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Burn-out ou mal-être au travail?

Si le burn-out touche “seulement” un travailleur sur six en Belgique, le mal-être au travail commence bien avant. Apprenez à en repérer les premiers symptômes pour éviter la chute.

En 2015, pour la première fois dans l’histoire de la sécurité sociale belge, l’incapacité de travail a coûté plus cher à l’État que le chômage, et ça ne s’est pas arrangé depuis. La vraie explosion, c’est celle de l’incapacité de travail de longue durée, due essentiellement à la multiplication des dépressions.

Les signes avant-coureurs

Mais avant le burn-out et la dépression, il y a le mal-être au travail. “De façon générale, la souffrance au travail augmente”, constate Evelyne Lenoir, Docteure au sein de la Société Scientifique de Médecine Générale. “Parce que les contraintes s’aggravent – il faut en faire toujours plus avec moins de personnel – et que la peur du licenciement est omniprésente. Ce qui pousse certains travailleurs à négliger des signes avant-coureurs comme les troubles du sommeil et les sautes d’humeur pour s’obstiner dans un présentéisme dangereux”. Quand ils commencent à se sentir mal, tant physiquement que mentalement, les travailleurs devraient pouvoir s’arrêter et faire le point, “mais, par crainte de perdre leur emploi, ils ne prennent pas le risque de s’absenter… et un jour, ça casse”.

Qui sont les stresseurs au travail?

Pour échapper aux facteurs de stress professionnels, il ne suffit pas de faire semblant de les ignorer. “Dans le monde du travail, les stresseurs sont nombreux et malheureusement cumulables”, précise Sophie Morin, psychologue du travail et auteure de Vivre mieux au travail. “Ils peuvent être liés à l’intensité du travail – pression temporelle, ordres et contre-ordres, rythmes atypiques – mais aussi au manque d’autonomie et à la sous-utilisation des compétences, à des relations dégradées et à l’insécurité socio-économique”.

Les écrans et la solitude y sont pour quelque chose

Il s’y ajoute, selon le Français Jean-Denis Budin, enseignant-chercheur en sciences de gestion à l’Université de Paris Dauphine, auteur de Ne vous tuez plus au travail, “deux facteurs personnels mais déterminants: l’addiction numérique, qui détériore la qualité et la quantité du sommeil et contribue à la surutilisation du cerveau, et le sentiment de solitude, qui accroît la souffrance et réduit l’aptitude à rebondir”. Et d’expliquer: “Quand je me suis retrouvé en burn-out et licencié, j’aurais eu beaucoup plus de mal à me relever sans le soutien inconditionnel de mon épouse”.

Quand le cerveau dérègle le corps

Dans de telles conditions, pas étonnant que le cerveau ne sache plus où donner de la tête. “Le cerveau, fatigué, ne parvient plus à récupérer”, affirme Jean-Denis Budin. “De ce fait, il dérègle le fonctionnement des organes, de sorte qu’au désarroi des neurones s’ajoute la déglingue du corps”. Vous ne voulez pas en arriver là? Suivez ces 7 conseils.

Votre examen

Votre fatigue vous semble gérable? Vous êtes persuadée de pouvoir tenir jusqu’aux prochaines vacances? Avant de passer aux conclusions, faites attention aux symptômes associés: difficulté à prendre des décisions, même anodines, manque de motivation, pertes de mémoire ou difficultés de mémorisation, irritabilité ou émotivité excessives (vous vous énervez et/ou vous pleurez pour un rien), pessimisme, tendance au grignotage et attirance pour les aliments sucrés… Ne négligez pas les avertissements de votre entourage. “Qu’est-ce qu’il t’arrive? Ça ne te ressemble pas! Tu ne réagis plus comme avant…”. Un problème que vous refusez de reconnaître ne peut que s’aggraver.

1. Allergies, ballonnements, souffle court: analysez-vous

“Un stress prolongé est un facteur de risque de nombreux troubles”, explique Jean-Denis Budin. “Neuromusculaires, neuropsychiques, cardiovasculaires, digestifs, respiratoires, allergiques et même cutanés. L’apparition de ces maux liés au stress révèle que votre organisme ne parvient plus à s’autoréguler”.

