand même deux mois ensemble sur un tournage ! Il faut donc tenter de les mettre à l’aise, qu’ils ne soient pas timides, qu’il y ait comme un lâcher-prise. Et puis, un enfant, c’est un enfant. Il y a des moments où ça s’éparpille, ça papillonne et c’est alors à nous, adultes, de les recentrer sur ce pour quoi ils sont là. Dans ce cas-ci, on a eu beaucoup de chance de tomber sur des enfants très enthousiastes sur le projet, qui parle d’eux finalement. On les a jamais sentis poussés par les parents. Car, parfois, ça arrive qu’on sent que ça fait plus plaisir aux parents qu’aux enfants d’être là. On sentait une vraie envie, peut-être même une vraie passion.
Comment ont réagi vos parents, justement, quand vous avec annoncé votre intention de vous lancer là-dedans?
Disons que là, j’avais une sœur (Alexandra Lamy) qui marchait déjà très très bien. La série Un gars une fille cartonnait quand je suis montée à Paris pour entrer au Conservatoire afin de devenir comédienne. Et en fait, pour moi, c’était vraiment abstrait quand j’étais jeune. Je me disais que le travail serait forcément une contrainte pour gagner sa vie. Alors oui, j’avais envie d’un métier artistique, chanter ou autre, je ne savais pas, et puis j’ai eu ma sœur. Elle m’a montré qu’on pouvait gagner sa vie en faisant quelque chose qui nous plaît. Mais quand on est jeune, il est très difficile de savoir ce pour quoi on est fait, et ce qui peut donner envie. C’est là qu’interviennent les parents : ils doivent écouter, et soutenir ; voir où l’enfant peut le plus s’épanouir.
Vous êtes donc heureuse?
Ah, ouais ! J’ai une chance inouïe d’avoir fait de belles rencontres, d’avoir eu de vrais coups de cœur. La chance d’avoir une famille qui me soutient, des amis hyperproches. J’ai un bon équilibre dû, je crois, à mes parents, qui m’ont soutenue.
Ca vous laisse du temps pour vous occuper de Léo?
Je le prends, même si c’est très dur. En plus, c’est un métier aléatoire, où on peut travailler non-stop pendant des années et puis d’un seul coup, plus rien. Mais là, je suis en promo, et je vois très peu mon fils. Et ça me rend malheureuse, oui. Mais ce sont quinze jours difficiles et ensuite, pendant deux ou trois, je ne ferai rien d’autre que de me consacrer à lui. J’ai aussi la chance de pouvoir le confier à une nounou, ce qui est indispensable vu nos horaires de fou, qui nous font parfois commencer à six heures du matin ou tourner de nuit. Mais la promo, ça, c’est dur. Parce qu’on parle souvent de quelque chose qu’on a tourné un an auparavant. Il faut se souvenir. Et on donne aussi un peu personnellement de soi alors qu’on n’en a pas toujours envie. Je ne parle pas là des avant-premières, qui permettent de sentir le public, de prendre la température d’une salle, mais surtout des télés qui prennent énormément d’énergie, et de temps. Là, on n’a pas de texte, pas de réalisateur, on est tout nu.
Vous parlez du rien qui peut suivre le trop-plein. Mais en fait, vous n’avez jamais arrêté…
C’est vrai, ça a été non-stop. Déjà, Scènes de ménages demandait beaucoup de travail : 4600 sketches en tout, six mois de tournage par an, c’est beaucoup. Mais je suis fière et heureuse du parcours.
A ce stade, si vous aviez un conseil à donner à Charlie pour faire une belle carrière, ce serait?
De suivre son instinct. De s’écouter, pas les autres. Il n’y a que lui qui peut savoir. Souvent, quand on est comédien, on fait semblant de maîtriser alors qu’on a le trac. Du coup, on écoute des conseils qui n’en sont pas vraiment. Non, le bon conseil vient du fond de soi. C’est en tout cas le conseil que je me donnerais, moi. Et surtout ne pas mettre de côté et oublier tous ceux qui sont autour de vous et qui ne font pas partie de ce métier. Eux aussi apportent l’indispensable équilibre.
Trois questions à Charlie Langendries
Originaire de Waterloo, dans le Brabant wallon, il a, à 10 ans, déjà deux belles références (Boule & Bill et Ma reum) inscrites à son CV. Ainsi qu’un papa fouineur – pour dégoter les castings – et une maman attentive – dans le rôle d’agent – pour gérer sa naissante carrière.
Qu’est-ce qui a changé, pour toi, entre ces deux tournages?
Fondamentalement, je n’ai pas ressenti une ambiance fort différente. J’y ai retrouvé des gens ayant travaillé sur Boule & Bill (NDLR : les deux films ont été tourné tout ou en partie en Belgique). Que ce soit pour l’un ou l’autre, attendre parfois 14 heures pour tourner cinq minutes, c’est pas top. Un peu lourd, même. Et que ce soit pour l’un ou pour l’autre, ça reste hyperétrange de se voir sur grand écran.
Content de ton jeu?
C’est très compliqué de se dire : « J’aime mon jeu, ou je m’aime dans cette scène », en tout cas, je ne suis pas du tout comme ça. Du coup, je ne vais pas me décrire comme un bon acteur. Faudrait demander aux autres ! Je pense être convenable mais pas formidable (sourire). Mon prochain casting, lui, est dans le drame.
Sur le tournage, Audrey Lamy te maternait?
On peut dire ça, oui. Elle me maternait, mais d’une certaine manière. Momentanée. Elle m’a beaucoup aidé pour dire mes répliques et me concentrer. Je crois qu’elle voulait vraiment que je sois son fils de cinéma.
Ma Reum, en salles le 25 juillet.
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