
La tendance foodscaping: l’art de marier fleurs et légumes au jardin
La tendance au jardin cet été, c’est le foodscaping, parfois aussi appelé jardin comestible. C’est beau, c’est bon, et pas compliqué à mettre en place. On vous explique.
Contraction des mots anglais “food” (nourriture) et “landscaping” (aménagement du paysage), le foodscaping intègre des plantes comestibles au jardin d’ornement: dans les massifs, les parterres, voire même les jardinières. Marie Chioca, jardinière et photographe, en a fait la trame de son joli jardin. Elle vient de publier un livre, L’art du foodscaping, qui présente sa démarche et donne le mode d’emploi pour réussir un jardin comestible.
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Mélanger légumes, fleurs et plantations diverses
“C’est à force de contempler mon potager, la beauté de ses camaïeux et de ses formes, la façon dont la lumière joue dans les feuilles, que l’idée m’est venue d’associer fleurs, fruits et légumes dans des massifs à la fois nourriciers et ornementaux “, explique Marie Chioca. L’autrice, qui habite dans sud-est de la France (son jardin se situe au pied du Vercors), s’inscrit dans la droite ligne de cette tendance appelée “foodscaping”. En fait, pas si nouvelle que ça puisque les jardins d’abbaye pratiquaient déjà ce savant mélange des genres. Outre la culture de fruits et de légumes pour assurer leur subsistance, les religieux cultivaient des fleurs pour orner les lieux de culte et des simples pour soigner les malades.
Une composition esthétique et comestible
Mais le foodscaping va plus loin puisqu’il sort des limites du potager pour associer plantes comestibles et ornementales dans tout le jardin. “Savoir regarder les fruits et les légumes comme des plantes dignes d’intérêt au niveau esthétique, voilà qui est plus neuf”, explique en substance Marie Chioca. On est loin des jardins à la mode des années 50, avec leur gazon ras, les haies taillées et les allées bétonnées.
On gagne en autonomie alimentaire, on fait des économies et on s’assure une bien meilleure santé.
Aujourd’hui, les jardins se font moins stricts, ce qui est tout bénéfice pour la biodiversité, entre autres bienfaits. “En cultivant son jardin vivrier, on gagne en autonomie alimentaire, on fait des économies et on s’assure une bien meilleure santé à tous points de vue”, s’enthousiasme notre jardinière. On la suit dans son jardin…
La beauté réside dans un choux
“Cette scène n’a pas été pensée spécialement pour ce livre, mais sa beauté s’est révélée à mes yeux un soir pluvieux de septembre 2022, alors que je revenais vers la maison les bras chargés d’un lourd chou Gros des vertus. Cette variété d’automne n’a rien de particulier au niveau ornemental, elle n’en a en tout cas pas la réputation. Pourtant, que de beauté dans ces grandes feuilles gaufrées aux nuances de bleu canard, sur lesquelles les gouttes de pluie font comme de minuscules perles de cristal…
Les Gros des vertus étaient associés ici à des choux kalettes aux larges côtes mauves et à des cosmos rose parme. Bordant une allée enherbée de mon jardin, ce ravissant trio assurait, dans la brume du soir, un décor à la fois rustique et poétique qui m’a laissée sous le charme.”
Des artichauts dans les roses
“Ce massif aux couleurs tendres est un des plus anciens de mon jardin: ici, les althéas forment comme de véritables petits arbres veillant sur mes si romantiques rosiers anglais. Quant aux pieds de népétas, de valérianes, de perovskias, d’asters et de géraniums ‘Rozanne’, ils ont pris au fil des ans des proportions royales malgré les nombreuses divisions automnales.
Les artichauts sont insérés entre les rosiers et les althéas déjà imposants, leurs pieds ont pu se développer sans gêner leurs compagnons.
Ce joli méli-mélo hébergeait autrefois des lavatères blanches et roses… Au moment de leur choisir des remplaçants, j’ai épluché de longues listes de vivaces arbustives fleuries avant de finalement arrêter mon choix sur… des artichauts! Ce légume d’envergure peinait à trouver sa place dans mon petit potager. Mais insérés entre les rosiers et les althéas déjà imposants, les pieds d’artichauts ont pu se développer sans gêner leurs compagnons par une concurrence trop déloyale, se contentant de chatouiller le nez des roses avec leurs grandes feuilles dentelées d’un vert bleuté poétique.”
Des potées à grignoter
“Au printemps, les pépinières et les jardineries surabondent en tentations de toutes sortes pour qui souhaiterait égayer joliment sa terrasse, son balcon, voire un simple rebord de fenêtre. Le meilleur choix ne serait-il pas de faire pousser un peu de saine nourriture? Les catalogues de plants et de semences proposent de plus en plus de variétés naines et/ou adaptées à la culture en pot.
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Toujours penser aux bonnes associations
Pour renforcer la gaieté et la luminosité d’une terrasse avec des potées nourricières, il suffit d’associer des plantes fleuries (idéalement comestibles ou du moins non toxiques) aux mini-fruitiers, légumes ou herbes aromatiques, en choisissant des variétés à floraison généreuse, mais de petit développement (calibrachoa, géranium-lierre, capucine naine ou lobélia plutôt que surfinia, cléome ou cosmos, par exemple), et peu gourmandes afin d’éviter une trop rude concurrence. Il faut également veiller à associer les plantes aimant les mêmes conditions de culture (ombre ou soleil, arrosages intensifs ou ponctuels, plante grimpante ou non, etc.).
Voici un exemple tout simple, mis en place sur ma terrasse à l’été 2024: après avoir rempli quatre pots d’un substrat riche, j’ai installé fin avril dans chacun d’eux un plant de tomate et trois portulacas (plantes peu gourmandes, à petit développement, non toxiques et aimant les mêmes conditions que les tomates, en l’occurrence le plein soleil). Ces potées ont été arrosées sans excès et les pieds de tomates tuteurés avec un bambou. Le résultat est joyeux, pimpant et coloré à souhait… mais il y a bien d’autres combinaisons à tester!”
À lire pour adopter le foodscaping :
L’art du foodscaping, J’invite les plantes comestibles au jardin d’ornement, Marie Chioca, éd. Terre Vivante, 2025, 15€.
Dans cet ouvrage, découvrez comment composer des massifs productifs (choix des espèces et des variétés, conseils d’agencement…), métamorphoser votre potager en espace fleuri et coloré. Bref, un beau jardin avec un maximum de plantes comestibles! Retrouvez aussi Marie Chioca sur son blog: Permaculture familiale.
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