Burn-out
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Burn-out: les réponses d’une psy aux questions que vous vous posez

Par Liza De Wilde

En 2017, l’Inami a recensé 28.000 cas de burn-out. Et pourtant, cette pathologie n’est toujours pas reconnue comme une maladie professionnelle. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Carol Dequick, psychologue et co-auteure du livre “Je me reconstruis après un burn-out”.

En Belgique, un employé sur six est menacé par le burn-out. Et aucune profession n’y échappe. Cette forme d’épuisement professionnel ne cesse de se répandre en Belgique. En 2017, l’Inami évaluait le coût de l’incapacité de travail à 7,1 milliards d’euros, et estimait que 7% des 400.000 personnes indemnisées souffraient de burn-out (soit 28.000 cas). Des chiffres quelque peu alarmants.

Carol Dequick nous parle du burn-out

Nous avons rencontré Carol Dequick, psychologue et co-auteure du livre “Je me reconstruis après un burn-out”, à l’occasion d’une conférence sur le sujet.

Interview

On associe souvent le burn-out à une surcharge de travail, est-ce vraiment la cause principale?

“C’est l’un des facteurs précipitants mais ce n’est pas la seule cause, ni même parfois la cause majeure. Le burn-out est un phénomène d’accumulation. Il arrive que certains patients ne comprennent pas qu’ils sont en burn-out parce qu’ils ne se sentent pas spécialement surchargés, alors qu’il existe toute une série d’autres facteurs comme: un manque de contrôle sur son travail, un manque de reconnaissance, des problèmes au sein de la communauté de travail, un manque d’équité ou un conflit entre les valeurs personnelles et les exigences d’un emploi. Le burn-out ne concerne donc pas uniquement les personnes qui sont surchargées”.

Quels sont les premiers signes d’un burn-out? Quand faut-il s’inquiéter?

“Ce qui pose problème au niveau du diagnostic, c’est que les signes liés au burn-out ne sont pas exclusifs de cette maladie. Ce sont des signes que l’on retrouve aussi dans la dépression, le stress et l’angoisse. Donc ce n’est qu’en faisant une analyse clinique approfondie et avec certains questionnaires que l’on peut en faire un diagnostic clair. Les signes sont toutefois nombreux, tant au niveau psychologique (irritabilité, démotivation, colère, pleurs, sautes d’humeur, craquages, pétages de plombs…) que d’un point de vue physique (fatigue, douleurs, allergies, hypertension…). Mais tout cela reste très individuel, chaque personne peut présenter des symptômes différents”.

Les femmes éprouvent parfois des difficultés à allier vie de famille et vie professionnelle. Sont-elles plus touchées par le burn-out?

“Les chiffres ne nous le disent pas. Il n’y a pas vraiment de “public cible” lié au genre ou à l’âge. Le burn-out peut même toucher des étudiants. Il n’y a donc pas vraiment de public épargné. Tout ce que l’on sait, c’est que cela touche surtout les gens qui sont très impliqués dans leur travail”.

Comment se fait-il que l’on se laisse aller jusqu’à ce point de rupture?

“En général, le burn-out va toucher des gens qui sont très investis dans leur travail, qui sont très engagés, et qui vont donc essayer de bien faire pendant très longtemps. Donc ce sont des gens qui vont en général être hyper adaptables et qui iront puiser très loin dans leurs ressources. C’est ce qui fait qu’en général, à un moment donné, ça explose, parce qu’ils essaient encore et encore, jusqu’au moment où il n’y a plus de jus”.

Et pourtant, peu de gens osent en parler autour d’eux…

“Le burn-out est souvent vécu comme un échec, donc il y a un sentiment de culpabilité, de honte qui l’accompagne. En outre, c’est une maladie qui ne se voit pas, au contraire d’une jambe cassée, par exemple, qui est visible. Donc ce n’est pas toujours bien perçu par l’entourage qui ne comprend pas comment une personne aussi dévouée peut se retrouver totalement désintéressée de son travail tout à coup. C’est parfois difficile à comprendre et à soutenir”.

Doit-on penser à une réorientation professionnelle quand on vit un burn-out?

“Tout est possible. On peut très bien reprendre le même boulot, mais on ne reprendra jamais de la même manière. Il y a toujours une adaptation, ou un changement dans la manière dont on met les limites, dont on va répartir le travail… On va également généralement essayer de faire en sorte que le manager participe, qu’il soit conscient, et qu’il puisse accueillir la reprise. Mais parfois, on est dans des structures où ce n’est pas possible, ou bien il y a eu des difficultés, comme du harcèlement ou encore des rythmes qui ne fonctionnent pas ou ne correspondent pas à la personne, et dans ce genre de cas, on va plutôt se réorienter. Mais un burn-out n’est pas forcément un signe que l’on n’est pas à sa place, c’est vraiment au cas par cas”.

Le burn-out est-il, selon vous, un phénomène lié à la société actuelle ou existe-t-il depuis toujours sans qu’on n’ait mis de mot dessus?

“Je pense qu’il y a pas mal de changements par rapport au contexte sociétal, avec la digitalisation qui impose des réactions immédiates, l’augmentation de la pression du temps et de la performance, le renforcement de l’individualisme, l’instabilité des contrats de travail, etc. Avant on travaillait pour gagner sa vie, maintenant on travaille non seulement pour gagner sa vie, mais aussi pour s’accomplir, acquérir un certain statut… Donc il y a quand même beaucoup plus de responsabilités et de pressions qu’auparavant”.

Fait-on suffisamment de prévention d’après vous?

“Les pouvoirs publics et le fédéral s’en préoccupent plus, mais je suis convaincue qu’on n’en fait jamais assez. Pour moi, la prévention devrait venir plus en amont: l’éducation et l’enseignement ont leur rôle à jouer!”.

Que faire en cas de burn-out?

Sortir d’un burn-out requiert généralement un arrêt de travail, beaucoup de repos, et un accompagnement psychologique. Il n’y a aucune honte à se rendre chez un spécialiste pour se faire aider. À l’inverse, ce dernier vous donnera les tuyaux nécessaires pour remonter la pente. De plus, plusieurs mutuelles belges interviennent pour vos consultations psychologiques.

À lire: “Je me reconstruis après un burn-out”, Carole Dequick, La Greca Nathalie aux éditions Jouvence.

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