
Le foodscaping: l’art de marier fleurs et légumes au jardin
La tendance au jardin, c’est le foodscaping, parfois appelé jardin comestible. C’est beau, c’est bon, et pas compliqué à mettre en place. Une pro vous explique.
Contraction des mots anglais food (nourriture) et landscaping (aménagement du paysage), le foodscaping intègre des plantes comestibles au jardin d’ornement: dans les massifs, les parterres, les jardinières. Marie Chioca, jardinière et photographe, en a fait la trame de son joli jardin.
Comment mélanger légumes et fleurs?
“C’est à force de contempler mon potager, la beauté de ses camaïeux et de ses formes, la façon dont la lumière joue dans les feuilles, que l’idée m’est venue d’associer fleurs, fruits et légumes dans des massifs à la fois nourriciers et ornementaux”, explique Marie Chioca. L’autrice (voir encadré), qui habite dans le Sud de la France (son jardin se situe au pied du Vercors), s’inscrit dans la droite ligne de cette tendance du foodscaping.
En fait, pas si nouvelle que ça puisque les jardins d’abbaye pratiquaient déjà ce savant mélange des genres. Outre la culture de fruits et de légumes pour assurer leur subsistance, les religieux cultivaient des fleurs pour orner les lieux de culte et des simples (un jardin de simples, c’est un jardin médicinal) pour soigner les malades.
Une composition esthétique et comestible
Mais le foodscaping va plus loin puisqu’il sort des limites du potager pour associer plantes comestibles et ornementales dans tout le jardin. “Savoir regarder les fruits et les légumes comme des plantes dignes d’intérêt esthétique, voilà qui est plus neuf”, explique en substance Marie Chioca.
On gagne en autonomie alimentaire, on fait des économies…
Aujourd’hui, les jardins se font moins stricts, ce qui est tout bénéfice pour la biodiversité, entre autres bienfaits. “En cultivant son jardin vivrier, on gagne en autonomie alimentaire, on fait des économies et on s’assure une bien meilleure santé à tous points de vue”, s’enthousiasme notre jardinière. On la suit dans son jardin…
La beauté réside dans les choux?
“Cette scène n’a pas été pensée spécialement pour ce livre, mais sa beauté s’est révélée à mes yeux un soir pluvieux de septembre 2022, alors que je revenais vers la maison les bras chargés d’un lourd chou Gros des vertus. Cette variété d’automne n’a rien de particulier au niveau ornemental, elle n’en a en tout cas pas la réputation. Pourtant, que de beauté dans ces grandes feuilles gaufrées aux nuances de bleu canard, sur lesquelles les gouttes de pluie font comme de minuscules perles de cristal… Les Gros des vertus étaient associés ici à des choux kalettes aux larges côtes mauves et à des cosmos rose parme. Bordant une allée enherbée de mon jardin, ce ravissant trio assurait, dans la brume du soir, un décor à la fois rustique et poétique qui m’a laissée sous le charme.”
Des artichauts dans les roses
“Ce massif aux couleurs tendres est un des plus anciens de mon jardin: ici, les althéas forment comme de véritables petits arbres veillant sur mes romantiques rosiers anglais. Quant aux pieds de népétas, de valérianes, de perovskias, d’asters et de géraniums ‘Rozanne’, ils ont pris au fil des ans des proportions royales malgré les nombreuses divisions automnales.
Les pieds des artichauts ont pu se développer sans gêner leurs compagnons.
Ce joli méli-mélo hébergeait autrefois des lavatères blanches et roses… Au moment de leur choisir des remplaçants, j’ai épluché de longues listes de vivaces arbustives fleuries avant d’arrêter mon choix sur des artichauts! Ce légume d’envergure peinait à trouver sa place dans mon petit potager. Mais insérés entre les rosiers et les althéas déjà imposants, les pieds d’artichauts ont pu se développer sans gêner leurs compagnons par une concurrence trop déloyale, se contentant de chatouiller le nez des roses avec leurs grandes feuilles dentelées d’un vert bleuté poétique.”
Lire aussi: Je veux des poules: la check-list en 9 points
Au printemps, choisissez bien
Au printemps, les pépinières et les jardineries surabondent en tentations de toutes sortes pour qui souhaiterait égayer joliment sa terrasse, son balcon, voire un rebord de fenêtre. Le meilleur choix ne serait-il pas de faire pousser un peu de saine nourriture? “Les catalogues de plants et de semences proposent de plus en plus de variétés naines et/ou adaptées à la culture en pot”, détaille Marie.
Les associations à tester
Pour renforcer la gaieté et la luminosité d’une terrasse avec des potées nourricières…
- Associez des plantes fleuries (comestibles ou du moins non toxiques) aux mini-fruitiers, légumes ou herbes aromatiques, en choisissant des variétés à floraison généreuse, mais de petit développement (calibrachoa, géranium-lierre, capucine naine ou lobélia) et peu gourmandes afin d’éviter une trop rude concurrence.
- Il faut également veiller à associer les plantes aimant les mêmes conditions de culture (ombre ou soleil, arrosages intensifs ou ponctuels, grimpantes ou non, etc.).
“Voici un exemple tout simple, mis en place sur ma terrasse à l’été 2024: après avoir rempli 4 pots d’un substrat riche, j’ai installé fin avril dans chacun un plant de tomate et 3 portulacas (plantes peu gourmandes, à petit développement et aimant les mêmes conditions que les tomates, en l’occurrence le plein soleil). Ces potées ont été arrosées sans excès et les pieds de tomates tuteurés avec un bambou. Le résultat est joyeux, pimpant et coloré à souhait.”
Le bon livre pour adopter le foodscaping
L’art du foodscaping, J’invite les plantes comestibles au jardin d’ornement, Marie Chioca, éd. Terre Vivante, 2025, 15€. Dans cet ouvrage, découvrez comment composer des massifs productifs (choix des espèces et des variétés, conseils d’agencement…), métamorphoser votre potager en espace fleuri et coloré. Retrouvez aussi Marie sur son blog, Permaculture familiale.
Vous aimerez aussi:
Recettes, mode, déco, sexo, astro: suivez nos actus sur Facebook et Instagram. En exclu: nos derniers articles via mail.
·