Faut-il craindre la 5G?
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Faut-il craindre la 5G pour sa santé? Une scientifique nous répond

Le déploiement annoncé par Proximus de la 5G dans 30 communes belges suscite des inquiétudes, notamment par rapport à la santé. Faut-il craindre le déploiement de ces nouvelles antennes? Maryse Ledent, scientifique à Sciensano, a répondu à nos questions.

La 5G est la cinquième génération de standards de téléphonie mobile, une technologie qui promet d’augmenter la rapidité des échanges de données et la vitesse de téléchargement. Elle implique le déploiement de nombreuses antennes. Certains y voient la menace d’un “smog électromagnétique” nocif pour la santé. Ces craintes sont-elles fondées? Maryse Ledent, scientifique à l’institut de santé publique Sciensano, étudie actuellement le syndrome d’électrohypersensibilité et nous aide à mieux comprendre les enjeux sanitaires de la 5G.

Mieux comprendre la 5G

Les ondes émises par la 5G seront plus courtes et porteront donc sur une moindre distance. Pour assurer une couverture optimale, il faudra donc davantage d’antennes. Faut-il craindre de baigner dans un brouillard de pollution d’ondes électromagnétiques?

Maryse Ledent: Tout d’abord, il faut savoir que les fréquences prévues pour le déploiement de la 5G en Belgique vont de 700 MHz à 3,5 GHz. Il s’agit de la gamme de fréquences utilisée par les réseaux actuels. Dans cette phase, c’est l’infrastructure existante qui sera utilisée. Les fréquences les plus hautes de la 5G, en lien avec les ondes plus courtes qui suscitent l’inquiétude dans l’opinion publique, nécessiteront l’installation de nouvelles antennes. Mais elles ne sont pas prévues dans le plan de déploiement actuel. Il n’est donc pas encore question en Belgique de ces ondes plus courtes.

Par ailleurs, vous tenez à distinguer les ondes des antennes et les ondes des GSM?

Maryse Ledent: Oui, il est important de distinguer les sources proches d’exposition et les sources éloignées. L’utilisateur qui colle son GSM à l’oreille sera plus exposé aux ondes qu’une personne habitant près d’une antenne par exemple. En particulier, si l’antenne est éloignée ou si les conditions de réception ne sont pas bonnes (comme lorsqu’on est dans un tunnel, dans une cave ou qu’on téléphone en conduisant, etc.). Lorsque la liaison avec l’antenne est moins bonne, le GSM va automatiquement s’adapter, augmenter sa puissance pour offrir une meilleure qualité de réception. C’est d’ailleurs pour cette raison, qu’en 2011, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a classé les champs électromagnétiques de la gamme des radiofréquences en catégorie 2B, c’est-à-dire peut-être cancérigènes pour l’homme, mais sans avoir trouvé de mécanisme d’action. Ce classement concerne les utilisateurs intensifs de GSM qui pourraient avoir un risque accru de gliome, un cancer du cerveau. Ces types de cancers ont été mis en relation avec l’utilisation des GSM, pas avec l’habitat à proximité des antennes relais.

Et que sait-on aujourd’hui des effets de la 5G sur la santé? Un effet négatif a-t-il été prouvé?

Maryse Ledent: À ce jour, il y a peu d’études sur les effets sur la santé de la 5G. La technologie est nouvelle et ce n’est que maintenant que les premières études peuvent être réalisées. Toutefois, on peut estimer les risques sur la santé sur base des recherches existantes avec une exposition similaire. En effet, les fréquences “basses” de la 5G (entre 0.7 et 3.5 GHz) sont comparables aux fréquences des systèmes existants (entre 0.9 à 2.4 GHz). Les normes en vigueur dans les trois régions de notre pays sont d’application dans ces gammes de fréquence et nous protègent des effets nocifs sur notre santé.

Mais que penser des fréquences plus hautes de ces ondes “millimétriques” qui pourraient à terme être combinées aux fréquences plus basses?

Maryse Ledent: Pour les fréquences dites “hautes” (de 6 GHz jusque 100 GHz), les données disponibles sont beaucoup moins nombreuses. Ces fréquences étant plus élevées, elles toucheront principalement les couches superficielles de la peau ou les yeux, et non les tissus plus profonds, comme ça peut être le cas avec les fréquences basses. Pour l’instant, des études réalisées dans le nord de la France sur les ondes millimétriques de type “radar” ne montrent pas d’effets en dehors d’un échauffement des tissus (Ondes millimétriques et cellules nerveuses, Yves Le Dréan). Mais, il est important de continuer à étudier ces effets, en particulier pour caractériser précisément l’intensité du rayonnement 5G auquel pourraient être soumises ces couches superficielles. Chez Sciensano, on espère d’ailleurs obtenir les budgets nécessaires pour mener un projet d’étude qui permettrait d’exposer des cellules de peau à ces fréquences plus élevées. Rappelons encore une fois, que ces fréquences hautes ne sont toutefois pas prévues dans le plan de développement actuel.

En conclusion, faut-il craindre l’arrivée de la 5G?

Maryse Ledent: Non, je ne suis pas particulièrement inquiète par l’arrivée de la 5G. Dans les fréquences basses, nous possédons pas mal d’années d’études derrière nous. Il ne faut pas pour autant partir dans un développement anarchique: étant donné la nouveauté de la technologie, il est important de contrôler que les puissances émises par les antennes respectent bien les normes dans les conditions définies. Il y a aussi la situation des personnes se déclarant électrohypersensibles qui doit être prise en compte. Mais je ne reviendrais pas non plus en arrière, car il faut mesurer les progrès que la technologie mobile a apporté à la société et comment elle permet aussi de sauver des vies. Je prônerais simplement une utilisation raisonnée du GSM (oreillette filaire, appels uniquement dans les bonnes conditions de réception, etc.) et de toute autre technologie connectée, tout en favorisant la fabrication d’appareils qui émettent le moins possible en vertu du principe de précaution. C’est incroyable les différences qu’on peut observer entre les différents fabricants! Il y a donc un réel besoin de travailler avec les techniciens et les ingénieurs pour développer des technologies qui permettent de transmettre avec la plus faible puissance possible.

Plus d’infos

Cet article de Test-Achats explique très bien pourquoi il n’y a pas d’inquiétude à se faire au sujet de la 5G.

 

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