Toutes les deux mamans solos, Élodie et Aline ont décidé de vivre ensemble.

Témoignage: “Mamans solos, on a choisi de vivre en colocation”

Vivre avec un autre parent célibataire a bien des avantages… À condition de trouver la bonne personne! Deux mamans nous racontent leur colocation hors du commun.

Selon une étude de l’Institut pour un Développement Durable, plus d’un quart des familles wallonnes et bruxelloises sont monoparentales. Parmi elles, 84 % sont des mères célibataires. Des femmes souvent en proie aux difficultés financières et à la solitude. Mais cette réalité n’est pas forcément une fatalité: de ces situations émerge aussi une grande solidarité entre parents solos, à en croire les groupes d’entraide qui fleurissent sur Facebook pour échanger des conseils ou des coups de main… On trouve même de plus en plus d’annonces de colocation pour mamans solos sur les réseaux sociaux et certains sites spécifiques, comme www.habitat-groupe.be.

Vivre en colocation, la solution pour les parents solos?

Briser la solitude, s’entraider, diminuer le coût de la vie… La colocation semble être une solution formidable, à condition de trouver la bonne personne: il faut pouvoir s’accorder un minimum sur le mode et le rythme de vie, l’éducation des enfants, les horaires, le budget… Autant de critères qui ont fait fuir bon nombre de mamans solo en recherche d’une colocation, faute d’avoir trouvé la perle rare. Mais certaines y sont arrivées. C’est le cas d’Élodie, 32 ans – maman d’un petit Louis de 2 ans – et d’Aline, 38 ans – maman de Juliette et Camille, ses jumelles de 8 ans. Ensemble, elles forment un super duo de mamans solos et vivent en colocation à Liège. Nous les avons interviewées afin d’en savoir plus sur leur organisation

En colocation oui, mais pas avec n’importe qui!

Comment avez-vous eu l’idée de vivre ensemble?

Élodie: “Après une rupture, je me suis retrouvée seule avec mon fils. Comme je travaillais à mi-temps, c’était difficile de trouver un logement. J’avais rencontré Aline au boulot, 4 ans plus tôt, et on était devenues amies. Je lui ai demandé si je pouvais venir chez elle quelques jours… et j’y vis depuis un an et demi! On a vite remarqué que la vie était bien plus simple, que ce soit financièrement, mais aussi pour les enfants.”

Qu’est-ce que votre coloc vous apporte?

Aline: “Ça a changé ma vie! Je ne suis plus toute seule, et j’ai la chance de vivre avec ma meilleure amie. Élodie me tire vers le haut: elle est très organisée et me permet de garder la maison en ordre, de faire les choses en temps et en heure. Avec nos budgets, on a pu s’offrir une grande maison au lieu d’un petit appart. Et comme j’ai des horaires décalés au boulot, c’est plus simple d’être à deux”.

J’ai demandé à Aline si je pouvais venir chez elle pour quelques jours… et j’y vis depuis un an et demi!

Charge mentale répartie

Comment vous répartissez-vous les tâches?

Élodie: “On fait des grosses courses une fois par mois, et on partage les frais en deux. Et puis on se répartit les tâches selon notre caractère et nos disponibilités: Aline est plus tête en l’air. Elle ne vide jamais la boîte aux lettres, par exemple. Alors c’est moi qui le fait. Pour les repas, celle qui est là cuisine. En fait, on vit comme un couple”

Aline: “Oui c’est ça, on est un couple. Un couple d’amies: s’il faut d’autres petites courses, elle m’envoie un message ou elle me laisse une liste. Et même si j’oublie de prendre le courrier, je vide les poubelles et je gère aussi la buanderie! (rires)“.

Vous auriez pu cohabiter avec un homme?

Aline: “Non. J’ai vécu 10 ans avec mon ex-mari et pour moi, la vie est plus agréable avec Élodie. Ce n’est pas du tout pareil. Mais tout dépend évidemment du caractère de la personne”.

S’entraider et se conseiller, la clé d’une colocation réussie

Comment ça se passe avec les enfants?

Élodie: “Une des filles d’Aline vit avec son papa et l’autre vit avec nous. Mon fils est avec nous une partie de la semaine. Un week-end sur deux, on a les trois enfants et l’autre week-end, on ne les a pas. En pratique, les matins où Aline travaille, je dépose les petits à la crèche et à l’école et elle va les rechercher à 16h”.

Aline: “Les gens s’interrogent parfois sur notre relation, mais ça ne nous a jamais perturbées. À ceux qu’on ne connaît pas, on répond juste qu’on est colocs”.

Vous décidez de tout à deux?

Aline: “Oui, même pour les enfants. J’aime pouvoir lui demander conseil, que tout ne repose pas uniquement sur moi”.

