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Témoignages: “Rompre enceinte, je me lance ou pas?”

Par Tatiana Czerepaniak

Mettre un terme à une relation amoureuse quand on est enceinte est loin d’être une épreuve facile à traverser. Pour certains, cela s’avère même impensable. C’est pourtant une situation à laquelle deux de nos lectrices ont été confrontées. Elles nous parlent en toute transparence de leur choix.

Dans l’inconscient collectif, attendre un enfant est la preuve ultime qu’un couple va pour le mieux. Une image idéalisée qui est, dans certains cas, à mille lieues de la réalité. Line* et Sophia* ont toutes deux 39 ans et ont dû faire face, pendant leurs grossesses, à une crise de couple si intense que la question de rompre s’est sérieusement posée. Elles nous racontent la manière dont elles l’ont vécu, et si elles ont finalement choisi (ou pas) de rompre alors qu’elles attendaient un “heureux événement”.

Porter la vie et voir son couple sombrer

Line est maman d’un garçon de 3 ans. En couple depuis deux ans quand elle a découvert sa grossesse, ce bébé fut une bonne surprise pour elle et une très mauvaise nouvelle pour le père de son fils.

“Tom* et moi vivions une très chouette histoire d’amour: on s’était rencontré au boulot et on avait de suite flashé l’un sur l’autre. Très vite, on a vécu ensemble: il est venu dormir chez moi un soir et n’est plus jamais reparti”. C’est en ces termes que Line nous plante le décor. Les mois passent et le couple se projette: partir en voyage, acheter une maison… Bref, les choses se passent alors plutôt bien entre Line et Tom, de trois ans son cadet. “On était très heureux… Puis un jour, j’ai eu un retard de règles. J’avoue que je n’étais pas très à cheval sur l’heure de la prise de pilule, et qu’il m’arrivait parfois de l’oublier. Mais je n’étais pas particulièrement inquiète, puisque je vivais ma contraception de cette manière depuis une bonne dizaine d’années”.

Ne voyant pas ses règles arriver, Line décide de faire un test de grossesse, davantage pour se rassurer que pour confirmer une potentielle grossesse. “J’étais persuadée que le test urinaire se révélerait négatif”.

Deux barres, le tsunami

Le test de grossesse affiche pourtant un résultat positif. Line, sous le choc de cette grossesse inattendue, se laisse quelques jours pour digérer l’information avant d’en informer son compagnon. “J’étais peut-être naïve, mais je n’avais pas envisagé l’éventualité d’être enceinte. Alors quand ce test s’est avéré positif, je me suis sentie assez bête et surtout, je ne m’étais pas vraiment posé la question de savoir si j’étais prête à devenir maman. Alors j’ai gardé cette grossesse secrète pendant près d’une semaine”.

Pendant ce laps de temps, la jeune femme entame une réelle introspection afin d’identifier ses propres attentes. “Petit à petit, ce bébé – certes pas prévu au programme – m’a semblé être une bonne surprise, un cadeau de la vie”. Elle en parle alors à son compagnon, qui n’accueille pas la nouvelle avec le même enthousiasme: “Clairement, il ne s’est pas réjoui de cette grossesse. Il m’a dit d’emblée ne pas être prêt à devenir papa”. Line ne se décourage pas et laisse le temps à Tom de réfléchir: “Je voulais qu’on fasse ce choix à deux”.

Une première échographie émouvante

Line prend contact chez son gynécologue pour une échographie. Un rendez-vous qui aura l’effet d’un déclic pour le futur papa: “Tom était très indécis. Il ne savait pas s’il souhaitait que nous gardions cet enfant. Mais la première échographie a vraiment changé la donne. Il a été très ému en voyant notre bébé. En sortant, il m’a dit: ‘Ok, on va avoir un bébé alors.’ J’ai pris ça pour un oui”. Pendant plusieurs semaines, le couple semble vivre une véritable idylle… Mais très vite, Tom se montre à nouveau réticent. Il prend peu à peu de la distance, jusqu’à devenir agressif verbalement: “Il a commencé à me porter responsable de cette grossesse surprise et me faire culpabiliser de l’avoir ‘obligé’ à garder ce bébé, alors que nous avions pris cette décision ensemble”.

Accusation et culpabilité

Plus le ventre de Line s’arrondit, plus les tensions se multiplient au sein du couple. “Il m’en voulait d’être tombée enceinte. De mon côté, je vivais une vraie descente aux enfers: je ressentais le besoin de faire le calme autour de moi pour me préparer à l’arrivée de ce bébé, et Tom ne cessait d’attirer l’attention sur son mal-être. Je n’en pouvais plus…” Un jour, une de ses amies lui pose une question bouleversante: comment réagirait-elle face à ce comportement si elle n’était pas enceinte? “Je lui ai tout de suite dit que je le quitterais”.

