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On a tous besoin de reconnaissance

Vous avez soif de reconnaissance? Rassurez-vous: ce besoin est tout à fait normal! On vous explique comment y répondre.

C’est un «bonjour» qui n’obtient pas de réponse dans un bureau plein de collègues. C’est un merci qui n’arrive pas alors qu’on a passé tout son week-end à finir un dossier imprévu ou à préparer une élocution sur le dauphin avec Clément, 10 ans. C’est ce regard indifférent de notre homme qui ne voit pas notre nouvelle couleur de cheveux. C’est ce cri de gueule sur Facebook qui ne reçoit aucun «like»… Vient alors ce doute: est-ce que j’existe vraiment pour les autres? Est-ce que je vaux quelque chose? Est-ce qu’on m’aime?

Une question de vie ou de mort

Rassurez-vous: la soif de reconnaissance est un besoin humain universel. «Nous avons tous besoin de nous sentir importants, aimables, pleins de valeur ou dignes d’être connus, explique Patrick Collignon, coach et auteur de Enfin libre d’être moi. Nous avons tous besoin qu’un geste, un regard, une parole nous signale que ce que nous faisons, ce que nous montrons est acceptable, bienvenu, voire admirable pour le groupe auquel nous appartenons. Nous avons besoin d’exister dans le regard de l’autre, de même que nous avons besoin que l’autre exprime qu’il nous reconnaît.»

Animal social par excellence, l’homme ne doit en effet sa survie qu’à son intelligence et à ses relations sociales. «Vivre en clan permettait à nos ancêtres de se défendre face aux prédateurs, explique Patrick Collignon. Être rejeté équivalait à la peine de mort.» Recevoir des signes de reconnaissance, ce n’est donc pas un luxe, mais carrément une question de vie ou de mort!

Pas facile pourtant de remplir ce besoin élémentaire dans le monde où l’on vit, entre un système scolaire qui cherche surtout à nous mettre dans un moule et une société où rien n’est jamais acquis: changements permanents, anonymat des villes, interactions virtuelles… Sans oublier le marché du travail, particulièrement dur. «Dans une étude que nous avons menée l’an dernier, note Florence Stinglhamber, professeur de psychologie des organisations et ressources humaines à l’UCL, il ressort que 62 % des travailleurs ne se sentent pas reconnus à leur juste valeur dans le cadre de leur emploi. C’est un constat inquiétant, sachant que la reconnaissance fait partie du top 3 des raisons pour lesquelles on aime son travail. Le contexte économique actuel n’aide évidemment pas: restructurations, délocalisations… De quoi faire naître un sérieux sentiment d’injustice, conséquence n °1 du manque de reconnaissance au travail.»

«Et moi alors?»

Nous sommes loin d’être égales devant le besoin de reconnaissance. «S’il y en a qui se contentent du minimum vital, constate Patrick Collignon, d’autres ont sans cesse l’impression de ne pas être estimés à leur juste valeur, d’être transparents et en veulent alors à ceux qui les entourent. D’autres encore, souffrent d’un tel manque de reconnaissance qu’ils adaptent leurs comportements en conséquence: ils rendent service en espérant un retour, sont constamment en recherche d’approbation ou de preuves d’amour. Au point de devenir envahissants et épuisants pour leur entourage.”

L’origine de cette faille? La petite enfance. «La reconnaissance se construit dès les premiers instants, explique le coach. Dès sa naissance, le bébé a besoin d’être reconnu comme un être humain à part entière par son entourage. Hélas, les parents font ce qu’ils peuvent, mais ne donnent pas toujours les signes de reconnaissance adéquats. Dès lors, pour continuer à être accepté et à recevoir de l’amour, l’enfant (puis l’adulte) apprend à adapter ses comportements au regard des autres de manière à correspondre à leurs demandes et attentes.» Quitte à cacher certaines parties de lui ou à faire des choix qui ne sont pas les siens. C’est évidemment laisser un pouvoir énorme à autrui!

Moins de stress, plus d’épanouissement

Il faut donc sortir de cette dépendance – ô combien énergivore! – au regard de l’autre, comme l’explique Patrick Collignon dans son livre (cf “Pour aller plus loin”). Parce qu’un besoin de reconnaissance comblé, c’est une source intarissable de confiance en soi et d’épanouissement. La preuve au travail. «Des centaines d’études le prouvent, souligne Florence Stinglhamber: des travailleurs qui se sentent reconnus dans leur milieu professionnel sont moins stressés, moins fatigués, plus performants, plus dévoués et attachés à l’entreprise… Tant les travailleurs que les entreprises ont tout à y gagner.» Et nous aussi!

