Secrets: faut-il tout avouer?

Les secrets sont humains, mais parfois ils sont si lourds qu'ils en viennent à gâcher la vie. Vaut-il …

Les secrets sont humains, mais parfois, ils sont si lourds qu’ils en viennent à gâcher la vie. Faut-il tenter de les refouler ou les révéler pour s’en libérer?

Une maladie inavouable, une addiction, une relation extraconjugale, une homosexualité, des secrets de filiation… Autant de faits que l’on dissimule parce qu’on a honte, qu’on veut protéger ses proches ou préserver une image idéale de soi. On espère qu’en cachant cet événement au plus profond de soi, il se fera oublier — un leurre, bien entendu. “Garder un secret est souvent un mauvais calcul”, nous explique le Professeur et pédopsychiatre Jean-Yves Hayez. “En révélant un secret, on peut recevoir de l’aide, se libérer de l’angoisse, de la honte et de la culpabilité… Se rendre compte, aussi, que le secret n’est pas si horrible que ça.”

Le secret qui pourrit la vie

On dit souvent que tout finit toujours par se savoir, Jean-Yves Hayez préfère nuancer. “Quand le secret est un peu cicatrisé, que l’adulte n’est pas pris dans les émotions, il est possible de le cacher. Mais si celui qui le porte est toujours traversé par les angoisses ou la honte, qu’il adapte des comportements d’évitement, il a tendance à intriguer.” Et, d’abord, à se pourrir la vie! “Le coût de cette rétention peut être très élevé, écrit Elisabeth Horowitz dans son livre Les nouveaux secrets de famille. En termes d’énergie, tout d’abord, car le maintien du secret mobilise des ressources qui pourraient être utilisées de manière créative. Croiser (ou vivre avec) celles et ceux auxquels on a caché le secret implique d’être constamment sur ses gardes, sur la défensive. Le contenu du secret est constamment présent dans les pensées, mais doit pourtant être réprimé.”

Des conséquences sur la santé

Selon de nombreuses études, les secrets importants pourraient même provoquer des problèmes de santé. Deux études de 1996 avaient montré que les homosexuels séropositifs qui cachaient leur maladie décédaient plus vite que ceux qui en parlaient. Et que les homosexuels qui cachaient leur orientation sexuelle à leur entourage tombaient plus souvent malades, souffrant de cancers, bronchites ou tuberculose. Une expérience plus récente a, elle, conclu que les gens qui détenaient un secret surestimaient les distances et les efforts à accomplir pour réaliser une tâche physique, comme s’ils étaient “alourdis”.

Un impact sur l’entourage

Un tel malaise a bien sûr un impact sur les relations. “L’entourage sent qu’il y a des thèmes à éviter, quelque chose qui ne va pas… Ça coupe la communication et altère la qualité relationnelle”, assure Marie-Geneviève Thomas, psychologue et auteure sur le sujet. Pour les proches, l’aveu est d’ailleurs associé à une libération, à la confirmation d’un pressentiment qui mettait mal à l’aise. Idem chez les enfants. “Il n’y a pas grand-chose que les enfants ne puissent entendre, à condition de voir que leurs parents n’en souffrent pas trop.”

Inutile de les diaboliser

Révéler un secret lourd? Bonne idée, tant que vous savez à quoi vous vous exposez. Dans le cas des autres secrets, minimes cette fois, surtout ne les diabolisez pas. Ils sont sains et salvateurs.

  • Dès 2-3 ans, les enfants sont capables d’avoir des secrets: un petit trésor, une grosse bêtise… “Évidemment, à cet âge-là, sourit Jean-Yves Hayez, pédopsychiatre, ils ne résistent pas longtemps si on les interroge. Par contre, dès l’école primaire, ils peuvent déjà garder un secret, motivés par la peur des conséquences si cela était découvert.” Avoir des secrets, c’est découvrir qu’on a une vie privée.
  • Les secrets sont importants à l’adolescence. “On a besoin à cet âge-là, tout en aimant ses parents, de se mettre à distance d’eux en ayant une part de vie secrète, des pensées qu’on préfère partager avec ses amis, histoire de montrer qu’on a une identité propre.”
  • Inutile de diaboliser les secrets: ils font partie de la nature humaine. Voire plus: de la liberté humaine! “La liberté d’opinion s’accompagne de la liberté d’avoir des secrets, affirme Jean-Yves Hayez. On ne peut pas être vraiment libre si tout le monde connaît nos pensées.”

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