Enfant tout seul dans la cour
Votre enfant est harcelé? Découvrez quels sont les signes auxquels être attentive. © © iStock

Mon enfant est harcelé… Comment réagir?

Le 6 novembre, c’est la Journée internationale contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire. Alors que la RTBF lance la seconde édition de HOPE, contre le (cyber)harcèlement scolaire, voici quelques pistes pour bien réagir si votre enfant est concerné.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, 1 élève sur 3 (principalement entre 8 et 15 ans) a déjà connu une situation de (cyber)harcèlement scolaire – en tant que victime, témoin ou auteur. Face à ce constat préoccupant, la RTBF a lancé le projet HOPE (“Harcèlement, on s’y Oppose et on en Parle Ensemble”). Il vise à sensibiliser les élèves de primaire grâce à des actions menées avec Mentissa, la marraine 2025, et la Reine Mathilde.

4 principes sont au cœur de la charte de HOPE: H pour Harceler, ce n’est pas OK/harcelé(e), tu n’es pas responsable, O pour Oppose-toi et Ose en parler, je t’écouterai, P pour Prends les devants et E pour Ensemble, nous pouvons dire STOP. Ils sont symbolisés par 4 points dessinés sur la main.Le harcèlement peut être verbal, corporel, matériel, relationnel ou virtuel. Il se distingue surtout par trois éléments: l’intention de nuire, la répétition et la “disproportion des forces”, qui crée une relation de dominant à dominé.

Intention de nuire, groupe et répétition

Mais qu’entend-on exactement par harcèlement scolaire? Le harcèlement peut prendre différentes formes (verbale, corporelle, matériel, relationnel ou virtuel), mais il se différencie surtout des autres faits de violence par trois caractéristiques: l’intention de nuire, la répétition et la “disproportion des forces”, c’est-à-dire qu’il installe clairement une relation de dominant/dominé.

Il y a un ou des harceleurs, une ou des victimes et la sphère des témoins. C’est une forme de violence invisible, souvent cachée aux adultes et tue par les victimes. Bruno Humbeek, psychopédagogue à l’UMons, précise: La victime ressent souvent une forte impuissance, et la situation implique toujours un groupe. Si votre fille vit une amitié toxique avec une autre élève, il y a souffrance, mais ce n’est pas forcément du harcèlement. Chaque cas demande une prise en charge différente.”

Comprendre la soif de “popularité”

Etre populaire, c’est faire partie des leaders d’un groupe, être admiré par ses pairs. Pour Emmanuelle Piquet, psycho-praticienne et autrice de “Te laisse pas faire” et de “Je me défends contre le harcèlement”, les choses sont claires: “ce besoin farouche de popularité est un ingrédient majeur pour comprendre le harcèlement. Le harceleur est en recherche constante de popularité et une façon d’y parvenir est de rigoler aux dépens d’une victime. Les adultes sous-estiment l’angoisse que provoque aujourd’hui le manque de popularité chez les jeunes. Pour certains, c’est une question de survie psychique : la peur de déjeuner seul à la cantine les terrorise.”

Le besoin farouche de popularité est un ingrédient majeur pour comprendre le harcèlement.

Détecter les signaux

Les signes d’alerte : troubles du sommeil, irritabilité, repli, anxiété, maux de ventre, baisse des résultats ou refus d’aller à l’école. “Inutile de guetter chaque émotion négative”, prévient Bruno Van Humbeek. “Ce qui compte, c’est de voir si elle persiste dans le temps.”.

Briser le silence

“La plupart du temps, la victime garde le silence parce qu’elle a peur”, explique Emmanuelle Piquet. “L’enfant a peur d’être frappé, honteux, isolé, ou de causer du chagrin à ses parents.” L’enfant connaît les “codes de la cour de récré” et sait qu’il risque des représailles.

