Témoignages: le conseil que j’aurais aimé recevoir à 20 ans
Quel est le conseil que vous auriez aimé recevoir plus jeune? Celui qui vous aurait fait agir autrement, éviter certains regrets et qui aurait peut-être changé le cours de votre vie? Nous avons posé la question aux lectrices de Femmes d’Aujourd’hui.
Des lectrices ayant la trentaine, la quarantaine, la cinquantaine et la soixantaine nous parlent de ce qu’elles auraient aimé savoir. Vous allez peut-être vous reconnaître dans ces témoignages!
9 témoignages qui parlent à tout le monde
Parmi eux, les études, les relations, l’échec… La vie tout simplement.
“Aucune relation n’est parfaite”
Anne, 42 ans. “Si j’avais su qu’aucune relation n’est parfaite et qu’aucune personne ne l’est non plus, je serais peut-être encore avec le père de mes enfants. J’aurais aimé qu’on me dise qu’il faut pouvoir se remettre en question, et surtout, relativiser les choses qui nous paraissent insurmontables, car elles finissent un jour par paraître dérisoires. Le bonheur n’est pas un état de fait: ce sont des petits instants magiques, qui nous tombent dessus et nous mettent les larmes aux yeux. J’appelle ça des ‘flashes’, des moments que l’on a envie de graver pour l’éternité. Rien ne sert donc de courir après le bonheur”.
“L’échec est parfois utile”
Julie, 36 ans. “J’ai fait des études d’art dramatique au Conservatoire. Je ne voulais pas vraiment être comédienne, mais comme on me disait que j’étais douée et que j’aimais les textes, j’ai tenté l’examen d’entrée. J’ai réussi, mais de justesse… Et j’ai ramé pendant 3 ans. Quand j’ai raté les examens la 3e année, ça a été assez dur pour mon ego et j’ai tourné la page. Heureusement, ça n’a pas été du temps perdu, car tout ce que j’y ai appris m’a beaucoup servi plus tard quand j’ai dû prendre la parole au boulot et poser ma voix à la radio comme journaliste. L’échec aurait été moins amer si j’en avais eu conscience à l’époque”.
“Il faut pouvoir pardonner”
Catherine, 45 ans. “Le conseil que j’aurais voulu recevoir, c’est que pour avancer dans la vie, il faut pouvoir pardonner, ne pas rester dans l’aigreur et la rancœur. Ce sont des sentiments qui ne peuvent que rendre les gens acariâtres et les empêcher d’être heureux. Beaucoup de psychologues conseillent d’aller au bout de sa colère. Pourtant, elle n’apporte pas le bonheur, que du contraire”.
“J’aurais dû profiter plus et multiplier les expériences”
Geneviève, 50 ans. “Ma maman m’a toujours répété que je devais être sérieuse, me faire respecter des garçons et me méfier. Avec le recul, j’aurais voulu qu’on me dise de profiter plus, de faire la fête et de multiplier les expériences, même sexuelles”.
“La grossesse, ce n’est pas une partie de plaisir”
Lise-Laure, 36 ans. “J’aurais aimé qu’on m’informe mieux sur la grossesse. Tout le monde affirme qu’être enceinte, c’est un moment magnifique. Rares sont les personnes qui m’avaient prévenue que ça pouvait être compliqué. Du coup, je culpabilisais beaucoup quand je ne me sentais pas bien. Je suis la maman épanouie de deux petites filles, mais mes grossesses n’ont pas été des parties de plaisir”.
“J’aurais aimé qu’on m’encourage à reprendre mon métier de sage-femme”
Sandrine, 61 ans. “J’ai un diplôme de sage-femme, mais après avoir arrêté de travailler pendant dix ans pour m’occuper de mes enfants, j’ai repris le boulot en tant qu’infirmière, dans une maison de repos. À ce moment-là, j’aurais aimé qu’on m’encourage plutôt à reprendre mon travail de sage-femme. Je pense que je me serais davantage épanouie dans ma vie professionnelle”.
“Faire ce qu’on veut rend plus heureux”
Bernadette, 49 ans. “J’aurais aimé qu’on me conseille de faire ce que je voulais dans la vie. Je me suis sentie obligée d’aller à l’université pour faire plaisir à mes parents. Pour mon père, médecin, on n’existait dans la vie qu’avec un diplôme universitaire. Pendant un an, j’ai suivi des études en dentisterie, que j’ai ratées. J’étais malheureuse, et ces études ont empiété sur ma confiance en moi. J’ai ensuite bifurqué vers des études d’infirmière, un cursus que j’avais envie d’entreprendre depuis le début”.
“Tout est possible”
Patricia, 57 ans. “J’aurais aimé qu’on me donne davantage confiance en moi. Par exemple, en me disant que toutes les ressources sont en nous, que tout est possible, que lorsqu’un obstacle se dresse sur la route, il faut l’accepter et trouver un autre chemin, plus juste. Que si l’on pose ses actes avec justesse, la vie finit par nous le rendre”.
“Revisiter son passé avec son regard d’aujourd’hui est un leurre”
Regretter de ne pas avoir reçu tel ou tel conseil en dit long sur nous… et n’est pas forcément utile. C’est l’avis d’Anne-Françoise Meulemans, médecin et psychothérapeute, fondatrice de CentrEmergences.
Comment analysez-vous ces témoignages?
“Certains sont dans les regrets doux: ‘Ah, si j’avais fait ça!’; ils relèvent davantage de la nostalgie, d’une tristesse presque agréable, de cette douce envie de s’imaginer dans d’autres scénarios. D’autres sont dans des regrets plus amers, signes d’une difficulté à intégrer les différents éléments de leur parcours, ou d’un besoin de trouver un coupable. Dans les deux cas, c’est une façon de ne pas s’approprier sa propre histoire”.
Regretter de ne pas avoir eu tel conseil, n’est-ce pas un leurre?
“Tout à fait, car on revisite son passé avec son regard d’aujourd’hui, aves les expériences qu’on a traversées. Le conseil qu’on (n’)a (pas) reçu à l’époque s’inscrivait dans un contexte familial, social – on était moins informés qu’aujourd’hui – et psychologique – nous n’avions pas la personnalité aboutie que nous avons maintenant. Ce qui s’est passé est passé. Avec l’alchimie de la résilience, les regrets et les remords deviennent des expériences qui nous renforcent”.
Comment donner les bons conseils aux jeunes, pour qu’ils n’aient pas un jour ce genre de regrets?
“D’abord, soyez à l’écoute de leurs questionnements et apportez-leur un regard bienveillant. Ensuite, plutôt que de donner des conseils, partagez votre expérience. Un conseil est forcément lié à un contexte, alors qu’une expérience, un vécu, des émotions sont intemporels et toujours justes. Enfin, invitez-les à suivre leur intuition”.
Texte: Laetitia Dekemexhe, coordination: Christelle Gilquin
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