Adrien Devyver, seul en scène: “J’ai trouvé ça risqué et vertigineux, mais j’ai foncé”
Avec La Tornade, l’animateur et chroniqueur Adrien Devyver s’apprête à faire son 1er seul en scène au Théâtre de la Toison d’Or. Adaptée de son livre à succès, sorti en 2020, la pièce met en lumière un trouble encore stigmatisé: le TDA/H.
Le TDA/H est un trouble neurodéveloppemental qui dérégule la capacité d’attention, de concentration, de motivation et parfois, l’activité motrice. Marqué au quotidien par ce trouble dont il est atteint, Adrien Devyver a décidé d’en parler haut et fort dans son spectacle qu’il jouera cet automne à Bruxelles.
Un réel défi
Avant de monter sur les planches, l’animateur belge nous a accordé un moment.
Pourquoi avez-vous décidé de réaliser ce spectacle?
“Au moment où j’écrivais mon livre On m’appelle la tornade, je me suis rendu compte que mon style était très rythmé et qu’il pourrait vivre sur scène. C’est resté dans un coin de ma tête. Et puis beaucoup de personnes atteintes de TDA/H m’ont dit: ‘J’ai vraiment envie de lire ton livre, mais je n’arrive pas à me concentrer sur la lecture. Je me suis dit que c’était un bon argument pour l’adapter au théâtre. À un moment où je pressentais que beaucoup de choses allaient changer dans ma vie, je me suis lancé. J’ai glissé le livre à Nathalie Uffner, directrice artistique du TTO, qui m’a rappelé le lendemain, super enthousiaste.”
J’ai trouvé ça risqué et vertigineux, mais je me suis dit: fonce!
Vous vous êtes dit d’emblée que vous vouliez jouer votre propre rôle?
“Non, pas du tout, c’était l’idée de Nathalie justement. Elle m’a dit que selon elle, personne mieux que moi ne pouvait incarner ce personnage. J’ai trouvé ça risqué et vertigineux, mais je me suis dit: ‘Fonce!'”
Risqué, pourquoi?
“Parce qu’avec cette pièce, j’entre dans un univers que je ne connais pas, je me mets en danger, seul sur scène pendant une heure. Je me retrouve confronté à un public, ce qui n’est pas la réalité de mon métier de base. Je vais parler d’une thématique importante et universelle, mais aussi de moi, de ma vie.”
Et quelles sont vos attentes?
“Mon but est que les personnes touchées par le trouble du TDA/H puissent se reconnaître, être touchées, inspirées dans leurs propres parcours. Et puis, je le vois aussi comme une étape stratégique pour ma vie et pour la sensibilisation au TDA/H. J’espère qu’on pourra bientôt considérer ce trouble comme une maladie à part entière, qu’elle soit mieux prise en charge dans notre société.”
Quel est le plus gros mythe du TDA/H que vous souhaitez déconstruire?
“On a tendance à attribuer de l’impolitesse aux personnes TDA/H, à cause de nos réactions parfois impulsives. Or c’est notre cerveau qui fonctionne comme ça, avec des comportements excessifs – dans le positif ou le négatif.”
Quelles sont vos failles liées à ce trouble?
“Chez moi, c’est une tendance à être dans l’excès par rapport à ce que je ressens. Tout prend des proportions exagérées, que ce soit un crush, ma relation avec mes enfants, une simple discussion… J’ai tendance à être très expansif et sans filtre, ce qui peut agacer ou lasser. Et puis, je parle vite, je réfléchis vite (ce qui ne veux pas dire que je réfléchis bien). J’ai tendance à prendre des décisions hâtives qui me mettent en difficulté. Mais chaque personne TDA/H peut vivre les choses différemment.
Je ne me suis jamais senti aussi bien et aussi maître de mon trouble depuis que j’ai commencé à en parler.
Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est d’en parler. Je ne me suis jamais senti aussi bien et aussi maître de mon trouble depuis que j’ai commencé à parler et à écrire sur le sujet.”
Interview en vidéo
Pour nous, Adrien s’est prêté au jeu de l’interview spontanée.
Infos pratiques
La Tornade, un spectacle d’Adrien Devyver mis en scène par Achille Ridolfi. Où et quand? Au Théâtre de la Toison d’Or, av. de la Toison d’Or à Ixelles du 16/9 au 4/10. Réservation: ttotheatre.com.
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