Pexels © Rachel Claire

Témoignage: “J’ai eu un cancer du sein à 27 ans”

C’est une jeune femme rayonnante qui m’accueille. Sa voix est pétillante, son visage lumineux, son rire désarmant. Et dire que Florence, 30 ans à peine, a déjà combattu un cancer du sein. Et gagné sa bataille.

“Gagné… pas encore tout à fait. Il y a toujours des risques de récidive dans les 3 à 5 ans après un cancer. Moi, ça fait 3 ans maintenant, donc je touche du bois (rires). Ceci dit, même si dans 2 ans je suis considérée comme officiellement ‘guérie’, je serai toujours porteuse du gène, ce qui augmente mes risques à la base. C’est pour ça que j’ai fait une double mastectomie, pour me rapprocher du risque zéro”.

Des antécédents familiaux très (trop) présents

La maman de Florence ainsi que sa tante ont toutes les deux eu un cancer du sein. “Le fait de savoir par où elles étaient passées, et donc par où j’allais passer moi aussi, m’a aidée à envisager les choses de façon plus positive. À l’annonce du diagnostic, je ne me suis pas dit ‘Je suis foutue’. Je savais que j’allais avoir une chimio, que je serais opérée, qu’il se passerait telle et telle chose… J’ai pu me projeter, je me répétais qu’il n’y avait pas de raison que ça se passe mal, malgré les antécédents familiaux”. La sœur jumelle de sa maman, sa tante, a eu deux cancers du sein, à treize ans d’intervalle, le premier à 34 ans. “À l’époque, on ne lui a pas proposé de mastectomie, juste une chimio et une ablation de la tumeur. À 47 ans, elle a eu un cancer à l’autre sein. Et au même moment, ma maman a eu son premier cancer. Elle a suivi le même traitement que ma tante et comme elle, elle a vaincu la maladie”.

Une rechute et un dépistage

Trois ans plus tard, la mère de Florence a ressenti de violentes douleurs au dos, sans qu’aucun médecin n’en trouve la cause. Ce n’est qu’au bout de 6 mois qu’on a découvert qu’elle avait un cancer métastasé, il était déjà trop tard pour la soigner. “C’était en 2010, pourtant on ne parlait pas encore de génétique pour les cancers… C’est parce que ma mère a participé à une étude – dont on a reçu les résultats après son décès -, qu’on a appris qu’elle était porteuse du gène BRCA1 (gêne du cancer du sein). Là, les médecins ont supposé que j’en étais moi aussi porteuse. Alors j’ai fait le test, qui consiste en une simple prise de sang. J’avais 21 ans”, précise Florence.

Et ensuite le choc

La jeune femme n’était pas au courant de ce deuxième cancer. “J’étais en pleine session à l’univ, ma maman attendait que j’aie terminé pour me le dire. Mais elle est morte avant d’avoir pu le faire, la nuit qui précédait mon dernier examen”. C’est sa tante qui est venue à la sortie de l’auditoire pour lui annoncer. “Deux semaines plus tôt, maman m’avait rejointe à Bruxelles pour m’aider à réviser. Je n’avais alors aucune idée de ce qui se passait. C’est très dur… Sa mort a été un vrai choc. Dès qu’on a su que j’avais ce même gène, j’ai été suivie régulièrement, tous les ans jusqu’à mes vingt-cinq ans, puis tous les six mois. Tout en continuant à vivre comme n’importe quelle étudiante de mon âge qui aime faire la fête. Mais néanmoins en menant toujours une vie saine, je ne fume pas, je fais du sport…”

La petite boule qui n’augurait rien de bon

C’est en 2016 que tout a basculé. “J’étais à mon entraînement de gymnastique quand j’ai senti une petite boule sous la poitrine”. Le lendemain, la jeune femme était chez son sénologue, médecin spécialisé dans l’étude du sein, de ses pathologies et le traitement de ses maladies, pour faire les examens nécessaires. “Quand il m’a appelée pour me dire que les résultats n’étaient pas bons, j’étais atterrée. Je me suis tournée vers mon copain et je lui ai dit ‘Il est encore temps pour toi de partir’. Mais il est resté”, sourit Florence. Ensuite tout s’est enchaîné, les examens, l’opération, les chimios… “La première, c’était la pire. Des heures interminables d’horribles nausées. Comble de malchance: j’ai chopé un virus”.