Pour le tranquilliser et déclencher la parole, Emmanuelle Piquet suggère un discours comme celui-ci: “J’ai l’impression que c’est très dur pour toi en ce moment à l’école, peut-être avec les autres. Je comprends que tu n’aies pas envie d’en parler parce que nous autres les adultes on est parfois fort maladroits dans ce genre de situation. Sache simplement que si tu m’en parles, je ne ferai rien avec lequel tu ne sois pas strictement d’accord.”

Contenir sa peine… et ne pas paniquer

Pas facile de rester stoïque face à une parole qui se libère, face à une souffrance qui s’exprime en raison d’actes brutaux et humiliants à l’encontre de son enfant. Recevoir cette souffrance, oui. Mais pour Bruno Humbeek, l’essentiel est de ne pas y mêler sa propre peine : “il faut contenir sa douleur et rester solide”. Au contraire, lui montrer qu’on va faire en sorte que cela s’arrête, qu’il y a des moyens pour y parvenir, qu’on n’est pas impuissant.” Et si c’est trop difficile, lui trouver un interlocuteur adulte à qui il puisse parler (centre PMS, direction de l’école, psychologue, Service d’Aide en Milieu Ouvert…). De plus en plus d’écoles créent des “espaces d’écoute”, où les élèves peuvent parler librement à un adulte de confiance.

Essayez de ne pas ajouter votre propre peine sur les épaules de votre enfant.

Lui apprendre à se défendre

Emmanuelle Piquet s’est spécialisée dans la prise en charge en thérapie brève des victimes de harcèlement depuis 10 ans. Son expérience de terrain montre l’importance d’aider les victimes à retrouver en elles les ressources nécessaires pour se faire respecter. Son parti pris: “Aujourd’hui on travaille avec ceux qui font souffrir les autres, on leur fait la morale, on les sanctionne, on organise de la prévention. Il faut aussi faire un travail avec les victimes pour voir avec elles comment faire si il y a une prochaine fois. La plupart du temps, trouver avec lui une réplique (une ‘flèche de résistance’, NDLR) qui fera tomber le harceleur de son piédestal devant ses pairs sera le plus efficace.”

Alerter l’école

Votre rôle est de tenir la direction ou le PMS de l’école au courant de la souffrance de votre enfant. Souvent, face à l’horreur de la situation, les parents veulent obtenir justice, dénoncer et faire punir les malfaiteurs, et arrivent face à la direction avec un diagnostic tout fait.

“Il est essentiel de ne pas accuser l’école de front”, explique Bruno Humbeek. “En général, le harcèlement touche tout un groupe, parfois même une classe entière. Une attaque directe bloque souvent la situation. Le parent doit avant tout signaler la souffrance de son enfant, pas désigner un coupable. Cela ouvre la discussion. Les écoles ont aujourd’hui des outils et des aides pour agir.”

Et si l’école ne bouge pas? “De nombreux partenaires extérieurs peuvent aider: centres PMS, AMO…. Ces structures servent d’intermédiaires et poussent l’école à agir. On arrive de plus en plus à faire réagir l’école à partir de la demande d’un parent informé, qui sait où trouver les aides. Des parents me contactent pour créer des espaces de parole dans l’école. Aucune direction ne m’a jamais dit non.”

Et le cyberharcèlement?

Bruno Humbeek explique: “Ce n’est pas une autre forme de harcèlement, c’est une caisse de résonance qui concerne un groupe réel et qui amplifie le phénomène. C’est très virulent, c’est dangereux, ça va très vite, mais il faut agir de la même façon: contacter l’école et travailler sur le groupe réel. Les enfants concernés par le cyberharcèlement appartiennent au moins à la même école, et souvent à la même classe. L’école est donc concernée.”

Aller plus loin

Harcelé(e), mais pas seul(e), Soline Bourdeverre-Veyssière et Knaye, Hachette Éducations.

Le portail de ChildFocus consacré à la sécurité en ligne.

Le projet HOPE de la RTBF.

Texte: Stéphanie Grosjean

Vous aimerez aussi:

Recettes, mode, déco, sexo, astro: suivez nos actus sur Facebook et Instagram. En exclu: nos derniers articles via mail.

Contenu des partenaires

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.