
Témoignage: “Je suis devenue amie avec la maîtresse de mon compagnon”
Tisser des liens d’amitié avec la maîtresse de son partenaire: impossible selon vous? C’est pourtant ce qui est arrivé à Marion. Elle nous explique ce que ça lui a apporté.
L’histoire de vie de Marion* est somme toute ordinaire: un amour de jeunesse qui se solde par un engagement et un enfant, de grands moments de bonheur mais aussi, avec le temps, des problèmes de couple de plus en plus importants. Puis la découverte, un petit matin d’hiver, que celui qui partage sa vie entretient une liaison extra-conjugale.
Contrairement à beaucoup d’autres, Marion n’a pas pu détester la maîtresse de son compagnon: elles sont même devenues amies. Une amitié qui perdure, des années après ces révélations.
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La fin d’une idylle
“Thierry* et moi nous sommes connus sur les bancs de l’école. Si je voulais résumer notre relation, je dirais que nous sommes des potes qui se sont mis ensemble”, nous explique Marion. Pendant plusieurs années, les amoureux s’amusent, puis finissent par s’engager dans une relation plus sérieuse. “C’est devenu plus compliqué entre nous à la naissance de notre fils. Comme si les responsabilités inhérentes à la parentalité lui avaient fait peur. Thierry est devenu plus distant, absent même. Il s’est enfoui dans sa passion pour le sport.”
Un repli qui crée des tensions, mais la jeune femme ne baisse pas les bras: “On avait un bébé ensemble, et même s’il y avait des tensions entre nous, on s’aimait et on avait construit notre vie. J’avais l’impression que ce n’était pas rien, alors je lui ai proposé de mettre des choses en place pour tenter de trouver un meilleur équilibre.” Malheureusement, si Thierry répond positivement à la demande, il ne s’implique jamais vraiment. Et pour cause!
Recoller les morceaux, en vain
Pendant plusoeurs mois, Marion tente de faire renaître la complicité qu’elle partageait avec son conjoint: “J’ai cherché un thérapeute de couple, organisé des soirées en amoureux, cherché une baby-sitter pour faire garder le petit, trouvé des activités à faire à 2 et à 3 pour créer du lien… Thierry participait à chaque fois, mais j’avais l’impression qu’il ne s’investissait pas du tout dans cette tentative de recoller les morceaux, qu’il se laissait porter sans y mettre aucune énergie.”
Marion fatigue de porter son couple à bout de bras. Lasse, elle finira par cesser tout effort: “J’attendais de voir s’il allait mettre quelque chose en place, mais rien. Ralentir m’a permis de remarquer certaines choses qui ne m’avaient pas sauté aux yeux quand je m’activais à tenir le navire droit. Thierry avait par exemple changé le code de son téléphone et rentrait toujours plus tard de la salle de sport.”
J’étais en train de galérer en post-partum, de me battre pour que ça marche, alors que lui allait voir ailleurs.
D’autres signes alertent la jeune femme, mais ce n’est qu’après avoir finalement trouvé le nouveau code du téléphone qu’elle comprend tout. Marion tombe sur des messages très explicites: “Cela faisait des mois qu’il avait une liaison. En remontant dans les conversations, j’ai compris que cette histoire avait commencé très peu de temps après la naissance de mon fils. J’étais en train de galérer en post-partum, puis de me battre pour que ça marche entre nous, alors que lui allait voir ailleurs.” Elle ordonne à Thierry de quitter le domicile.
Prendre contact pour comprendre
Quelques jours après, Marion prend contact avec la maîtresse de Thierry: “Je voulais comprendre comment on pouvait se regarder dans le miroir lorsqu’on avait une relation avec un homme qui avait une femme et un bébé. J’avoue que quelque part, je voulais la faire culpabiliser, et surtout soulager ma tristesse.” Mais contre toute attente, Marion a au téléphone une femme qui, comme elle, ne comprend pas ce qui se trame. “Elle connaissait mon existence, mais pensait qu’on s’était séparés avant la naissance de notre fils”… Marion comprend qu’elle n’est pas la seule à avoir été trahie.
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Prises dans un grand piège
Afin de confronter leurs histoires, Marion propose une rencontre à la maîtresse de Thierry. Quelques jours plus tard, elles se donnent rendez-vous dans un café. “J’étais nerveuse intérieurement, je voulais avoir des réponses à mes questions. Thierry n’avait de cesse de me jurer qu’elle l’avait séduit, qu’il avait été perturbé par la naissance de notre bébé… Et moi, j’étais à deux doigts de craquer et de le reprendre. Mais avant, je voulais connaître la version de son amante.”
La rencontre permet d’expliquer les choses: “Il lui avait fait croire qu’on était séparés mais qu’on vivait ensemble provisoirement pour le petit, que je l’avais trompé… Au bout de ce rendez-vous, on a même ri – jaune! – d’avoir été aussi crédules. Et en même temps, on se déculpabilisait l’une l’autre: c’est lui qui nous avait trahies, pas l’inverse.”
Thierry a tenté de nous récupérer chacune, sans savoir qu’on était en contact.
Les 2 femmes restent en contact: elles s’envoient des messages, discutent au téléphone et finissent même par organiser des sorties. Thierry, qui n’est au courant de rien, continuer de jouer. “Il a tenté de nous récupérer pendant plusieurs semaines, sans savoir qu’on était en contact. Avoir conscience de ça a été une grande force: on s’est soutenues pour ne pas craquer. Un jour, quand on en a eu marre, on lui a envoyé une photo de nous ensemble. On a beaucoup ri… Lui, moins.”
Pourquoi la détester?
Pendant près de 2 ans, les 2 femmes ont entretenu un lien d’amitié assez fort. “On s’est vraiment épaulées et on a passé pas mal de temps ensemble: on allait boire des verres, au ciné… On est devenues de vraies copines. Aujourd’hui, on se voit moins, mais on se donne des nouvelles souvent et on se voit quand nos agendas nous le permettent alors que cette histoire a eu lieu il y a plusieurs années déjà.”
Aujourd’hui, Marion a pu reconstruire sa vie et remercie l’univers qu’elle ait osé prendre contact avec la maîtresse de son désormais ex. “Si je ne l’avais pas fait, je l’aurais certainement repris, et je serais passée à côté d’une autre chouette personne.” Par ce témoignage, la trentenaire invite à déconstruire les croyances, qui nous poussent à détester automatiquement celles qui partagent le lit de nos compagnons. “C’est plutôt eux que l’on devrait blâmer. Pas tant parce qu’ils trompent leurs femmes – on peut discuter des heures de la notion de trahison dans un couple – mais à cause de leur manque d’honnêteté. La société patriarcale nous pousse à nous monter les unes contre les autres. Je trouve ça dingue quand on y pense.”
*Prénoms d’emprunt. Témoignage initialement publié en 2023.
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