Élodie: “Quand on a commencé à vivre ensemble, Louis avait 6 mois. J’étais parfois un peu perdue comme jeune maman. C’était plus facile à deux”.

Vous êtes alignées en ce qui concerne l’éducation?

Élodie: “Oui, et même si Aline fait quelque chose avec ses filles que je ne ferais pas, ça ne me dérange pas. Par exemple, elle ne va pas se rendre compte qu’il est temps que les enfants mangent…  Et si on a vraiment un souci, on en parle tout de suite”.

Aline: “C’est vrai que je suis parfois un peu plus coulante. Élodie est plus terre-à-terre. Elle apporte l’organisation dont une maison a besoin, et moi le côté cool. Mais quand je fais quelque chose qui ne lui plaît pas, elle me le dit et ça me permet de me remettre en question. C’est un fameux avantage de bénéficier d’une autre vision des choses”.

Et les enfants, comment vivent-ils votre colocation?

Élodie: “Super bien! Louis a grandi comme ça, il ne se pose pas de questions. Il a compris qu’il avait deux maisons. Quand il va chez mon ex-compagnon, il va chez sa Mamou, et quand il vient ici, c’est chez Maman et Bichette. Oui, on s’appelle toutes les deux Bichette… (rires)”.

Aline: “Quand Élodie va les chercher à l’école, Camille dit: « Maman est là », comme quand c’est moi qui y vais. Ils savent qu’ils font partie du même clan et ils s’entendent super bien”.

La question de l’intimité

Vous arrivez à préserver votre intimité?

Aline: “Élodie est en couple depuis quelques mois, mais ça ne me pose aucun problème. Si elle a envie d’être tranquille le week-end, je pars faire une grande balade. Si elle veut manger dans sa chambre juste à deux, c’est possible. Ou au contraire, si elle souhaite occuper le salon pour regarder un film au coin du feu, je vais dans ma chambre”.

Élodie: “On a choisi une maison spacieuse exprès, avec de grandes chambres dans lesquelles on a mis une télé et où on peut installer une table si on préfère manger de notre côté”.

Il y a parfois des tensions entre vous?

Aline: “C’est arrivé uniquement un peu avant de déménager: on était trop à l’étroit. Depuis, il y a bien des moments où on s’énerve pour une bêtise, mais on le dit et c’est fini”.

Élodie: “Comme la maison d’Aline n’avait que 3 chambres, on devait dormir ensemble. Après 6 mois, on a l’a mise en location et on a loué une maison plus grande avec quatre chambres. Depuis, tout va pour le mieux”.

On a choisi une maison spacieuse exprès, avec de grandes chambres dans lesquelles on a mis une télé et où on peut installer une table si on préfère manger de notre côté.

Une situation temporaire… ou pas?

Vous imaginez un jour ne plus vivre ensemble?

Aline: “On suppose que ça arrivera si l’une de nous veut faire sa vie avec quelqu’un sans avoir l’autre dans les pattes. Mais très clairement, on n’en ressent pas le besoin pour le moment”.

Quel est le meilleur souvenir de votre coloc’?

Élodie: “Il y en a plein! On ne se rend même pas compte du confinement parce qu’on peut faire la fête. On déplace les divans et on regarde un film tous ensemble. On organise des après-midi pâtisserie, des balades à rollers ou dans la forêt… On n’a pas besoin de plus! Et puis maintenant, Aline fait vraiment partie de la famille!”.

Aline: “En réalité, depuis qu’on est coloc’, je ne me sens plus “maman solo”. J’ai aussi l’impression d’avoir gagné une famille. On va manger chez ses parents ensemble, on fête Noël chez eux. Je suis un peu comme la troisième fille de la maison. Et ce qui est certain, c’est que si Élo ou un de ses parents avaient besoin de quelque chose, s’il fallait faire des tests de compatibilité pour leur donner un rein, par exemple, je le ferais toute de suite. Pour moi, ça dépasse les liens du sang”.

Mamans solos en précarité, une réalité

D’après StatBel (l’Office belge de statistiques), 41,3% des familles monoparentales – dont 80 % sont des femmes seules – sont “à risque de pauvreté”. Vous êtes dans le cas et avez besoin d’aide? La page Facebook “Des Mères Veilleuses” crée un espace de rencontre entre mères solos et fournit des infos utiles, un lieu d’écoute, du soutien psychologique et juridique. À Bruxelles, une Maison des parents solos (maisondesparentssolos.be) constituée d’assistants sociaux, de juristes et de psychologues propose notamment un accompagnement psycho-social et juridique.

Texte Julie Braun Adaptation web: Tatiana Czerepaniak

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