La Minute Culture, quand art et références pop font bon ménage

Il y a un an, presque jour pour jour, Camille Jouneaux créait La Minute Culture, un compte Instagram pour se cultiver sans se prendre au sérieux.

La Minute Culture est un savant mélange de pop culture et d’histoire de l’art. Sous forme de Stories diffusées sur Instagram, Camille Jouneaux juxtapose chefs-d’œuvre picturaux et sculpturaux aux mèmes, smileys et hashtags qui ponctuent notre époque. En résulte un storytelling hebdomadaire divertissant et instructif, qui se dévore sur le pouce.

Interview de Camille Jouneaux, créatrice de La Minute Culture

Aux commandes de La Minute Culture, il y a Camille Jouneaux. Muséophile et experte en réseaux sociaux, elle est la conceptrice du format de vulgarisation artistique qui compte pas moins de 52.700 abonnés sur Instagram. Rencontre.

Comment est née La Minute Culture?

“C’est presque un accident, un hasard. Quand je pars en vacances en Italie, j’instagramme ma visite de musée à la galerie Doria Pamphili, en rajoutant des vannes dans ma story et en faisant des parallèles avec ce que les gens connaissent. Et il se trouve que j’ai énormément de retours sur ces contenus que je publie de façon spontanée. Je reçois pas mal de messages en privé de mes amis qui trouvent ce format génial. Tout à coup, je me dis que c’est peut-être une idée à développer pour l’avenir.

Comme j’étais un peu en train de me chercher professionnellement à ce moment-là, j’y ai vu une porte pour faire autre chose. À l’époque, je travaillais en agence de communication spécialisée dans les réseaux sociaux; j’y ai passé 10 ans. J’ai toujours été fascinée par la culture, j’ai beaucoup traîné mes guêtres dans les musées et je cherchais une façon de réconcilier tout cela à mon envie d’écriture. C’est un désir que j’avais au fond de moi, mais je ne savais pas comment l’exploiter. Finalement, cet accident de vacances me donne cette réponse qui tombe du ciel et je me dis: “tiens il y a ce format à creuser, je vais peut-être réussir à en faire quelque chose”. Et c’est comme ça que finalement, j’en fais un format récurrent – à l’époque ça se passe sur mon compté perso, le compte Instagram de La Minute Culture n’existe pas encore –, qui est identifié par des gens dans mes contacts, intéressés par cette nouvelle façon d’écrire du contenu.

Je commence alors à travailler en tant que freelance, d’abord pour Arte et pour la RMN (Réunion des Musées Nationaux). Ces premiers contrats marchent bien. Ça me permet de quitter mon CDI et de me lancer à plein temps comme freelance. C’est dans cette dynamique qui me permet de ventiler mon temps d’une manière différente, que je décide de donner une nouvelle envergure à La Minute Culture et d’en faire le compte dédié, qui existe aujourd’hui depuis tout pile un an.”

 

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Où t’a menée La Minute Culture?

“Exploiter le format sur mon compte perso m’a ouvert les portes d’Arte. C’est la confirmation qu’il y a quelque chose d’autre à faire avec ce format et c’est aussi une façon de prendre confiance, de me dire qu’il s’agit de quelque chose qui plaît et que je peux davantage développer. S’en suit une logique vertueuse: j’ai cette idée en vacances, cette première porte qui s’ouvre avec Arte et qui me permet de développer cette invention, puis qui à son tour, ouvre d’autres portes. La Minute Culture est devenue la vitrine de mes activités de freelance. J’ai cette casquette d’autrice et de créatrice de La Minute Culture. Ce rendez-vous hebdomadaire du lundi me permet d’établir des partenariats avec quelques institutions. Par exemple, un partenariat avec la Philharmonie pour l’expo Pierre et Gilles et un autre avec la BNF pour l’expo Tolkien.

Une de mes autres activités professionnelles est de faire de la création de contenus pour le secteur culturel en freelance. Là aussi, comme La Minute Culture est une vitrine de ce que je fais, ça a permis de montrer assez facilement aux gens ce dont j’étais capable et d’ouvrir des portes pour écrire pour le secteur culturel de façon assez large. Ça peut être des stories en marque blanche, c’est-à-dire qu’il s’agit de contenus qui sont la propriété du client et qui n’est pas signé de mon nom, mais aussi pas mal de projets vidéo.

J’ai aussi des collaborations avec des médias… Ça a ouvert un champ des possibles assez fascinant, vertigineux et extrêmement stimulant. Par chance, cela ne s’est pas limité seulement à Instagram. Comme le dénominateur commun est la transmission et l’écriture, finalement c’est applicable à plein de choses. Aujourd’hui, parmi les projets sur lesquels je travaille, il y a aussi l’écriture d’un livre.”

Comment sélectionnes-tu les artistes que tu mets en lumière sur La Minute Culture?

“Souvent, c’est beaucoup de hasard, ça va vraiment dépendre de mon humeur. Il y a un côté assez insaisissable. Puis, il y a une volonté d’essayer d’apporter de la diversité. J’essaie de travailler des artistes qui sont de différentes nationalités, de différents horizons. Après, je suis très limitée par le fait que je choisis forcément des artistes qui sont dans le domaine public. Par exemple, j’aimerais bien travailler des artistes plus contemporains ou travailler des artistes qui sont en Afrique ou au Moyen-Orient. Ces artistes-là sont souvent arrivés jusqu’à nous dans l’ère contemporaine. J’essaie d’apporter cette diversité, je suis contrainte par l’exercice du domaine public, mais j’essaie de varier les nationalités, de représenter les femmes, d’apporter de la diversité et de sortir des évidences.