Soignez votre besoin de reconnaissance

  1. A vous de jouer!

Parce qu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, allez chercher les signes de reconnaissance dont vous avez besoin.

  • D’abord, déterminez de quels signes de reconnaissance vous avez le plus besoin (des marques d’affection? Des signes d’approbation? Des félicitations? Des remerciements? Des compliments?), et de la part de qui (votre homme? Vos enfants? Votre boss? Vos copines? Votre mère?).
  • Ensuite, demandez-les précisément à la bonne personne: «J’ai besoin que tu me dises à quel point je compte pour toi», «J’ai besoin que tu me remercies d’avoir fait le repas», «Peux-tu me dire ce que tu as pensé de mon travail?»… A moins d’être devins, les personnes qui vous entourent (qui ont d’autres besoins) ne peuvent deviner ce dont vous avez besoin. Peu spontanée comme méthode? «Votre homme a entendu votre demande, réagit Patrick Collignon, il s’en souvient et vous donne le signe de reconnaissance que vous lui avez demandé au bon moment, n’est-ce pas déjà fabuleuse?»
  • Appréciez pleinement les signes de reconnaissance qu’on vous envoie, même s’ils ne correspondent pas vraiment à ce que vous attendez. Ouvrez les yeux et les oreilles: parfois, certains nous échappent.
  • Donnez-leur l’importance qu’ils méritent. «Souvent on a du mal à accepter un compliment, constate Patrick Collignon. On le minimise, on l’esquive. On se prive ainsi d’une formidable source d’énergie. Vous n’avez pas à juger de la véracité du compliment vu qu’il vient de l’autre. Une seule réponse possible: ‘Merci.’»
  • Conservez-les. Notez-les sur un Post-it ou sur votre ordinateur. Et consultez-les lors des grosses périodes de doute.
  1. Augmentez votre «auto-reconnaissance»

Et si vous alliez chercher la reconnaissance à l’intérieur de vous? En acceptant qui vous êtes, en étant plus douce avec vous-même, moins critique? «Outre le fait que l’auto-reconnaissance nous affranchit de quémander la reconnaissance des autres – d’où un gain d’efforts, de temps et d’énergie tout à fait appréciable –, affirme Patrick Collignon, elle présente l’avantage de s’adresser directement à ce dont nous avons besoin.»

  • Rappelez-vous quelques moments “Waouh” de votre vie, des moments dont vous avez été particulièrement fière. Et notez les qualités que vous possédez et qui ont rendu ces moments possibles.
  • Chaque matin, répétez vos trois qualités principales devant votre miroir (ou devant votre homme/chien/conducteur de tram). “Moi, je suis… et… et…”
  • Félicitez-vous pour vos succès. Par un simple “Bravo!” ou par une petite récompense.
  • Reformulez positivement vos phrases négatives. Plutôt que «Je suis stupide», dites «J’ai été distraite». Plutôt que «Je suis nulle», dites «Je n’étais pas en forme aujourd’hui». «C’est une véritable rééducation du cerveau qui doit s’amorcer, souligne Patrick Collignon. A force de répéter des phrases positives et constructives, celles-ci vont devenir automatiques.»
  • Chaque soir, faites la liste de trois choses positives que vous avez faites (et non celles qui vous sont arrivées passivement). «Même si la journée a été mauvaise, glisse Patrick Collignon, il y a toujours bien l’une ou l’autre fierté à en tirer (ne fût-ce que d’avoir essayé de résoudre un problème).»

A votre tour!

Vous attendez des signes de reconnaissance. Mais en donnez-vous aux autres? Avantages:

  • «Cela rend les gens reconnaissants, explique Patrick Collignon. Ils font davantage attention à vous. Plus ils reçoivent de reconnaissance, plus ils auront tendance à en offrir en retour. Cette démarche améliore nos relations, surtout si nous n’attendons rien en retour.»
  • Le type de reconnaissance que vous offrez indique aux personnes qui la reçoivent ce dont vous avez besoin.
  • En prenant l’habitude d’envoyer des signaux positifs aux autres, vous prendrez l’habitude de le faire pour vous aussi.

Alors, lâchez-vous: saluez, souriez, complimentez, félicitez, remerciez, déclarez votre amour, envoyez une vraie carte d’anniversaire (mieux qu’un sms!), encouragez, accordez votre confiance… A votre homme, votre collègue, votre boss (“La reconnaissance au travail ne s’applique pas uniquement du haut vers le bas, précise Florence Stinglhamber, on a aussi besoin de la reconnaissance de ses pairs ou de ses subordonnés”), vos amies, voire une inconnue dans la rue…

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