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Les femmes travaillent gratuitement depuis le 3 novembre

Par Justine Leupe

Depuis le 3 novembre, les Européennes travaillent gratuitement, et ce, jusqu’au 31 décembre 2021 si on compare le salaire des femmes à celui des hommes. Le fossé salarial persiste, même s’il diminue légèrement en Europe. 

L’Europe a décrété que le 4 novembre serait la Journée européenne des inégalités salariales. En moyenne, un homme gagne 14,1% de plus qu’une femme en Europe, selon Eurostat (l’Organisation de statistiques de l’UE).

En 2016, en France, c’était le 7 novembre à 16h34, en 2018, c’était le 6 novembre à 15h33, en 2019 et 2020, le 4 novembre… Et cette année, c’est ce mercredi, à partir de 9h22 que les femmes françaises travaillent gratuitement si on se penche sur les écarts salariaux entre hommes et femmes. C’est pourquoi Les Glorieuses, la newsletter féministe, a lancé le hashtag symbolique #3Novembre2022. Bien que l’écart soit moins grand en Belgique qu’en France, il est important de se soutenir, tous ensemble, pour que notre société bouge et évolue.

La Belgique est un bon élève

En France, “l’inégalité salariale se creuse”, indique dans un communiqué l’économiste Rebecca Amsellem, fondatrice des Glorieuses. Elle souhaite que “des mesures concrètes soient mises en place dès aujourd’hui afin d’éviter d’attendre 2234 pour voir naître l’égalité salariale”.

La Belgique fait quant à elle partie des bons élèves, avec un écart équivalent à 5,8% pour l’année 2019. Une différence moins importante, mais une différence tout de même. D’autres pays avec une forte croissance économique, comme l’Allemagne par exemple, ont une différence de 19,2%, un pourcentage énorme.

statbel.fgov.be

L’écart salarial marqué chez les cadres

Le barème d’Eurostat précise que les inégalités salariales sont plus marquées en Estonie (21,7%), en Lettonie (21,2%), en Autriche (19,9%), en Allemagne (19,2%) et enfin, pour clore ce “top 5”, on retrouve la République tchèque (18,9%). En revanche, les différences de revenus entre hommes et femmes sont moins importantes au Luxembourg (1,3%), en Roumanie (3,3%), en Italie (4,7%), en Belgique (5,8%) et en Slovénie (7,9%).

Autre constat: certains secteurs sont davantage concernés par ces différences de salaires, principalement chez les cadres. En 2017, les femmes ont gagné 23% de moins que les hommes dans ces secteurs. Cet écart semble moindre pour les employés de bureau ainsi que les employés de service et les vendeurs, deux professions moins bien rémunérées.

Pour plus de chiffres: statbel.fgov.be et ec.europa.eu

Des différences hiérarchiques également

Les salaires ne sont pas l’unique problème… Des différences hiérarchiques sont aussi régulièrement observées. Les femmes, au sein d’une entreprise, aussi bien dans le secteur privé que public, évoluent mais jusqu’à un certain niveau. Peu de femmes se retrouvent dans les postes les plus hauts de la hiérarchie. Pour ce classement en particulier, la Belgique est loin d’être sur le podium car en moyenne, seuls 34% des cadres sont des femmes (en 2019).

“Lorsqu’ils travaillent, les hommes occupent généralement des postes plus élevés que les femmes. Par exemple, on peut voir qu’environ un tiers (34%) des dirigeants de l’UE en 2018 étaient des femmes. La proportion de femmes occupant ce poste n’excédait pas les 50% dans les États membres”, nous apprend Eurostat. Ainsi, parmi les meilleurs élèves, on retrouve notamment la Lettonie (45%), la Pologne (42%), la Bulgarie, la Lituanie, la Hongrie et la Suède (toutes les 39%). En revanche, les plus petites parts ont été observées à Chypre (17%), au Luxembourg (25%), aux Pays-Bas (26%), en République tchèque, au Danemark, en Grèce et en Italie (tous 27%).

Quelles sont les causes de cet écart salarial?

Les causes sont multiples: l’éducation, l’activité professionnelle, l’entreprise, le temps de travail… Historiquement, dans les mentalités, les femmes doivent davantage consacrer de temps à leur famille et donc restreindre leurs chances d’évolution professionnelle. Les femmes choisissent inconsciemment un emploi qui leur permet de concilier boulot et vie de famille. “Les hommes et les femmes font typiquement des choix différents qui habituellement dépendent plus de leur sexe que de leur libre arbitre”, peut-on lire sur le site votresalaire.be. Il a aussi été remarqué qu’avec le temps, les hommes gagnent mieux leur vie car ils n’interrompent que très peu leur carrière, voire pas du tout, et ils travaillent à temps plein et donc acquièrent plus d’expérience. Tout cela contribue à l’obtention de salaires plus élevés. Nous sommes au 21e siècle et il serait temps que toutes ces croyances cessent et que l’égalité salariale voie le jour…

Comment arriver à une égalité salariale?

Aujourd’hui, il ne faut pas hésiter à vérifier son salaire. Pour cela, demandez aux syndicats, aux entreprises, aux associations d’employeurs… si votre rémunération est juste, peu importe votre sexe. Ou encore renseignez-vous sur WageIndicator, un site qui permet d’analyser son salaire.

Osez négocier

De manière plus générale, votresalaire.be vous propose de vous diriger vers des milieux porteurs ainsi que vers des grandes entreprises, de ne pas passer à côté de formations proposées par l’employeur, de vous entourer de personnes qui souhaitent que vous évoluiez dans votre travail, hiérarchiquement et financièrement. Et n’oubliez jamais de négocier votre salaire, à tous moments de votre carrière. Il a été étudié que les femmes n’osent pas demander une augmentation par manque de confiance en leurs capacités. Elles sont d’ailleurs plus souvent touchées par le syndrome de l’imposteur.

Lire aussi: Syndrome de l’imposteur: pourquoi touche-t-il davantage les femmes?

Tout ne repose pas sur les femmes

La suppression de cet écart salarial ne doit pas venir uniquement de la femme, mais aussi et surtout, des employeurs. Ces derniers doivent être transparents sur les salaires qu’ils appliquent. Ils doivent s’assurer qu’autant de promotions sont proposées aux femmes comme aux hommes. L’employeur peut également faciliter l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, surtout quand les enfants sont jeunes. L’idéal est de soumettre des aménagements d’horaires flexibles. Il est temps de sortir de cette société où on discrimine une femme parce qu’elle est enceinte. Mais surtout d’adapter les horaires, le confort et la charge de travail lors d’une grossesse.

En résumé, on retient que la Belgique n’est pas un si mauvais élève, mais que l’égalité est loin d’être là, notamment dans les postes de managers où les différences se marquent le plus en termes de salaire. Certes, les mentalités et notre société évoluent, mais trop lentement pour espérer atteindre une égalité des salaires dans un futur proche.

Tous les résultats sont disponibles sur Eurostat.

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