Alors après, bien sûr, je sais que ça va être plus populaire de parler d’un artiste qui est extrêmement célèbre, mais je trouve tout aussi intéressant de parler de Courbet que d’Henry Ossawa Tanner, un artiste afro-américain moins connu. Il y a des gens qui sont venus me dire: “merci pour cette découverte, je ne connaissais pas”. Je pense que le juste milieu se trouve entre approfondir des figures que les gens connaissent, mais parfois mal, et apporter une découverte complète du sujet.”

Tes références à la pop culture doivent toucher un public assez jeune?

“Majoritairement, j’ai un public très jeune. De mémoire, on dénombre 72% de 18-35 ans sur le compte de La Minute Culture. Donc, oui, j’ai une audience très jeune, mais en fonction de ce que je publie, ce ne sont pas les mêmes publics qui répondent. J’ai des stories consacrées à des artistes, mais également des stories sous forme de dialogues picturaux parodiques, qui sont des respirations que j’aime bien faire de temps en temps parce que l’exercice m’amuse beaucoup et parce que ça permet parfois des contenus un peu plus légers.

Je le vois très bien, ne serait-ce que dans le switch d’un sujet à l’autre, les gens réagissent vraiment différemment. Il y en a qui vont me dire: “oh moi je préfère quand vous faites des stories sur les artistes pour apprendre des choses”, et y’en a qui me disent: “je préfère quand vous faites des dialogues parodiques parce que ça me fait vraiment marrer”. Finalement, l’éventail de références et de vannes est hyper large, comme il s’agit de pop culture, je peux faire référence à Miley Cyrus, qui est une icône d’aujourd’hui, tout comme je peux aussi faire des blagues sur Louis de Funès. Puis, fatalement, la façon dont c’est écrit, parfois avec un peu d’argot, avec une plume légère et le format sur Instagram fait que naturellement, ça va attirer une audience qui est plutôt jeune et qui est plutôt portée sur le numérique.”

 

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Combien de temps est nécessaire à la création d’une capsule pour La Minute Culture?

“Ça prend deux jours pour créer une story, entre la recherche d’informations, l’écriture, la recherche iconographique, la production et la mise en ligne. Tout cela prend deux jours de travail minimum.”

Est-ce que tu as une formation en histoire de l’art?

“Non, j’ai un master en communication. Ma connaissance de l’histoire de l’art se base sur beaucoup de curiosité, sur des heures à traîner dans les musées, à écouter des conférences, à lire beaucoup de livres… Ce sont des connaissances que j’ai constituées selon ma propre démarche. Et à côté de ça, il m’est arrivé de suivre des cours, mais je le dis avec beaucoup de prudence, car ce ne sont pas des cours diplômants. À l’école du Louvre, ils proposent un cycle d’initiation à l’histoire de l’art sur une année, que j’ai suivi. Mais il s’agit d’un cours d’une heure et demi en amphi, donc ça n’a aucune vocation diplômante, c’est du loisir. Mais malgré tout, ça m’a aussi permis de conforter mes connaissances. Cela m’a également permis de comprendre comment on effectue des recherches sur un artiste, comment on l’approche, encore une fois avec beaucoup d’humilité par rapport aux gens dont c’est vraiment le travail.

Et voilà, à partir de ce socle-là, quand je fais des recherches sur un artiste, je sais à peu près quelles ficelles j’ai envie d’aller tirer pour en apprendre davantage. Les gens sont extrêmement bienveillants et je reçois beaucoup de messages qui me demandent: “mais comment vous savez tout ça?” et je leur réponds systématiquement que je ne sais bien sûr pas tout. Pour chaque artiste, ce sont des recherches et beaucoup de temps passé à décrypter la biographie, les œuvres… Les notions que je me suis constituées me servent aussi à savoir où aller chercher.”

 

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As-tu reçu des retours de la part des professionnels de la culture?

“Oui, et je suis très honorée de recevoir leurs commentaires. D’un côté, il y a le public néophyte, mais ce qui est intéressant, c’est aussi de recevoir les retours de médiateurs culturels, d’historien·nes de l’art, qui me disent que même si c’est leur métier, ils sont contents de lire ce format et que ça les amuse également, donc j’étais vraiment ravie. C’est vrai que quand j’ai lancé ce format-là, je ne pouvais pas savoir, c’est anti-académique au possible et je m’interrogeais un peu sur la réception. Après j’imagine bien sûr que ça ne plaît pas à tout le monde, mais je sais qu’il y a des gens dont c’est le métier qui en sont contents, qui aiment le lire donc c’est un vrai plaisir et c’est un honneur.”

Est-ce que tu as un artiste préféré?

“C’est une question hyper compliquée, c’est un peu comme demander à quelqu’un qui travaille dans un restaurant s’il a un plat favori, ou à un musicien s’il a une chanson préférée. C’est un peu suivant l’humeur, mais je suis assez portée sur la peinture italienne des 15, 16 et 17e siècle. C’est vraiment mon péché mignon. Mais il y a des jours où je vais plus privilégier d’autres envies. Je vais davantage aller au Centre Pompidou qu’au Musée du Louvre. Ça dépend vraiment de l’humeur finalement. J’aime m’émerveiller, j’adore être surprise et je suis assez curieuse de tout. L’histoire de l’art, c’est une grande histoire et il y a finalement des liens entre tous ces artistes.”

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