mysophobe
Le côté maniaque de Pauline s'est transformé en phobie de la saleté après son accouchement. © William Fortunato/Pexels

Témoignage: “Je suis mysophobe depuis que j’ai accouché”

Pauline*, 32 ans, a toujours aimé la propreté. Mais ce qui n’était jusque là qu’un “petit côté maniaque” a viré à l’obsession avec la naissance de son fils. Cette phobie de la saleté porte un nom: la mysophobie.

Nettoyer compulsivement les housses des coussins, angoisser à l’idée que l’on touche son bébé, avoir des crevasses sur les mains à force de les laver: le congé de maternité de Pauline ne s’est pas déroulé exactement comme dans ses rêves. Si l’arrivée d’un enfant met au défi tous les parents, pour cette pharmacienne, la peur et le stress se sont transformés en une angoisse obsédante: celle que son nourrisson soit confronté à la saleté.

Un bébé tant attendu

“J’ai rencontré Thomas* pendant le Covid. Il a emménagé chez moi un peu moins d’un an après, on a très vite commencé à parler bébé. Après avoir un peu voyagé, on a décidé de s’y mettre et on a eu de la chance: ça a marché tout de suite! J’avais déjà ce désir d’enfant depuis des années; quand je suis tombée enceinte, j’étais donc aux anges”.

Une grossesse qui se passe sans accroc, jusqu’à ce que… “À la 32e semaine, j’ai commencé à avoir des contractions”. Une situation qui force Pauline à rester alitée pendant cinq semaines. “Je pense que c’est pendant cette période que j’ai développé mes tocs. J’étais à la maison tout le temps, j’ai donc pu tout préparer dans les moindres détails. Même en étant assise ou couchée, on peut déjà faire beaucoup (rires). Une fois à terme, comme je pouvais me lever, j’ai nettoyé toute la cuisine, les housses de coussins du canapé… Tout l’appartement était passé au crible. Dans les carnets ONE, on nous dit de nettoyer les vêtements du bébé. Du coup, je les ai tous nettoyés”.

Le cauchemar des visites

“Depuis le début de mon congé maternité, ma maniaquerie est poussée à son paroxysme. C’est devenu obsessionnel: je passe ma vie à nettoyer, mes mains sont super rouges et j’ai des crevasses tellement je les lave. Et mes habitudes ont petit à petit changé, elles aussi. En temps normal, j’adore recevoir. Mais là, les visites m’angoissent”.

J’en viens à rêver d’un sas de désinfection à l’entrée de mon appartement…

Chaque instant de détente et de plaisir devient un véritable supplice pour la jeune maman: “Quand je reçois, j’ai des bouffées de chaleur. À chaque fois que quelqu’un s’assied dans le fauteuil, j’ai envie de nettoyer les coussins après son passage. Je sais que ça paraît fou, mais j’en viens à rêver d’un sas de désinfection à l’entrée de mon appartement”.

Nommer la phobie et la soigner

Une situation qui ne s’arrête pas là, le malaise de Pauline se révélant bien plus profond. “Quand mon amoureux rentre du boulot, je lui demande de se changer avant d’aller dans le canapé. Et j’ai récemment fondu en larmes quand ma maman s’est assise à côté de Jules sur une couverture dans le jardin, alors qu’elle revenait d’un voyage en train et ne s’était pas lavée à son retour. Petit à petit, et aussi grâce à l’aide de Thomas et de ma maman, j’ai compris que cette peur n’avait pas de sens et que ça dépassait vraiment les bornes”.

Ce qui est difficile pour moi, c’est de faire la part des choses entre ce qui est normal et ce qui est exagéré

Déformation professionnelle?

“J’ai fini par mettre un mot dessus: j’ai fait des recherches et j’ai compris que je souffrais de mysophobie ou la phobie de la saleté. J’en ai parlé à ma médecin généraliste, qui a limite voulu me mettre sous antidépresseurs. J’ai refusé: je suis hyper heureuse, ce n’est pas ça! J’ai plutôt fait quelques séances chez le psy, qui m’a parlé de troubles anxieux spécifiques. Et je suis allée chez le micro-kiné, ça fonctionne bien sur moi. Je pense que la source de cette phobie vient d’une déformation professionnelle: je suis pharmacienne en hôpital. Stériliser pour éviter la prolifération de microbes fait partie de mon métier! Et puis, la période Covid n’a pas aidé, avec cette manie de tout désinfecter.

Ce qui est difficile pour moi, c’est de faire la part des choses entre ce qui est normal et ce qui est une exagération. Je sais aussi que toutes ces peurs me viennent d’une envie de protéger Jules. Mais ce n’est pas possible, ni sain pour lui, et je le sais! C’est ça qui est très ambivalent, je m’en rends compte”.

2 pas en avant, 1 pas en arrière

“Ce qui m’aide, c’est que les professionnels me disent que ça va aller. Ma psy, par exemple, a déjà vu ça, je ne suis pas folle, je ne dois pas être sous médicament. Je me dis que c’est une phase qui va passer. J’ai des exercices à faire pour aller mieux. Par exemple, elle m’a conseillé de noter tous les soirs mes victoires du jour: réussir à regarder la carte du resto sans me désinfecter les mains ensuite, par exemple. Il faut avancer étape par étape. Je fais deux pas en avant, un pas en arrière. Mais j’y crois!

Je pense que reprendre le travail et une vie plus ‘normale’ va m’aider. Comme j’ai été alitée, ça fait cinq mois que je suis chez moi non-stop. Et dès qu’il y a un perturbateur externe, ça m’angoisse. Sortir plus, me changer les idées, voir des gens m’aide à me sentir mieux”.

*Prénoms d’emprunt

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