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Témoignages: “Le jour où j’ai compris que mes parents vieillissaient”

Se rendre compte que nos parents ne sont pas immortels peut être assez éprouvant, en particulier lorsque la maladie prend le pas sur la santé. Deux de nos lectrices témoignent.

On aimerait qu’ils restent jeunes et en pleine santé toute leur vie… Et vient le moment où l’on doit se rendre à l’évidence: nos parents vieillissent et parfois s’affaiblissent. Un changement d’apparence, des problèmes de santé à répétition, ou encore une difficulté à rester autonome, cette réalité nous saute aux yeux. Un cap parfois difficile à passer car, en plus de toutes les casquettes que nous portons déjà dans nos vies bien remplies, cela nous oblige potentiellement à adopter un nouveau rôle: celui d’aidant proche.

“J’ai compris que mes parents avaient vieilli le jour où mon papa est tombé de son échelle”

Emmanuelle a 40 ans. Maman d’un petit garçon qu’elle élève seule, elle est aussi la fille de Pierre et Jeanne, qui ont tous les deux 82 ans: “Mes parents m’ont eu sur le tard: après avoir eu deux enfants dans la vingtaine, ma maman est à nouveau tombée enceinte après 40 ans. Du coup, j’ai toujours vu mes parents comme des personnes d’un certain âge, sans les trouver vieux pour autant. En plus, ils ont toujours été très dynamiques, ce qui me donnait l’impression qu’ils ne vieillissaient pas. Jusqu’au jour où – je m’en rappellerai toute ma vie – mon père est tombé de son échelle, il y a 6 ans environ. Il taillait ses haies et a fait une mauvaise chute. Ma mère m’a téléphoné, en larmes et j’ai de suite appelé une ambulance. En arrivant chez eux, j’ai eu un choc: ma mère était complètement perdue – presque en train de délirer vu les propos incohérents qu’elle tenait aux ambulanciers – et mon père m’a semblé être un si vieil homme sur le brancard”, nous confie Emmanuelle.

Si son papa s’en est sorti avec une seule fracture, il a mis des mois à s’en remettre: “Pendant toute sa convalescence, je me suis occupée de lui et de ma maman. C’est là que j’ai pris conscience qu’elle perdait doucement l’esprit… Elle a toujours été un peu fantasque et dans son monde donc je ne l’avais pas vraiment remarqué avant, vu que je la voyais moins mais là, ça me sautait littéralement aux yeux: elle perdait tout, oubliait des mots et était incohérente dans ses propos. J’ai alors compris que mon papa l’aidait beaucoup à garder le cap. Forcément, en son absence, elle s’est un peu écroulée”.

Une maman qui perd peu à peu la tête

“Après quelques semaines d’hospitalisation, papa est revenu à la maison, mais ça n’a plus jamais été pareil… C’est comme s’il avait vieilli d’un coup, et que maman et lui avaient subitement besoin d’aide, eux qui avaient toujours été si indépendants. Élevant mon fils seule, j’ai pris la décision de déménager près de chez eux afin d’être présente. Comme c’était peu avant le confinement, c’était vraiment pratique”. Une proximité qui n’ennuie pas du tout Emmanuelle: “J’ai toujours été proche de mes parents, et en tant que mère célibataire, ils m’ont été d’un grand soutien… Cela me convient très bien d’être présente à mon tour, mais je dois admettre que mon célibat me permet d’être vraiment disponible”.

“Mes parents ont pris un gros coup de vieux en contractant la covid”

Solange, 44 ans, est mariée et maman de trois enfants. Ses parents de 69 et 70 ans ont contracté la Covid en novembre 2020 et perdu en autonomie: “Mes parents ont tout du petit couple paisible: anciens enseignants, ils coulent une retraite tranquille dans notre village natal. Très fusionnels, ils ont toujours tout fait ensemble sans avoir besoin de personne… Et à part quelques soucis de santé, on ne s’est jamais vraiment inquiétés pour eux. Mais en novembre 2020, mes parents ont choppé le coronavirus. Mon papa, un peu cardiaque mais surtout en surpoids, a dû être hospitalisé. Ça a été un choc pour moi, qui ne pensais absolument pas que cette maladie pouvait l’atteindre à ce point… Alors qu’en fait, il était ‘une personne à risques’. On a eu vraiment peur pour lui mais heureusement, il s’en est sorti sans trop de problèmes… En ce qui concerne ma maman; ce fut une autre histoire. Elle a contracté la Covid aussi mais a fait la forme longue: fatigue intense, douleurs diffuses, maux de tête, vertiges… Il a fallu longtemps pour qu’elle s’en remette et je dois avouer que depuis, elle n’est plus la même: elle semble plus fragile et plus vite fatiguée. Elle a pris un sacré coup de vieux”.