2. Agissez sur votre physique

“La première stratégie de gestion du stress consiste à calmer les réactions physiologiques déclenchées (rythmes cardiaque et respiratoire accélérés, tensions musculaires)”, commente Sophie Morin. Cette détente peut être obtenue par différents moyens: respiration, relaxation, sophrologie, yoga…”. Mais ces pratiques ne vous serviront à rien si, parallèlement, vous n’agissez pas sur vos pensées par la restructuration cognitive, nous explique la pro.

3. Agissez sur vos pensées

La restructuration cognitive consiste à repérer vos pensées automatiques négatives, à analyser leur validité et à les remplacer par des pensées positives. Comme tout le monde, vous avez une façon générale de penser, avec quelques pensées récurrentes qui vous sont propres. En période de stress, ces “pensées automatiques” sont souvent globalement pessimistes. Elles peuvent être centrées sur vous (“Je suis nulle, je n’y arriverai jamais!”), sur les autres (“On ne peut compter sur personne”), sur le monde en général (“Le monde du travail est impitoyable”) ou sur l’avenir (“Tout va de plus en plus mal”). L’idée est de les remettre en question, pour les remplacer par des pensées alternatives positives. Ainsi, une pensée du type “Je n’y arriverai jamais” peut être remplacée par “Je suis organisée, je ne vois pas pourquoi je n’y arriverais pas” ou “Dans les mêmes circonstances, la dernière fois, je m’en suis bien tirée!”.

4. Reprenez le contrôle sur le temps

Bien que le temps libre ait objectivement augmenté, nous ressentons tou(te)s une pénurie chronique de temps. À cause des nouvelles technologies de l’information et de la communication, notre société a développé une véritable obsession de l’immédiateté. Résultat: vous vivez et travaillez constamment dans l’urgence, ce qui vous met à la limite de la surcharge mentale. Pour y échapper, commencez par prendre conscience de ce qui vous “prend” du temps au sens propre du terme, puis réorganisez-vous en conséquence: priorisez vos tâches en fonction de leur importance et de leur urgence, planifiez vos journées en veillant à ne pas les remplir uniquement de tâches prioritaires (sinon, c’est le stress assuré), gagnez en efficacité en limitant les interruptions et le zapping (une tâche à la fois) et surtout ne vous laissez pas envahir par votre messagerie électronique: la lecture des mails est à effectuer une à trois fois par jour, pendant des plages planifiées.

5. Déculpabilisez

“Beaucoup de femmes ne s’accordent même pas un moment à elles lorsqu’elles rentrent à la maison après le travail”, remarque Sophie Morin. “Elles passent sans transition du statut de travailleuse à celui de mère de famille. Alors qu’il suffit souvent de 10 minutes pour éviter une accumulation de fatigue qui fait le lit de la dépression et du burn-out. Expliquez à vos enfants que vous avez besoin de souffler: ils vous comprendront très bien”.

6. Affirmez-vous

“C’est moins compliqué qu’il n’y paraît”, affirme Jean-Denis Budin. “Avant tout, arrêtez de subir les choses. Si vous souffrez d’un problème relationnel, par exemple, travaillez votre mode de communication. Et, si ça ne suffit pas, abordez le problème de façon claire et transparente avec les concernés”. L’affirmation de soi peut se développer en apprenant à faire une demande (si vous voulez quelque chose, il faut le demander: ce n’est pas à l’autre de le deviner), répondre à une demande autrement que par “oui” (vous pouvez refuser ou négocier), faire et recevoir une critique, faire et recevoir un compliment, mais aussi engager, poursuivre et arrêter une conversation.

7. Faites autre chose… que travailler

Le meilleur moyen de résister au stress professionnel est d’avoir un mode de vie équilibré. Pour Jean-Denis Budin, “les personnes les plus vulnérables sont celles qui investissent massivement dans leur travail au point de se laisser dévorer. En prévoyant régulièrement des activités sportives ou ludiques avec vos proches et vos amis, mais aussi en vous engageant dans la vie associative, qui vous permet de rencontrer des gens avec lesquels vous pouvez vous lâcher, car ils n’ont aucune connexion professionnelle ou personnelle avec vous, vous vous créez de véritables sas de décompression!”.

Texte: Marie-Françoise Dispa

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