
Les enfants nous ont surpris en train de faire l’amour, c’est grave?
Alors que vous espériez jouir… d’un moment d’intimité, votre enfant frappe à la porte. Pire, il est entré sans s’annoncer. Un moment embarrassant! Une experte en sexualité nous conseille sur la manière de réagir.
Être surpris pendant l’acte: que vous l’ayez vécu ou non, vous pouvez imaginer combien ce cas de figure peut être paralysant, tant pour le parent que pour l’enfant. D’emblée, Virginie Motte, coach en sexualité féminine, nous invite à dédramatiser: “Rassurez-vous, ce n’est ni grave ni exceptionnel. Alors si ça arrive, surtout, on ne culpabilise pas. Il suffit d’ouvrir le débat sur le sujet pour constater que de nombreux adultes ont entendu leurs parents faire l’amour quand ils étaient petits, et ils ont tous bien grandi! Surprendre ses parents, cela marque l’esprit, puisque souvent, nous nous en souvenons, mais pas de quoi s’affoler.
Par contre, il est nécessaire de mettre des choses en place pour que cela ne se reproduise pas. La sexualité ne concerne que les parents et l’enfant n’est pas capable d’en comprendre toute la dimension.”
Entre curiosité et jalousie?
Pourquoi l’embarras, voire la honte nous gagnent-ils quand les enfants nous surprennent?
“Premièrement, car c’est un moment privilégié pendant lequel on se met à nu, au sens propre comme au figuré. Vous vous consacrez à votre plaisir et dévoilez vos parts les plus secrètes à votre partenaire, et vous n’avez pas envie de les dévoiler à d’autres, surtout pas à votre enfant. Deuxièmement, parce qu’il peut persister certains tabous autour de la sexualité. Vous risquez donc de vous demander comment votre enfant va interpréter ce qu’il a vu ou entendu et de devoir ouvrir le dialogue. Ce sont des jeux d’adulte, et on peut se sentir décontenancé à l’idée de devoir les expliquer.”
Les enfants sont-ils eux aussi gênés par la situation?
“Ils peuvent l’être, oui, car ils voient leurs parents comme des entités à part entière qui les entourent et ils ne s’imaginent pas qu’ils puissent partager des moments aussi intimes et intenses. Essayez donc de penser à vos propres parents en train de faire l’amour: personne n’aime ça! Entre 3 et 6 ans, l’enfant découvre sa sexualité, son corps, ses sensations, mais c’est une sexualité qui n’a rien à voir avec la sexualité adulte, qu’il aura bien le temps de découvrir plus tard.
Essayez de penser à vos parents en train de faire l’amour: personne n’aime ça!
Un enfant pourra aussi éprouver une forme de jalousie à voir ses parents aussi complices, ou encore de la curiosité (et vouloir regarder par les trous de serrures par la suite).”
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Surtout, pas de politique de l’autruche
Doit-on parler de ce qu’ils ont entendu?
“Surtout, ne jamais faire comme si de rien n’était, il n’y a rien de pire que les non-dits. Il est important d’expliquer la situation simplement et d’une manière positive, sans rentrer dans les détails. Si cela arrive, il faut aussi éviter la colère ou les accusations du genre ‘Mais qu’est-ce que tu fais là?’ ou ‘Pourquoi tu étais derrière la porte?’: l’enfant pourrait se sentir coupable. Attendez que la pression descende et, lorsque vous êtes sereins, invitez-le à discuter. Rappelez-lui que la chambre des parents n’est pas un endroit où il peut aller et venir comme il l’entend et posez-lui une question ouverte telle que: ‘Qu’as-tu vu ou entendu?'”
Quel type de discours adopter avec des petits? Et avec des ados?
“Tout d’abord, il faut clarifier avec l’enfant sa perception des choses, utiliser ses mots ou les reformuler afin d’adapter votre vocabulaire. La légèreté est la clé: ‘Papa et maman se font des câlins de grandes personnes et jouent ensemble dans le lit, c’est un moment agréable’. Souvent, les adultes oublient que la sexualité, c’est surtout s’amuser et ressentir du plaisir dans un moment complice. S’il vous demande pourquoi vous criez – la question arrive régulièrement – dites-lui que c’est comme quand il reçoit un cadeau ou joue avec un copain: parfois, il crie car il est content. C’est important de parler des cris parce qu’ils peuvent être associés à ‘papa fait du mal à maman’. Expliquez que personne n’a mal et que c’est une manière d’exprimer quelque chose qui est chouette.
Votre enfant est petit? Utilisez ses mots.
En ce qui concerne les ados, le discours sera différent car ils savent de quoi il retourne, il s’agit alors d’assumer votre sexualité de couple et, s’ils vous entendent vraiment pour des raisons techniques, de trouver des moyens pour que chacun garde son espace, histoire que vos ados ne collent pas leurs oreilles aux portes ou ne se sentent pas très à l’aise chez eux.”
La sexualité des parents doit-elle être cachée? Quel est le juste milieu?
“Sur le plan relationnel, le côté tactile et la tendresse au sein du couple peuvent être affichés: les parents se prennent la main, s’embrassent, se blottissent l’un contre l’autre. Cela permet même de construire l’enfant sur les signes d’affection et le langage corporel.
Par contre, si l’enfant doit savoir que la sexualité existe entre les parents, il ne doit pas en voir plus. Il y a bien des informations à lui transmettre au fil de l’âge, mais de façon tout à fait indépendante de ce qui se passe dans le lit conjugal. C’est aux parents de veiller à avoir leur espace d’intimité, en fermant la porte ou en aménageant la maison de manière à se sentir libres de vivre leur sexualité sans déranger les enfants”.
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