Aider ses parents et être présente pour ses enfants, le casse-tête…

Depuis, Solange essaie d’être plus présente pour ses parents… Un vrai défi: “Avec des enfants de 12, 13 et 15 ans à la maison et un boulot à temps plein, je cours déjà partout, et honnêtement – et même si j’aime vraiment mes parents – être là pour eux était une charge mentale supplémentaire qui me rendait parfois dingue. Fin 2021, j’ai cherché une aide familiale pour mes parents – même si ma maman n’était pas spécialement d’accord – parce que je n’arrivais plus à suivre le rythme. Depuis, les choses sont plus simples: elle fait le ménage que ma maman ne sait plus prendre en charge ainsi que leurs courses… Moi, je viens les voir, régler les petites choses et je m’assure qu’ils vont bien… C’est plus léger”.

Pourquoi a-t-on du mal à voir vieillir ses parents?

Jennifer Humblet, psychologue clinicienne sur Nivelles et Jodoigne, nous le confirme: “Si le vieillissement est un processus très progressif, lorsqu’il s’agit de nos proches, on a tendance à ne pas le remarquer… Qui plus est, l’humain va naturellement compenser le plus longtemps possible pour continuer d’être autonome. Le problème est qu’à un moment, nos parents n’arrivent plus à compenser suffisamment. Et souvent, il y a un moment-clé: une chute, une maladie, un décès dans la famille… Un événement qui met en lumière le fait que nos parents ne sont pas des super-héros, mais bien des humains, mortels, avec leurs propres bobos et une durée limitée sur cette terre… Une prise de conscience qui peut être un choc”.

Se confronter à son propre vieillissement

Selon la psy, l’autre difficulté de voir ses parents vieillir est de prendre conscience que nous ne possédons pas non plus la jeunesse éternelle: “Réaliser que nos parents sont de vieilles personnes nous oblige à admettre que nous aussi, nous avons pris de l’âge. Et comme très souvent, cette révélation arrive dans le courant de la quarantaine, elle peut aller de paire avec une remise en question profonde de ce qu’on a fait de sa propre vie, alors qu’on en est à la moitié, menant dans certains cas à un remaniement profond”. Voir ses parents vieillir est un facteur de la crise de la quarantaine, que l’on appelle d’ailleurs aussi “la crise de milieu de vie”, certainement pas pour rien!

Du rôle d’enfant à celui d’aidant proche…

On le remarque bien dans le témoignage de Solange: lorsque des parents vieillissent, ce sont tous les rôles familiaux qui se voient être redistribués. Notre experte nous explique pourquoi: “Lorsque nos parents vieillissent, on va passer du rôle d’enfant, à celui ou celle sur qui beaucoup de gens comptent… Même nos propres parents. Dans notre société moderne où les femmes sont déjà surchargées par la charge mentale, ça peut être lourd à porter et mener, dans les cas les plus sérieux, à l’épuisement”, nous précise la psy.

Les conseils de la psy pour vivre cette réalité au mieux

  • Accepter la situation: “Je conseille vraiment de ne pas être dans l’attente que le parent redevienne celui qu’il a été avant, surtout en cas de maladie ou de démence. On va devoir accepter que cette période soit révolue… Ce qui peut demander un certain travail sur soi”.
  • Profiter au maximum des moments passés ensemble: ce changement de rôle peut avoir un impact assez négatif sur la qualité de la relation parent/enfant. “On peut avoir l’impression de ne plus être l’enfant de ses parents mais le taxi, l’infirmier ou encore la femme de ménage… Et ça peut mettre un coup dans la relation qu’on entretient”. Raison pour laquelle la psy nous conseille de ne pas nous enfermer dans le rôle d’aidant et d’organiser des moments de vie.
  • Se préserver: s’occuper de ses parents en plus du quotidien est éreintant. C’est pourquoi Jennifer Humblet conseille de ne pas hésiter à déléguer en trouvant de l’aide à l’intérieur ou à l’extérieur de la famille afin de prendre du temps pour soi.
  • Ne pas culpabiliser: en tant que femme, on a tendance à croire que peu importe ce que l’on fait pour sa famille, ce n’est jamais assez… Une croyance dont il est important de se détacher: “Devenir l’adulte de première ligne est un rôle prenant, qui peut nous faire douter. Pour tenir sur la longueur, il est important de sortir de cette culpabilité et de se dire qu’on fait juste ce qu’on peut, selon notre vie et notre réalité”.

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