La sexualité des jeunes? Une enquête nous dit tout. © Photo Freepik

Grande enquête sur la sexualité des jeunes: la vérité en 8 points

Non, les jeunes ne découvrent pas la sexualité via le porno. Non, ils n’ont pas de relations sexuelles de plus en plus tôt. Et, non, ils n’ont pas fait une croix sur le couple. À l’heure de #metoo et des réseaux sociaux, une grande enquête fait le point sur la sexualité des jeunes.

“Depuis #metoo, les garçons n’osent plus draguer les filles.” “Il y a des petits de 10 ans qui regardent du porno!” “Peut-être qu’un jour, ils se diront non binaires. C’est à la mode…” On raconte tout et son contraire sur la sexualité des jeunes. “Les évidences ne sont plus tout à fait des évidences”, explique la sociologue Marie Bergström, en ouverture de l’ouvrage de près de 400 pages qu’elle consacre au sujet, intutilé La sexualité qui vient. Jeunesse et relations intimes après #metoo. Car entre la révolution numérique et le tsunami #metoo, les jeunes ont été obligés de réinventer la sexualité. Comment? Pour le savoir, Marie Bergström et ses équipes ont mené une enquête auprès de 10.000 jeunes Français de 18 à 29 ans. En voici quelques conclusions.

1. Des jeunes de plus en plus précoces?

Non, c’est l’inverse. Les premiers rapports sont plus tardifs qu’avant: 17,6 ans pour les garçons, 17,8 ans pour les filles. 2 événements récents y ont contribué. D’abord le mouvement #metoo, qui a rendu les filles plus critiques et les garçons plus prudents. Ensuite le covid, qui a évidemment compliqué les rencontres. Bon à savoir: 1 femme sur 2 était très amoureuse de la personne avec qui elle a eu son premier rapport. Mais plus le premier rapport arrive tard, moins c’est le cas. Il s’agit alors de franchir un cap.

2. Les jeunes découvrent la sexualité par le porno?

Les garçons plus que les filles découvrent la sexualité par le porno. À l’inverse, les filles s’informent plus via le personnel de santé, via leur suivi gynécologique – alors que rien de semblable n’existe pour les garçons. En réalité, leurs sources d’information sur la sexualité sont, dans l’ordre:  

  1. Le ou la partenaire
  2. Les amies filles
  3. Les amis garçons
  4. Le personnel éducatif et de santé
  5. Les films et les séries
Le contact humain demeure primordial dans l’apprentissage de la sexualité.

Le porno n’arrive qu’en 7e position. 1 jeune sur 2 dit avoir appris des choses sur la sexualité via les réseaux sociaux, comme la contraception ou le consentement, par exemple. C’est donc l’une des conclusions rassurantes de l’enquête: malgré la numérisation de la société, le contact humain demeure primordial dans l’apprentissage de la sexualité. Les jeunes se fient bien davantage à leurs partenaires et ami(e)s qu’aux films porno!

3. Les jeunes ont-ils de nombreux partenaires?

C’est plutôt vrai. 35% des 25-29 ans ont eu au moins 10 partenaires sexuels. Parmi les femmes, elles sont 29%. En 2006, elles n’étaient que 8%. 1 jeune sur 2 a déjà connu une histoire d’un soir, une expérience appréciée par 70% des femmes et 80% des hommes. C’est surtout le cas lors des rencontres en ligne. Dans un quart des cas, elles donnent même lieu à un rapport sexuel dans les 6 heures. Mais dans les rencontres classiques, il s’écoule en moyenne 120 jours entre le premier contact et le premier rapport sexuel. Quand la rencontre a lieu dans le cadre des études, il s’écoule même un an ou plus.

4. Les pratiques sexuelles forcées ont-elles augmenté?

43% des jeunes femmes avouent en avoir déjà subi. En 2006, elles étaient 23%. Selon l’enquête, ce n’est pas que les violences ont augmenté, mais qu’au cours des 2 dernières décennies, notamment depuis #metoo, la parole s’est libérée et le seuil de tolérance a baissé. Le consentement est désormais au cœur de la sexualité.

5. Les femmes veulent avoir droit au plaisir

Longtemps la sexualité des femmes s’est limitée au devoir conjugal. Il n’y avait pas matière à discussion. Aujourd’hui, 87% des femmes affirment avoir parlé avec leur conjoint de ce qui leur plaît ou déplaît en matière de sexualité, 60% ont déjà refusé certaines pratiques sexuelles. Les femmes ne considèrent plus la sexualité comme une obligation, mais comme une recherche de plaisir.

6. Hétérosexuelles? Homosexuelles? Asexuelles?

19% des jeunes femmes disent appartenir à une minorité sexuelle. Elles n’étaient que 3% en 2006. À l’époque, quand on n’était pas hétéro, on était homo. Il y a depuis un élargissement des possibles. On peut aussi se définir comme bisexuel (attirance pour les deux sexes), pansexuel (attirance pour un individu indépendamment de son genre) ou asexuel (sans attirance sexuelle) – même si cette option reste marginale: seul 1% des jeunes se disent asexuels.

7. Les jeunes ne se rencontrent-ils que par les applis de rencontre?

Non. 56% des jeunes se sont déjà connectés à une appli de rencontre, mais cela ne va pas toujours au-delà de la curiosité… La majorité des couples se rencontre toujours de manière très classique: par les études, le travail ou les amis. C’est également par ce biais que l’on rencontre le plus souvent son premier partenaire sexuel. 43% des femmes ont eu leur premier rapport avec un camarade de cours. Pour la majorité des autres, la rencontre a eu lieu au cours d’une soirée, en vacances, par le biais d’une association… Bref, dans la vraie vie.

Les applis sont surtout utilisées par celles et ceux qui cherchent un partenaire d’un soir – loin du réseau de ses proches. Elles sont également très utilisées par les homosexuels. 47% des couples d’hommes se sont formés via une appli de rencontre.

8. Le couple, c’est fini?

Pas vraiment, non! 1 jeune sur 2 est en couple et 1 sur 4 vit en couple cohabitant. Au début de la vingtaine, 6% des femmes vivent en couple cohabitant. À l’approche de la trentaine, elles sont 64%. Et pour les autres, l’envie est bien là: si seul 1 célibataire sur 4 rêve d’être en couple à la vingtaine, ils sont près de 1 sur 2 à l’approche de la trentaine. L’exclusivité sexuelle est même prônée par 89% des jeunes! Par contre, le mariage n’est ni une priorité, ni une urgence: seuls 4% des 18-29 ans sont mariés. Si l’on se passe encore la bague au doigt, c’est plus tard: à 34,7 ans en moyenne pour les femmes et 36,6 ans pour les hommes. Les jeunes étudient plus longuement, restent plus longtemps chez leurs parents, puis cohabitent entre amis avant d’emménager avec leur conjoint pour peut-être se marier un jour.

Les femmes sont moins enclines que les hommes à être en couple.

Enfin, l’enquête fournit également une info particulièrement surprenante: les femmes sont moins enclines que les hommes à être en couple. Auparavant, les femmes étaient davantage attachées à la stabilité d’un couple alors que les hommes aspiraient à une certaine liberté. Ce n’est désormais plus forcément le cas. Aujourd’hui, les femmes voient d’abord dans le couple des contraintes (ménagères et autres) auxquelles elles ne sont pas pressées de se plier. Ce sont d’ailleurs le plus souvent elles qui mettent fin à leur relation.

À lire:
La sexualité qui vient. Jeunesse et relations intimes après #metoo, sous la direction de Marie Bergström, éd. La Découverte.

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