CMH rasage
Camille se sent bien mieux depuis!

Témoignage: “Je ne me rase plus depuis 14 ans, quelle liberté!”

Camille a fait le choix d’abandonner rasoir, épilateur et cire et d’assumer pleinement ses poils. Une délivrance, non seulement physique, mais aussi mentale, qui lui a permis de se réapproprier son corps.

“‘T’as vu la fille derrière? On dirait un singe.’ J’étais en première secondaire. On faisait la file pour rentrer en classe et je portais une jupe courte, lorsque j’ai surpris les paroles des 2 garçons devant moi. C’est en entendant ce commentaire que j’ai réalisé que l’on remarquait mes poils. Et que j’ai, pour la première fois, décidé de les retirer. Je n’avais jamais été une enfant très sûre d’elle. Je ne me trouvais pas jolie comparée à mes copines. Mais mon physique ne me préoccupait pas outre mesure”, nous glisse la jeune femme de 34 ans.

L’adolescence, un corps en changement

“J’ai grandi entourée de 3 petits frères, et tout en n’étant pas réellement garçon manqué, je n’étais pas particulièrement coquette. Puis à l’adolescence tout a changé. Voir mon corps se transformer, ma poitrine et mes hanches se développer a été très difficile. Ma maman, mon seul modèle féminin à l’époque, a peu de formes et je ne pouvais m’empêcher de me comparer à elle. Cette période a aussi marqué le début d’une bataille contre mon poids, dont je ne suis toujours pas vraiment sortie. J’ai tendance à grossir au moindre excès et je surveille donc constamment ce que je mange, afin de lutter contre les kilos.”

Les poils, un énorme complexe

“Mais le pire, à l’époque, c’était les poils. J’ai des cheveux bruns et ils étaient donc eux aussi très foncés. Ce n’était pas choquant jusqu’à la puberté, où leur nombre a littéralement explosé. J’en ai alors développé partout. Sur les bras, sur les mollets, les cuisses et le pubis, mais aussi dans le bas du dos et sur le ventre. Des poils noirs et épais, et horriblement résistants. Seul mon visage semblait miraculeusement épargné, avec, en prime, des sourcils et des cils très fins.

S’épiler était un principe logique, évident et incontestable, au même titre que de se laver.

Je n’avais pas été éduquée dans une obsession de l’apparence, mais s’épiler était par contre un principe logique, évident et incontestable, au même titre que de se laver. Je devais raser mon corps quotidiennement, car la repousse était déjà visible le soir même. C’était loin d’être une partie de plaisir, encore empirée par les poils incarnés, douloureux et d’autant plus difficiles à enlever, qui me laissaient les jambes en sang. J’ai essayé l’épilation définitive et réalisé 10 séances de laser, mais cette technique ne fonctionnait pas sur moi et les poils repoussaient toujours aussi drus et nombreux. C’était un énorme complexe, qui m’a accompagnée jusqu’à l’âge adulte.”

Poser nue, le déclic

“Après le lycée, j’ai entrepris des études de stylisme, puis d’art et de graphisme, avant de me lancer dans un cursus pour devenir institutrice maternelle. Je suis passée ensuite par de nombreuses professions différentes, de la régie du spectacle à la vente événementielle. Puis j’ai décidé de lancer des ateliers et des formations en portage physiologique, pour apprendre aux (futurs) parents les différentes techniques, et j’ai ouvert un magasin dédié au portage.

Vers 21 ans, alors que je cherchais encore ma voie, j’ai commencé à poser comme modèle pour du nu artistique. Il n’y avait rien d’érotique dans la démarche, juste le désir de me prouver que je pouvais être belle. Et puis trouver la possibilité de sortir de ma zone de confort. Et ça a fonctionné. Je suis devenue bien plus affirmée et émancipée, moins craintive du regard des autres, qu’il s’agisse de mon look ou de mes cheveux. J’ai compris à l’époque que je devais avant tout me plaire à moi-même, à tous niveaux.

C’est vers cette période que j’ai également arrêté de m’épiler et de me raser, cela s’est fait progressivement. D’abord les aisselles, ce que je trouvais, étrangement, plutôt sexy. Puis le pubis, considérant la nudité bien plus belle en photo lorsque les femmes n’étaient pas rasées. Mais cela m’offrait surtout un moyen de m’ôter la charge mentale qui pesait sans cesse sur mes épaules. 6 mois plus tard environ, j’arrêtais également de m’épiler les jambes.”

Assumer mes poils a mis du temps

“À cette époque, de nombreuses célébrités montraient fièrement leurs poils. J’imagine que cela a dû m’influencer, plus ou moins consciemment, ou du moins faciliter l’idée d’accepter les miens. Au fond, plus que les autres, c’était moi que je devais convaincre. Bien que j’aie choisi consciemment de cesser de me raser, assumer le résultat restait compliqué, particulièrement au début. J’ai mis longtemps à arrêter de porter des collants et des pantalons et à oser les petits shorts. Comme à retourner à la piscine.

Je me plais ainsi et surtout, je suis pleinement en accord avec moi-même.

Heureusement, mon compagnon de l’époque, devenu le père de mes enfants, s’en fichait littéralement, m’aimant comme je suis. Un jour je lui ai tout simplement déclaré que je ne me raserais plus. Il n’était pas question de lui demander son autorisation – j’estime que cette décision ne regarde que moi. Mais savoir que je lui plais et qu’il me soutient reste précieux. Cela fait désormais 14 ans que je ne touche plus à mes poils. J’ai parfois pensé à me raser pour une occasion, un peu comme on choisirait une lingerie particulière, ou comme on enfilerait une robe pour une sortie. Mais je me plais ainsi et surtout, je suis pleinement en accord avec moi-même.”

Une façon de me réapproprier mon corps

“L’engagement n’était pas ma motivation première. Même si je sais que cela reste un acte militant dans une société qui impose de nombreux diktats physiques, où les poils sont souvent considérés comme disgracieux et plus encore, à tort, comme sales. J’ai beau être féministe, ce qui me paraissait essentiel était de me réapproprier mon corps. Il s’agit d’un droit légitime, qui appartient à chaque être humain, quel que soit son sexe. Et puis il y a une forme de plaisir sensoriel dans ce choix. Une peau dont on effleure les poils amène une sensation particulière, un stimuli, un peu comme lorsque l’on vous caresse les cheveux. Le corps semble comme plus vivant, plus éveillé. En repensant à l’ado insécure que j’étais, je me sens vraiment fière du chemin parcouru.”

Ignorer les remarques

“J’ai aussi la chance de ne pas trop souffrir de commentaires désagréables. Ma maman m’a un jour déclaré ‘que j’avais des jambes d’homme’, ce à quoi j’ai juste rétorqué que non, je possédais seulement les jambes d’une femme qui ne s’épile pas. Sinon, j’ignore les remarques lorsque la personne qui les prononce ne me semble pas ouverte à la discussion, ou j’explique simplement mon point de vue et cela en reste là. Je n’en prends pas ombrage, car je suis pleinement sereine quant à mon choix.

Je pars du principe que me respecter et me plaire est mon seul devoir en la matière. Mes 4 enfants m’ont posé de nombreuses questions, avec une curiosité pleine de spontanéité. Il n’y a pas de tabou ni de gêne. Ils savent que plus tard, je serai à leurs côtés s’ils souhaitent se raser, tout comme je me laisse le droit de changer un jour d’avis. Au-delà de leur expliquer qu’il existe des hommes comme des femmes, avec et sans poils, je les éduque à être libres de s’écouter, et à s’aimer.”

© Docs privés

Texte: Barbara Wesoly

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