Un cancer et un virus en même temps

“Le lundi matin, jour de la rentrée des classes, j’ai eu de la fièvre. Mon copain, enseignant, est parti au boulot… mais il a fait demi-tour après 300 mètres. Il avait un pressentiment. Heureusement: j’étais en train de vomir dans la douche”. Il s’est avéré que Florence avait une infection. Elle a été hospitalisée sur-le-champ, et mise en quarantaine. “Une semaine plus tard, la veille de ma seconde chimio, j’ai perdu mes cheveux. J’avais lu sur plusieurs forums que c’est l’effet le plus traumatisant du traitement, mais curieusement, je n’ai pas été choquée, peut-être parce que j’avais vu ma maman chauve… D’ailleurs, j’ai choisi de ne pas porter de perruque, juste un foulard”.

Une décision lourde, mais sensée

Après le traitement, Florence a écouté les médecins, qui préconisaient une double mastectomie, afin de limiter au maximum les risques de récidive. “Si je savais que c’était ce qu’il y avait de plus sensé à faire, ça n’en restait pas moins une lourde décision: c’est l’ablation des seins, quand même… Pour son image, c’est dur. Cela veut dire aussi que si on a des enfants, on ne peut pas les allaiter, et qu’on perd toute sensation au niveau des seins. Par exemple, quand j’éprouve le besoin de me gratter, et que je le fais, je ne ressens pas le soulagement que ça procure normalement… Mais ce n’est pas bien grave, je suis une patiente très optimiste”, déclare, en riant, la jeune femme.

À côté de cette mastectomie, Florence découvre qu’elle a 35 à 50% de chances d’avoir un cancer des ovaires. “C’est pour cela que dès qu’on aura le nombre d’enfants que l’on souhaite Thomas et moi, j’enlèverai tout, c’est plus prudent. La bonne nouvelle, c’est que je peux encore avoir des enfants, malgré la chimio. La médecine a fait des progrès! À l’UZ Brussel, le département génétique est très poussé: les médecins prélèvent des ovules, ils les fécondent, les analysent, et ne réimplantent que ceux qui ne sont pas porteurs du gène. C’est une chance énorme!”

Du cauchemar au rêve

“Mon amoureux Thomas a toujours été à mes côtés, depuis 12 ans. Il a traversé toutes ces épreuves avec moi, le décès de ma maman, mon cancer… Sa sœur Sarah est devenue comme ma sœur”. Florence a reçu énormément de soutien de sa famille et de tous leurs amis. Jamais elle ne s’est sentie seule face à ce combat. “J’ai horreur qu’on me dise que j’ai été brave, ou forte. J’ai juste fait ce qu’il y avait à faire. Tout en poursuivant mes études. J’ai obtenu mon diplôme de journaliste et j’ai travaillé à la RTBF pendant trois ans, au service sportif. Maintenant, je suis responsable de la communication à la Fédération francophone de Gymnastique, et consultante pour la télé lors des compétitions. Je suis très heureuse car à la base, c’est exactement ça que je voulais faire. On peut dire que j’ai réalisé mon rêve, après avoir vécu un cauchemar”, s’amuse Florence.

“Une prise de sang peut vous sauver la vie!”

“Je suis contente que l’on parle de plus en plus du cancer du sein, et toutes les actions de sensibilisation sont très importantes. Mais ce qui me frustre, c’est qu’on aborde rarement le facteur génétique”. Au sein de sa propre famille, certains refusent de faire le test, ce qui la rend dingue. “Je trouve que les gens sont encore trop réticents à se faire détecter, alors que l’on découvre de plus en plus de cancers chez les jeunes femmes. S’il y a des suspicions de cancer dans votre famille, je vous encourage à vous faire dépister. Ce n’est rien d’autre qu’une prise de sang, mais ça peut vous sauver la vie!”

Un cancer héréditaire

  • 5 à 10% des cancers sont héréditaires, souvent en raison d’une mutation du gène BRCA1. Lorsqu’on porte ce gène, on court entre 65 et 85% de risque d’avoir un cancer, 50% de risque de faire une récidive, et 50% de risque de le transmettre à ses enfants.
  • Le gène peut également se transmettre aux garçons, et se développer en cancer du sein ou de la prostate, même si les risques sont moins élevés. Mais comme les femmes, ils ont 50% de risque de le transmettre à leurs enfants.
  • On en parle beaucoup plus depuis qu’Angelina Jolie a révélé avoir fait une double mastectomie et une ovariectomie, car elle est porteuse du BRCA1. Selon le British Medical Journal, ces révélations ont suscité une augmentation significative des dépistages du cancer du sein.

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