Je lui ai demandé de partir, pour ma santé mentale

Une conversation qui hantera Line un long moment, sans pour autant qu’elle ne s’autorise à songer vraiment à la rupture: “Quitter le père de mon futur enfant me semblait impossible”, explique la trentenaire.

Pas de lien avec son fils

Alors enceinte de 7 mois, Line prend une décision difficile mais nécessaire: elle choisit de rompre avec son compagnon. “La situation devenait invivable: on ne se parlait quasi plus et les seuls moments où Tom m’adressait la parole, notre conversation finissait en reproches. Je n’en pouvais plus psychologiquement. Un jour, je lui ai demandé de quitter mon appartement. C’était lui ou ma santé mentale… J’ai choisi ma santé mentale”. En à peine 48 heures, l’ex-compagnon de Line emporte toutes ses affaires et disparaît. En trois ans, il n’a pris de nouvelles de son fils que deux fois.

“Je ne vous cache pas que ça a été la décision la plus difficile de toute ma vie, mais je pense qu’il n’y a rien à regretter. Ce bébé est arrivé et il n’en voulait pas. Porter son mal-être était trop lourd pour moi alors que je m’apprêtais à être responsable d’un tout petit être. C’est clairement difficile d’être maman solo, mais je crois que cela aurait été pire de vivre une parentalité avec un homme qui ne veut pas être père”.

Sophia a dû affronter l’infidélité de son mari

Sophia était enceinte de son 3e enfant quand son mari lui a avoué ses infidélités à répétition. Une réalité qui est venue remettre en question son mariage.

“Je crois que je me souviendrai toute ma vie du jour où le père de mes enfants m’a annoncé sa double vie. J’étais enceinte de quatre mois environ. Il m’a demandé de m’asseoir et il m’a dit: ‘Je n’en peux plus de mentir. Je te trompe depuis plusieurs mois… plusieurs années en fait'”. Une révélation qui poussera le couple dans une terrible crise. “On avait tout pour être heureux: un chouette appart, des enfants en bonne santé, une bonne situation professionnelle… Je n’ai pas compris pourquoi il avait ce besoin apparemment récurrent d’aller voir ailleurs”.

Très rapidement, Sophia se demande si elle doit quitter son mari: “Tout le monde me disait de le quitter, qu’il recommencerait et me rendrait encore plus malheureuse. De son côté, il ne pouvait pas me promettre qu’il ne recommencerait pas et me laissait dans le flou total… Franchement, si je n’avais pas été enceinte, j’aurais de suite rompu avec lui. Mais ma grossesse rendait cette idée inconcevable. Mon cerveau ne voulait pas accepter la vérité: quand on fait un bébé, c’est que tout va bien, non? Mais apparemment j’avais tout faux… En imaginant rompre, je me suis posé une tonne de questions: comment allais-je faire pour élever mes enfants seule? Allais-je accoucher sans lui? Quel genre de famille allais-je offrir à mon bébé?… Franchement, je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu pendant ma grossesse”.

Une décision trop difficile à prendre

Les tensions sont palpables pendant les semaines qui suivent, et le mari de Sophia reste indécis quant à l’avenir de leur couple: “Il n’était ni présent ni absent, et avec le recul je crois qu’il n’osait simplement pas prendre de décision à cause de cette grossesse. Un jour, il m’a même dit qu’à ma place, il serait parti depuis longtemps… De mon côté, j’avais tellement peur de perdre cette vie que nous avions construite, d’en vivre une que je n’avais pas désiré et surtout, de me retrouver seule”.

Je suis tombée sur des messages explicites entre lui et une collègue

Sophia vivra toute sa grossesse sous tension, sans jamais oser mettre un terme à leur histoire: “Pour moi, il était impensable de quitter celui avec qui j’allais avoir un enfant. C’était trop pour moi, contre nature même. Alors je me suis battue comme une lionne pour que notre couple perdure”. Leur petit garçon naît, et le couple se donne une seconde chance. Quelques semaines après l’accouchement, le mari de Sophia a même une sorte de sursaut: “Il m’a promis que plus jamais il ne serait infidèle”… Une promesse que le jeune papa ne tient pas: alors que leur fils va avoir 18 mois, Sophia découvre de nouvelles preuves d’infidélité. “Je suis tombée sur des messages plutôt explicites entre lui et une de ses collègues”. Une tromperie de trop pour la jeune maman, qui décide de mettre un terme à cette relation malsaine.

Une blessure profonde

Sophia nous le confirme: rompre enceinte lui semblait être trop difficile à traverser. “Je sais que j’aurais dû le faire… Mais je me sentais totalement incapable de prendre cette décision alors que j’allais donner naissance les semaines suivantes. C’était un choix impossible à assumer dans mon état”. Aujourd’hui, Sophia est séparée du père de ses trois enfants et s’est remise en couple. Si elle est désormais heureuse, son ancienne histoire d’amour lui a laissé une blessure profonde: “Ce que j’ai vécu lors de ma dernière grossesse a été trop traumatisant pour que j’accepte de vivre une nouvelle grossesse”.

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